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Moderniser l'offre Medico-Sociale

La Corse est sous-dotée en équipements de services pour les personnes agées.
MODERNISER L’OFFRE MEDICO-SOCIALE


Pour les vœux de fin d’année, on trinque souvent à la santé, qui nous est si chère, dans tous les sens du qualificatif, surtout plus le temps passe et l’autonomie s’étiole, La Corse est sous-dotée en équipements de services pour les personnes âgées. Un plan de rattrapage est prévu. Avec le vieillissement de la population, la prise en charge de la dépendance devient un enjeu majeur.


Retard à rattraper

Selon l'Insee, d’ici 2030, près de 128 000 personnes auront plus de 60 ans en Corse. L’île est donc particulièrement touchée par le vieillissement de la population. Pourtant la Corse est sous-dotée en équipements et services pour les personnes âgées et les structures actuelles sont vétustes, ce qui a des conséquences tant sur la qualité de la prise en charge des usagers que sur les conditions d’exercice des salariés. L’offre médico-sociale est la troisième des cinq orientations du schéma directeur de l'autonomie (2022-2026). Les attentes des résidents, des familles, des salariés sont fortes. La Collectivité de Corse (CdC) a voté à l’unanimité un fonds de 15 millions d’euros pour moderniser les structures. Les structures éligibles, publiques ou associatives, représentent quelque soixante établissements et vingt petites unités de vie - dont 28 Ehpad et 18 Saad (service d'aide et d'accompagnement à domicile). La transformation s'articulera autour de trois volets, la réhabilitation architecturale et du bâti des établissements avec possibilité d'éligibilité de frais d'ingénierie afin d'accompagner les gestionnaires d'établissement, le numérique, les équipements permettant d'améliorer la prise en charge des patients, tout en optimisant conjointement les conditions de travail des salariés.


Branche autonomie

Le nombre de places dans les Ehpad est aussi inégal dans les territoires. D’après l'UFC Que-Choisir, le nombre de places rapporté à la population de personnes âgées de plus de 75 ans peut varier du simple au quadruple selon les départements. La moyenne nationale est de 102 places en Ehpad pour 1 000 personnes âgées de plus de 75 ans, la Corse se distingue par des chiffres notablement bas. Seulement 44 places en Corse-du-Sud et 51 en Haute-Corse, pour 1 000 personnes de plus de 75 ans. Pourtant, les Ehpad ne sont pas saturés en Corse. Le taux d'occupation dans ces établissements est de 90 % en moyenne, d’après la CdC et l'Agence régionale de Santé (ARS).
Sur l’île, le choix du maintien à domicile est plébiscité, avec l’utilisation de l’APA (allocation personnalisée pour l'autonomie des personnes âgées), l'hospitalisation à domicile (HAD) ou plus généralement les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), des prestations prises en charge par l'Assurance Maladie, sur prescription médicale. Car c’est bien la question de la dépendance qui est le maillon faible, seulement 19 % des établissements insulaires sont en mesure d’accueillir des personnes dépendantes. L’île manque cruellement d’unités de vie sécurisée. Le gouvernement entend rectifier cette situation via son plan de rattrapage pour les Outre-mer et la Corse. Le Conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) a d’ailleurs voté un budget 2023 qui marque la montée en puissance de la branche Autonomie. Ce budget national s’établit à 38,6 milliards d’euros, et comprend une part importante en faveur de la modernisation des établissements et services et du « virage domiciliaire ».


Enjeux sociopolitiques

À l'horizon 2030, la Corse compterait 21 000 personnes dépendantes âgées de 60 ans ou plus, soit 6 000 de plus qu'en 2015. Dans la région, le maintien à domicile des seniors dépendants est particulièrement important : il concerne neuf personnes sur dix contre huit sur dix en France métropolitaine. L’offre en aidants professionnels, en particulier infirmiers, est plus développée dans la région.
En 2030, si la répartition entre domicile et établissements reste stable, 18 600 seniors dépendants résideraient dans leur logement, soit 40 % de plus qu’actuellement. Se posera alors la question de la présence et du soutien des aidants familiaux dans un contexte d’évolution des modes de vie. Car le maintien à domicile est surtout possible grâce au soutien des proches, avant même l’offre professionnelle et les évolutions techno-logiques. L’humain reste central.


Maria Mariana
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