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Corsica Libera : retour vers le futur

Retrouver une place centrale au sein de la vie politique de notre pays

Corsica Libera: retour vers le futur


« Désormais, sans esprit de rancœur ou de revanche, le courant de l’indépendance nationale a le devoir de retrouver une place centrale au sein de la vie politique de notre pays. »

Le congrès de Corsica Libera a eu lieu le 20 novembre dernier à Corti. Dans l’amphithéâtre Ribellu de l’Università di Corsica, près de 400 militants étaient présents. A l’ordre du jour : une vingtaine de textes. Deux d’entre eux « Strutturazione » et « Orientazione generale » ont particulièrement retenu l’attention et leur adoption a permis au parti indépendantiste de montrer sa résilience organisationnelle et stratégique après le doute et la navigation à vue ayant suivi le grave revers subi lors des élections de l’Assemblée de Corse de juin 2021. Concernant la « strutturazione », Corsica Libera s’est doté d’une nouvelle organisation opérationnelle.
Deux porte-parole porteront le message : Petr'Antò Tomasi qui assurera la communications globale du parti ; la conseillère de Corse Josepha Giacometti-Piredda qui sera chargée de la communication concernant les prises de position et les propositions relevant de l’action institutionnelle. La Ghjunta composée de douze membres et faisant place à plusieurs jeunes issus notamment de Ghjuventu Libera et de syndicats étudiants, aura pour mission de diriger au quotidien le parti, de veiller à la bonne application des orientations stratégique et de planifier l’action de terrain à l’échelle de la Corse. Le Cunsigliu « représentatif de la diversité de notre démarche politique, des régions de l'île, des parcours de chacun, des compétences » sera un organe destiné au débat et à être force de proposition. Les sections seront chargées de relayer le message et les décisions ainsi que d’assurer la présence et l’action militantes sur le terrain.
Concernant les « Orientazione generale » votées à l’unanimité, il ressort plusieurs grands enjeux : mettre en adéquation le message historique de près d’un demi-siècle de lutte nationaliste et une capacité de se réinventer et se moderniser afin de répondre aux attentes et besoins d'une société corse étant confrontée à des défis évolutifs ; susciter du lien et de la synergie entre des élus et des militants chevronnés (dont de nombreux anciens prisonniers politiques) et de nouveaux militants ayant fait leurs premières armes dans les organisations de jeunesse et durant les récentes mobilisations ; crédibiliser par la pédagogie et l’action que les revendications de reconnaissance des droits historiques du Peuple corse et de pleine souveraineté pour la Corse sont réalistes et que leur satisfaction est souhaitable pour le mieux-être des Corses, en particulier pour ce qui concerne la prise en compte de leurs besoins vitaux «en ces temps où beaucoup de gens se demandent comment remplir leur assiette ou faire le plein de leur voiture.»

Constat, continuité, volonté et perspective

Outre de grands enjeux, le texte « Orientazione generale » est aussi riche d’un constat, d’une continuité, d’une volonté et d’une perspective. Le constat met en exergue la «situation fort préoccupante » du Peuple corse car : « il n'y a pas de processus historique, il n'y a pas de négociation en cours » ; la spéculation affecte le foncier, le bâti et la construction ; l’installation massive de non-corses accélère la disparition du peuple, de la langue et de la culture corses. Le constat relève aussi un rêve brisé en déplorant que la prise de pouvoir par des forces se réclamant du nationalisme ait eu pour résultat « un affaiblissement de nos forces au profit d‘un courant réformiste facilement happé par des enjeux subalternes de petits pouvoirs au sein du système institutionnel français. » Après ce constat négatif, il est énoncé que Corsica Libera est en capacité de proposer une alternative positive associant une continuité, une volonté et une perspective. La continuité est de s’inscrire dans l’esprit et le prolongement de la LLN : « La Lutte de Libération Nationale Corse s‘est articulée dès son origine autour d‘un axe majeur à savoir la coordination et l’équilibre entre les trois éléments de lutte que sont la lutte armée, la lutte institutionnelle et la lutte de masse » et dans
« une solidarité totale avec les militants du Front de libération nationale de la Corse. »
La volonté consiste à ne pas dévier de l’objectif du parti, à savoir « l'accession à la pleine souveraineté » en respectant les fondamentaux du nationalisme, en suscitant « un regroupement plus large des forces qui se situent dans une démarche d'essence nationale », en contribuant à imposer un « cycle politique »
devant conduire à la réappropriation par le Peuple corse de ses droits historiques et nationaux ainsi qu’à l’instauration d’une « paix réelle ». Quant à la perspective, elle est à plusieurs facettes. Selon Corsica Libera :il faut aborder le processus Darmanin de façon politique et non selon une vision technique qui conduirait à une « pseudo-autonomie croupion » ; il est impératif de « ne reconnaître aucune légitimité aux autorités et institutions françaises qui, aujourd‘hui, dirigent de facto le devenir de la Corse » ; il convient de « refuser de voir l‘Assemblée de Corse devenir une Assemblée croupion soumise aux desiderata d‘un préfet » ; il importe que soient pris en compte la question des prisonniers et anciens prisonniers politiques ; enfin, il doit être apporté des réponses claires à des problématiques très concrètes telles que permettre aux Corses de pouvoir acheter ou conserver un bien immobilier ou tout simplement se loger ; accès des Corses à l’emploi …

Elle, c’est Elle, Moi, c’est Moi

Au vu des « « Orientazione generale », il apparaît évident que, dans le cadre du « cycle politique » dont les protagonistes sont la Corse et l’Etat, Corsica Libera entend peser et escompte le faire en incluant dans les discussions les 10 points vers la souveraineté qu’il a présentés, l’été dernier, à l’occasion des 40èmes
Ghjurnate Internaziunale : libération des prisonniers politiques et arrêt des poursuites ; reconnaissance des droits du peuple corse ; dévolution d’un pouvoir législatif ; coofficialité de la langue ; citoyenneté corse ; statut fiscal et social ; justice sociale ; urgence écologique ; droit à la santé ; abolition des « lignes rouges » par l’abrogation du protocole du 17 mars signé par Gérald Darmanin et Gilles Simeoni. C’est évident également Corsica Libera entend définitivement tourner la page des années Per a Corsica et opérer un retour vers le futur en proposant sa propre perspective politique ; ce qu’il formule ainsi : « Désormais, sans esprit de rancœur ou de revanche, le courant de l’indépendance nationale a le devoir de retrouver une place centrale au sein de la vie politique de notre pays ».» C’est clair enfin, ou plutôt confirmé, entre a majorité siméoniste et Corsica Libera, l’heure est au : Elle, c’est Elle, Moi, c’est Moi.


Pierre Corsi
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