On nous cache tout , on nous dit trop
On parle de surcharge informationnelle
On nous cache tout, on nous dit trop
Depuis l’avènement de l’Internet et l’usage exponentiel des réseaux sociaux, l’homme fait face à une surabondance d’informations qu’il doit traiter au quotidien. On parle de surcharge informationnelle, un phénomène qui est parfois aussi préjudiciable que la propagation de la désinformation à travers de multiples canaux. Il y a péril en la fabrique de l’opinion.
Infobésité
La surinformation est le fait d’être confronté à un volume de données élevé à tel point que cela devient contre-productif. Au travail, la surcharge informationnelle se traduit par l’affluence des mails, les messageries instantanées, les réunions, etc. Dans la vie privée, la surabondance d’informations s’effectue par les publicités, la télévision, Internet, la presse, les lettres, les brochures… On parle d’infobésité.
La surcharge informationnelle trouve son origine dans l’emploi excessif du Web et des NTIC, avec le corolaire qui est le temps réduit pour traiter ces informations. La masse élevée d’informations embrouille l’individu, qui n’est plus en mesure de faire une distinction entre les bonnes informations et celles qui sont inutiles. Car cela n’est pas parce qu’il y a des informations en quantité qu’elles sont de qualité. Cette surabondance cause beaucoup de troubles. Selon une enquête, un Français sur deux souffre de fatigue informationnelle. En clair, il se sent débordé, épuisé ou oppressé, par un flux constant d'information dans lequel il n'arrive plus à faire le tri et qu'il n'arrive plus à transformer en connaissances.
Surexposition
Aujourd’hui, pour s’informer, les Français utilisent en moyenne 8,3 canaux différents et 3,2 quotidiennement. Trois canaux dominent : le journal télévisé de 13 heures ou 20 heures (89 % s’informent en général par son intermédiaire), les réseaux sociaux (83 %) et la radio (82 %). Auxquels il convient d’ajouter les usages non négligeables de formats parmi les plus récents que sont les podcasts, médias indépendants ou alternatifs. 35 % des Français admettent devoir faire des efforts pour s’informer correctement. Une difficulté davantage éprouvée par les plus jeunes (48 %) et ceux qui tiennent à s’informer régulièrement (49 %). En outre, 53 % des Français disent souffrir de fatigue informationnelle, dont 38 % en souffrent « beaucoup ». Au risque de tout couper pour se préserver alors que face au décuplement des informations brutes, les psychologues recommandent, pour nous apaiser, une meilleure compréhension du monde.
Info ou intox ?
Des études établissent que les Européens sont confrontés à la désinformation plus de 29 milliards de fois par an, 75 % d’entre eux y sont confrontés au moins une fois par semaine et 37 % le sont quotidiennement. La désinformation est un ensemble de techniques de communication visant à tromper des personnes ou l'opinion publique pour protéger des intérêts (privés ou non) ou influencer l'opinion publique. L'information fausse ou faussée est à la fois « délibérément promue et accidentellement partagée ». Une enquête de la cellule investigation de Radio France, coordonnée par Forbidden Stories, révèle qu’une agence de désinformation israélienne est à l’origine d'informations biaisées ayant été diffusées sur BFMTV. Cette enquête lève le voile sur les coulisses de l’industrie de la désinformation, aujourd’hui en plein essor. Selon un rapport du Oxford Internet Institute, en 2020, au moins 81 pays ont eu recours à des campagnes de manipulation organisées sur les réseaux sociaux, utilisant des avatars, les bots, les faux comptes… C’est d’autant plus facile qu’aucune réglementation ne la régule vraiment.
Protéger l’information
Pourtant, la France est largement dotée de mesures législatives, réglementaires ou préconisées dans la lutte contre les manipulations de l’information : loi contre la manipulation de l’information, création du service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (VIGINUM), rapport « Les lumières à l’ère numérique »… Mais il ne faut pas oublier que le contrôle de la liberté de l’expression est effectué a posteriori. L’Europe aussi s’engage contre la désinformation. Un enjeu vital, car la désinformation coûte à l’économie mondiale environ 78 milliards de dollars chaque année et, dans les pires des cas, elle menace la démocratie. Car de nombreuses études relient fatigue informationnelle et fatigue démocratique. Le curseur entre protection de la liberté d’expression et protection de la démocratie est très difficile à placer.
Maria Mariana