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Francesca Serra conquiert " Le Monde "

Prix littéraire du journal Le Monde / Francesca Serra
Francesca Serra conquiert « Le Monde »

Écrit par Francesca Serra, "Elle a menti pour les ailes" a reçu le Prix littéraire du journal Le Monde. Un fait sans précédent pour un prix jusque-là jamais décerné à un premier roman.

« Il n'y a aucune chance que j'aie le Prix du Monde. Honnêtement, vu les grands écrivains qu'il y a dans la sélection, c'est impossible. » Cette confidence, Francesca Serra nous l’a faite le vendredi 4 septembre lors d'une conversation téléphonique. Trois jours plus tard, son premier roman "Elle a menti pour les ailes" (éditions Anne Carrière) recevait ce fameux Prix littéraire du journal Le Monde. « J'étais dans la rue quand je l'ai appris, rembobine la romancière corse de 37 ans installée à Paris. Je me suis assise sur un scooter garé là, le temps d'absorber la nouvelle. J'ai pensé : "si son propriétaire arrive, je vais me faire engueuler". Et puis après j'ai pensé, "c'est pas grave... J'ai gagné le Prix du Monde !". »

Jamais un premier roman n'avait été couronné dans l'histoire de cette prestigieuse récompense créée en 2013. Francesca Serra rejoint au palmarès un autre écrivain insulaire, Jérôme Ferrari, lauréat en 2018 pour "À son image" (éditions Actes Sud).


« Génération Z »
Au fil des pages d’"Elle a menti pour les ailes", la plume puissante et sensible de Francesca Serra dessine le personnage de Garance Sollogoub, une adolescente « d’une beauté rare » hyper connectée aux réseaux sociaux, mais qui « ne cherche pourtant pas à exister plus que ça ». À la faveur d’un concours de mannequinat organisé dans la petite ville du sud-est de la France qu’elle habite, l’héroïne est repérée par LA bande de lycéens qu’elle a toujours rêvé de fréquenter. Encore faut-il se faire accepter auprès de ces adolescents populaires et plus âgés… Cela ne sera pas sans conséquence pour Garance qui finira par se volatiliser dans la nature. Mais où est-elle donc passée ?, se demande le lecteur, comme toute une ville, puis une région à travers le hashtag #missinggarance.

Cette fiction s’étalant entre 2015 et 2016 a donc séduit la grosse dizaine de journalistes du Monde ayant pris part au vote : « La vivace sensibilité de ce texte, son écriture tour à tour grave et comique, propre à incarner le destin de la « génération Z », ont suscité l’enthousiasme du jury », a indiqué le célèbre quotidien du soir via un communiqué.

5 ans de rédaction
Avec ce premier roman salué par la critique, Francesca Serra fait une entrée plus que remarquée dans le microcosme des écrivains. Installée à Paris depuis 2001, dans la foulée de l’obtention de son baccalauréat, l’ancienne élève du Lycée Fesch d’Ajaccio a poursuivi des études de lettres avant de devenir journaliste pour le magazine féminin Grazia. Là, ses chroniques drôles et corrosives laissaient déjà présager un talent certain pour observer, comprendre, prendre du recul et « croquer » notre société avec une vraie justesse dans le texte.

Fille d’une journaliste, son goût pour l’écriture remonte à l’enfance : « j’écris tous les jours, dans un cahier », a-t-elle expliqué au Monde. Dans ce même entretien, la romancière évoquait précisément le point de départ de la rédaction de ce premier livre, débutée il y a cinq ans : « À cette époque, ma vie me semblait très incohérente, j’étais passée d’Ajaccio à Paris, et d’un début de thèse sur Beckett à la presse féminine, et c’est là qu’est arrivé ce moment précis dont je vous parle. Moi qui ai un rapport assez mystique à la Corse, j’étais dans la forêt, toute seule, il y avait une luminosité magique, soudain tous ces points sur l’apparence ont cliqué, oui, c’était comme un clic, j’ai eu une sensation, qui ne m’a pas lâchée par la suite, même si ça a pris du temps, puisque j’ai mis cinq ans à écrire ce roman. J’ai même pris une photo depuis ma voiture, une image que j’ai collée, après, au-dessus de mon bureau, en me disant : « Faut pas perdre la sensation ! » Jusque-là, j’avais essayé d’écrire avec une idée, là j’avais une sensation. » Peut-être la même qu’elle a ressentie, assise sur ce scooter dans la rue, encore sonnée par l’obtention de ce prix littéraire qu’elle n’avait jamais imaginé remporter…


Elle a menti pour les ailes
Éditions Anne Carrière

480 p., 21 €
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