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Mourir d' être une femme

Le féminicide est par défionition le meutre d'une ou de plusieurs femmes ou filles en raison de leur condition féminine.

Mourir d’être une femme


Le féminicide est par définition le meurtre d’une ou de plusieurs femmes ou filles en raison de leur condition féminine. L’uxoricide (du latin uxor qui signifie « épouse » et -cide, de caedere qui signifie « couper, tuer ») est le meurtre de son épouse, de sa compagne, de sa partenaire amoureuse. Au-delà de la querelle des mots, les chiffres restent sans appel : chaque année, plus de 200 000 femmes subissent des violences conjugales en France. Et certaines meurent sous les coups de leurs conjoints. Comme Julie Douib, tuée par son ex-compagnon, rejugé à Ajaccio.



Un procès emblématique


Le 3 mars 2019, Julie Douib a été tuée par balle par son ex-compagnon, le père de leurs deux enfants. Dans son verdict du 16 juin 2021, la cour d'assises de Bastia avait condamné Bruno Garcia-Cruciani, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans, privation de l'autorité parentale. Il a fait appel. Trentième féminicide sur les 146 dénombrés en 2019, ce meurtre avait suscité une vive émotion en Corse et hors de l'île. Marlène Schiappa, alors secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, avait estimé que Julie Douib, qui avait déposé plainte à sept reprises, n’avait pas été assez protégée. À la demande des associations et proches de victimes de féminicides, un « Grenelle » contre les violences conjugales a été organisé le 3 septembre 2019 ; il a débouché sur 46 mesures, dont le déploiement de bracelets anti-rapprochement. En 2020, 102 féminicides ont été recensés par le ministère de l'Intérieur, contre 122 en 2021.
Selon le collectif Féminicides par compagnons ou ex, ils ont été 110 en 2022 dont deux en Corse (Alessandra Frati à Bastia et Kimberly à Ajaccio). Lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, l’ONU Femmes et l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (ONUDC) avaient publié le nouveau rapport sur les féminicides : en 2021, plus de cinq femmes étaient tuées chaque heure par un membre de sa propre famille. Plus de 120 par jour. Le rapport rappelle que la violence contre les femmes et les filles est l’une des violations des droits de l’homme les plus répandues dans le monde. La violence à l’égard des femmes et des filles constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux. Les conséquences touchent en premier lieu les femmes et filles (santé physique, sexuelle, mentale), à plus ou moins terme. Les effets sont négatifs aussi pour les familles, le pays, car les coûts sociaux directs et indirects pèsent sur les budgets nationaux, et plus globalement, sur le développement.


Aide financière d’urgence


Parmi les victimes des féminicides, plusieurs ont désespérément cherché à quitter le foyer. Mais elles n’ont eu aucune proposition d’hébergement. Pour mettre en place une aide financière universelle d’urgence à destination des victimes de violences conjugales et permettre aux femmes de quitter le domicile, une loi a été proposée. L’Assemblée nationale examine cette loi depuis le 16 janvier ; le Sénat l’avait déjà adoptée à l’unanimité, le 20 octobre 2022. Cette aide universelle d’urgence sera octroyée par les Caisses d’allocations familiales (CAF), 48 h après le dépôt d’une plainte à la police. Elle devrait durer d’un à trois mois pour un montant mensuel équivalent à un RSA. Ce prêt n’a pas de condition de ressources, et peut toucher tout public. Pour en bénéficier, il faudra remplir certaines conditions. En cas d’acceptation de la demande, la bénéficiaire pourra rembourser sa dette en une ou plusieurs échéances. Elle a même la possibilité d’obtenir, en cas de précarité, des réductions ou un effacement du passif. Mais la CAF pourra toujours se porter partie civile pour aller rechercher le remboursement du prêt auprès de l’auteur des violences.


Violence à l’égard des femmes


Les féminicides ont augmenté de 20 % entre 2021 et 2020, en France. Parmi ces victimes, près d’une femme sur trois (32 %) avait déjà subi des violences conjugales. 64 % l’avaient signalé aux forces de l’ordre. Parmi celles-ci, 84 % avaient déposé une plainte. Le gouvernement français s’est engagé à améliorer le traitement judiciaire des violences conjugales. En septembre, la Première ministre Elisabeth Borne avait annoncé la création d’une mission parlementaire chargée de faire des propositions d’améliorations. Les résultats de ces travaux devraient être disponibles en février 2023.


Maria Mariana
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