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Partitu di a Nazione Corsa : 20 ans et des projets

Le PNC entend manifestement incarner une alternative susceptible de fédérer et proposer

Partitu di a Nazione Corsa : 20 ans et des projets


Le PNC entend manifestement, alors que la majorité siméoniste piétine aussi bien face à Paris que dans la gestion des grands dossiers, incarner une alternative susceptible de fédérer et proposer.


Plusieurs centaines de militants ont assisté à l’assemblée générale statutaire tenue à Corti, au cours de laquelle ont été célébrés les 20 ans du PNC (Partitu di a Nazione Corsa). Ce rendez-vous anniversaire, convivial et festif, il s’est terminé par une grande soirée culturelle, a aussi représenté un important événement politique. En premier lieu parce que Jean-Christophe Angelini n’a pas demandé le renouvellement de son mandat de secrétaire national et que Léon Giacomoni, président du Conseil national (l’organe délibérant du parti), a fait de même. Pascal Zagnoli, 23 ans, qui était jusqu’à ces derniers jours le porte-parole du parti, et Saveriu Luciani, militant et cadre depuis toujours, occupent désormais ces postes. Jean-Christophe Angelini qui a été un des fondateurs du PNC puis en a toujours assuré le leadership, a indiqué que l’heure était venue que « des militants, dans un mélange d'expérience, d'historicité, de renouvellement et de rajeunissement, s'emparent des responsabilités » et expliqué le choix qui avait été fait d’associer un néophyte et un militant chevronné par une volonté d’équilibre « entre une jeunesse qui s'investit toujours plus et des militants historiques qui ont l’expérience du terrain. »


Bilan positif

Quelques jours avant de tirer sa révérence, lors d’une conférence de presse tenue à Furiani sur les lieux-même où tout avait commencé en décembre 2002, Jean-Christophe Angelini avait dressé un bilan positif des vingt ans d’existence du PNC en soulignant la cohérence stratégique de son parti et que ce dernier avait permis au nationalisme d’atteindre une capacité d’accéder aux responsabilités : « Nous, nous n'avons jamais changé d'avis ni de stratégie : celle d'un nationalisme inscrit dans la voie exclusivement publique et démocratique, d'un nationalisme capable de s'ouvrir à d'autres forces sans se renier, d'une volonté d'accession aux responsabilités » Ce satisfecit, il l’a à nouveau affiché à la tribune de l’assemblée générale : « Je pense que le bilan, incontestablement, est à l'actif de tous. Il est, me semble-t-il, positif non pas pour le PNC mais pour la Corse. Après, toute action humaine et notamment dans le domaine politique est perfectible. Mais on aurait aussi pu faire autrement, voire pire. Et je veux croire que ces 20 années ont été collectivement des années riches qui ont permis - sans porter de jugement de valeur - au mouvement national d'évoluer. »


Vecteur d’une nouvelle union

En célébrant les 20 ans de leur parti, l’ancien et le nouveau secrétaire national n’ont cependant voulu ni s’en tenir à évoquer le passé, ni ressasser de la rancœur. En effet, tout en n’épargnant pas le camp siméoniste, ils ont fixé une feuille de route : être le vecteur d’une nouvelle union nationaliste. « Au moins autant que l'aveuglement de l'État et des stratégies mortifères mises en œuvre par certains, nous payons comptant la désunion de 2021 et le pari insensé qui a été réalisé à cette époque […] Nous avons une feuille de route claire : reconstruire la confiance entre les nationalistes, reparler aux déçus de la majorité actuelle et de notre division politique aux dernières territoriales. Le temps où nous dialoguerons de nouveau devra revenir. On nous dit que nous sommes trop braves. Mais je pense qu'il vaut mieux être trahi qu'aveuglé par la haine. Il vaut mieux réussir ensemble que tout seul » a affirmé Jean-Christophe Angelini. « On pense que tout ne fonctionne pas mieux depuis à la Collectivité de Corse » a constaté Pascal Zagnoli en évoquant la rupture et le parcours solitaire voulus par Gilles Simeoni et ses partisans, avant d’ajouter : « Mais il faut se focaliser sur l'avenir, faire table rase du passé et espérer penser à la suite tous ensemble. »


Rapport de force et projet de société

Jean-Christophe Angelini et Pascal Zagnoli ont cependant insisté sur un point : la nouvelle union devra être davantage qu’un cartel électoral ayant pour objectif d’obtenir une évolution institutionnelle. Il faudra qu’elle soit porteuse d’un projet et d’un rapport de force. Jean-Christophe Angelini a précisé les contours de cette ambition : « Le volet institutionnel ne suffit pas à tout régler. Il faut aussi amener un projet de société, une vision de ce pays à 20 ou 30 ans. Plutôt qu'elle nous soit imposée par qui que ce soit, nous préférerions, au PNC, qu'elle soit proposée et mise en œuvre par la Corse. » Pascal Zagnoli a pour sa part évoqué la marche à suivre en évoquant la motion d'orientation générale adoptée en janvier qui préconise de créer les conditions d’un « vrai rapport de force politique, technique, méthodique vis-à-vis de Paris pour aboutir à un processus d'autodétermination » à partir de cinq idées-forces : réaffirmer le sens du combat en développant une stratégie porteuse de revendications d’évolution institutionnelle, de reconnaissance du peuple corse et de souveraineté ; prise en compte des enjeux de société en élaborant des réponses concrètes aux grandes problématiques (démographie, spéculation immobilière, accession au logement, réchauffement climatique, précarité, coût de la vie, formation professionnelle, multiplications des addictions…) ; initier une convergence nationale, ouverte à l’ensemble de la société corse, pour élaborer un projet d'avenir et peser à Paris ; accentuer la présence internationale pour promouvoir le droit du peuple corse à l'autodétermination ; réactiver et enraciner la démarche militante sur le territoire corse et au sein de la Diaspora. Tout comme Corsica et Core in Fronte, le PNC entend manifestement, alors que la majorité siméoniste piétine aussi bien face à Paris que dans la gestion des grands dossiers, incarner une alternative susceptible de fédérer et proposer.


Pierre Corsi
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