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La santé, les retraites et tout le reste

La Corse est une île dotée d'une population vieillissante et agée

La santé, les retraites et tout le reste


La Corse est une île dotée d’une population vieillissante et âgée où les retraites moyennes confinent à la pauvreté.
Elle va donc être directement impactée par la réforme des retraites dont le sort est incertain à l’heure où cet article est écrit bien que l’alliance du mouvement macronien et de la droite laisse prévoir un vote positif. 50.000 babyboomers corses vont bientôt quitter le marché du travail pour toucher une pension. C'est dire si la question est chez nous essentielle d'autant que nous voilà sacrée région d'Europe championne de la durée de vie. Le vieillissement constant de la Corse pose un autre problème : celui de la gestion d’une population dont l’état se dégrade d’année en année alors même que le monde hospitalier peine à recruter du personnel. Voilà un autre problème auquel il va bien falloir apporter une solution.

L’émergence d’un nouvel hôpital qui manque de moyens humains


Le nouvel hôpital d’Ajaccio a fini par voir le jour avec cinq années de retard et quelques millions de surcoûts. Mais ça y est : le grand déménagement a commencé et l’emplacement de l’ancien, acquis par la ville et la CAPA devrait être transformé en une sorte de ville modèle après une étude qui devrait durer cinq années. Autant dire que les septuagénaires comme moi ont des chances de n’en voir que les prémisses si on en juge d’après le temps moyen de réalisation en Corse. Mais les difficultés à venir du nouvel hôpital ne résident pas tant dans une infrastructure moderne que dans le personnel humain nécessaire au bon fonctionnement de l’établissement. Il faut se rappeler qu’au début de l’épidémie, tous les soirs à vingt heures, nous applaudissions les personnels qui, ne comptant pas les heures et les efforts, prenaient en charge les millions de malades. En quelques années, cette admiration a été remplacée par une sorte d’indifférence. Ce manque de considération des patients, mais surtout des autorités a provoqué une accélération des abandons. La situation corse est à cet égard paradoxale. D’un côté, les hôpitaux insulaires manquent de personnels de façon dramatique. C’est d’ailleurs une situation générale dans toute la France où le système hospitalier s’effondre. il meurt de plus en plus de patients sur les brancards faute de pouvoir leur administrer les soins avec la rapidité nécessaire. Mais en Corse, nous avons trop d’infirmières libérales, le plus souvent issues du public.

Une situation désastreuse dans le privé


Si on en croit les chiffres de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) qui esquisse un portrait sanitaire et social de chaque région française, en regroupant les résultats des indicateurs courants disponibles, la douceur climatique semble avoir un lien avec ces états pléthoriques. C’est en Île-de-France où la densité d’infirmières libérales pour 100 000 habitants est la plus faible (71,4). autres régions peu dotées : Mayotte (76), Pays-de-Loire (82,1) et le Centre (87,9). En revanche, les infirmiers (libéraux ou mixtes) ne manquent pas en Corse (385,4) en Guadeloupe (347), en Martinique (311,5), en Languedoc-Roussillon (385,7) et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (275,8). En Corse, les infirmier(e) s libérales ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. L’un d’entre eux, questionné par Corse-Matin explique que 80 % du chiffre d’affaires d’un infirmier libéral est réalisé auprès des plus de 75 ans. Il s’agit de soins postopératoires ou de toilettes. Or ceux représentent à peine 13 % de la population de Corse et seulement la moitié d’entre eux ont besoin de soins. La conclusion est que certain(e) s infirmier(e) s gagnent moins de 800 euros par mois.

Des solutions nationales

En Corse, les autorités interdisent désormais toute nouvelle installation dans le privé si elle ne vient pas remplacer un départ. Mais dans le public, le désastre grandit d’année en année. Et le manque de recrutement accélère l’effondrement hospitalier de manière exponentielle. Nous avons déjà aujourd’hui dans notre île, une santé à plusieurs vitesses. Combien de praticiens usent et abusent souvent de tarifs non conventionnés ? Il va de soi que celles et ceux qui ont la chance de posséder un niveau de rémunération suffisant parviennent à se faire soigner correctement. Mais combien de nos compatriotes renvoient à plus tard des soins qui leur seraient pourtant indispensables ? Le remède au mal hospitalier est évidemment financier : de meilleures conditions de travail jouxtées à de meilleurs salaires. La réalité est exactement contraire à une telle évidence qui ne saute pas aux yeux de la majorité de nos élus tout simplement parce qu’ils vivent hors sol. Il n’est même pas certain que cela se traduise par une crise sociale, mais peut-être simplement par la disparition du système de santé tel que nous l’avait légué le Conseil national de la Résistance. Et malheur aux vaincus sociaux c’est-à-dire les plus pauvres, les misérables.

GXC
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