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La réforme constitutionnelle qui ne se fera pas

Il ne fait aucun doute que le gouvernement ne se précipitera pas pour faire plaisir aux dépités corses........

La réforme constitutionnelle qui ne se fera pas


Il ne fait aucun doute que le gouvernement ne se précipitera pas pour faire plaisir aux députés corses qui ont voté la motion de censure. Et pourtant ils ont eu raison. Explications.


Des pressions inadmissibles


Il n’est évidemment pas question de vouer aux gémonies ceux qui ont voté la loi Macron sur les retraites. Ils ont tout à fait le droit de penser qu’une réforme est nécessaire. Et c’est d’ailleurs peut-être la faiblesse des opposants que de ne pas avoir su mettre en avant leurs propositions. Car il est évident que la progression de l’espérance de vie bouscule les calculs d’un système créé en 1946, quand le baby-boom permettait de l’envisager sans angoisse. Mais le vote de la loi a posé une question fondamentale : de qui les députés sont-ils les représentants ? D’une foule hébétée et aux ordres qui ne sortent la tête du sable qu’une fois tous les cinq ans ou d’un peuple vivant qui s’exprime, se contredit, mais qui in fine est le diapason de la situation ? Les élus corses ont jugé en leur âme et conscience qu’ils étaient cette incarnation et ils l’ont fait savoir par leur vote. Le dialogue avec l’État est une autre histoire. En premier lieu, il n’est pas un échange avec ce gouvernement-là, mais avec le gouvernement de la France nonobstant les personnalités ministérielles impliquées. Le chantage auquel se seraient livrées les autorités en place est tout simplement consternant. Il signifierait que le chantage est devenu un mode de gouvernance. C’est lamentable et inacceptable.

Un avenir compromis


Mais au-delà de ces manœuvres de bas étage, le dialogue est mal engagé et pas seulement à cause de la vindicte macronienne. Qui peut croire un instant que le gouvernement, pris dans la tourmente actuelle, va se lancer dans une procédure clivante pour faire plaisir aux élus corses ? Et quelle en serait l’issue ? Une modification constitutionnelle ? Il faut croire au Père Noël pour la penser possible.
Jamais le Congrès ne votera aux trois cinquièmes des parlementaires une telle mutation. Ne serait-ce que pour contrarier un gouvernement fragilisé par les évènements récents. Telle est la réalité. On peut la déplorer. Elle est incontournable. La seule façon pour l’exécutif corse de s’en tirer est d’obtenir des réussites sur le terrain, de les faire connaître et d’avancer petit à petit. Mais il doit arrêter de mettre en avant des revendications qui ne pourront que donner de l’ampleur à ses échecs. On peut réussir sur le terrain sans nécessairement atteindre des objectifs qui exigent un changement radical de l’attitude française.

Le retour des Old timers


Qui peut se targue d'avoir percé les mystères d’une clandestinité corse entièrement mue par une force centripète. Elle tourne en rond et se regarde le nombril sans prendre en compte la volonté du peuple corse. De jeunes clandestins ou supposés tels avaient fait connaître par communiqué leur mépris respectueux pour les vieux cagoulards du millénaire dernier. Ces derniers s’en sont offusqués et le disent. On ne touche à la préhistoire. Cette querelle des anciens contre les nouveaux ne fait que mettre en exergue le caractère dérisoire de ces actions qui risquent tout simplement d’apporter des arguments au gouvernement et d’affaiblir la position de l’exécutif.
Mais peut-être était-ce le but inavoué de la jeunesse clandestine que la vieillesse du même genre cherche à canaliser ?
Le monde brûle, le continent européen est au bord de l’explosion. La France entre en émeute. Les plus pauvres peinent à finir leurs fins de mois. Mais ils sont encore quelques dizaines qui cherchent à exister en confondant les allumettes avec une baguette magique. Qui peut croire que l'incendie de quelques villas secondaires va changer la donne, faire plier le gouvernement et arrêter la spéculation immobilière. Le seul résultat va être que dans quelques mois de nouveaux prisonniers vont partir pour les prisons continentales alimentant un faible courant de sympathie et permettant de lancer à nouveau le cocorico de la clandestinité : « Statu francesu assassinu ».
Entre le cynisme des uns, la bêtise des autres et l’immobilisme des troisièmes, la Corse n’est pas près de sortir de son marasme. À moins que ne se produise un miracle et que la France évolue et la Corse avec. Sait-on jamais ? Mais en attendant a-t-on le droit de dire en tant que Corse qu'on est fatigué des blocages du pouvoir, des atermoiements de l'exécutif et des puérilités criminelles des clandestins ?

GXC
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