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Festival de Lama

Edition 2020 réinventée
Pandémie oblige le Festival de Lama, édition 2020, se réinvente pour continuer à exister tout en étant annulé !...Trop risqué le maintien de la manifestation cinématographique habituelle, qui devait offrir au public ses 27 èmes festivités. L’affluence de visiteurs, les conditions sanitaires problématiques ont fait redouter le pire aux organisateurs et à la mairie de Lama. Alors ils nous proposent « Un été de cinéma ».


Cette formule, « Un été de cinéma » s’inspire de la programmation hivernale du festival qui continue tout au long de l’année pour le public balanin et pour les enfants qui ne doivent jamais être les oubliés de l’enrichissement qu’apporte la culture et le cinéma, entre autres. Parce que culture rime avec éducation… Le covid 19 a, en effet, précarisé le système éducatif condamné au virtuel d’internet et mis à mal le monde culturel. Culture, éducation indispensable à la vie en société. Au vivre ensemble, qui est tout sauf un slogan bateau !

Certes les salles obscures ont réouvert mais le spectacle vivant est toujours en rade. Dans ces conditions être présent tout en étant absent relève, même pour le cinéma, du miracle comme seules l’opiniâtreté et la ténacité peuvent en produire. La création ne désertera pas la Balagne… « Les rencontres de musiques de Calenzana » vont d’ailleurs nous en administrer la preuve également.

Le lancement d’ «Un été de cinéma » a commencé avec succès le 22 juin au « Régent » de Bastia – Lama n’ignore rien de la décentralisation ! – avec « La nuit venue » de Frédéric Farrucci, en présence du réalisateur. 160 spectateurs plus que la jauge de la salle…

En août sous les étoiles sont annoncées des projections à Lama, L’Ile Rousse, Saint Florent. Des nouveautés et des œuvres du patrimoine. Ces dernières en collaboration avec « La cinémathèque de Corse ». A signaler encore une avant-première de « Belle Fille », réalisé par Méliane Marcaggi, film tourné en partie en Balagne.

Avec Gabriel Le Bomin pour « De Gaulle » et Frédéric Farrucci qui doit revenir en compagnie de l’interprète féminine principale de « La nuit venue », Camélia Jordana, avec des documentaires insulaires diffusés en août à la Casa de Lama l’accent sera mis sur la création corse. Programmation maintenue de la compétition de courts-métrages mais cette fois sur la plateforme numérique, Allindi, pour des raisons que l’on comprend facilement au lieu d’être projetée à l’Umbria.

La culture vit des temps très difficiles… Merci au Festival de Lama de ne pas avoir dételé.

« Je milite pour une compétition de courts-métrages des îles de la Méditerranée. A mes yeux privilégier l’insularité est primordiale.»
Laurent Hérin, coordinateur-animateur du Festival de Lama.


En temps normal que représente le festival pour le village de Lama ?

Au plan économique la manifestation est une manne financière, par exemple pour le bar et certains commerces, qui peuvent alors faire leurs chiffres d’affaire ; pour les personnes qui louent des appartements dont la moitié est réservée pendant trois semaines. Culturellement, et c’est le fondement du festival, il amène le cinéma à beaucoup de gens qui ne peuvent voir les films en salles et c’est pour eux l’occasion de découvertes.


Les lieux incontournables durant la période festivalière ?

La Piscine où l’on projette les grandes avant-premières. L’Umbria vouée au cinéma d’art et essai. Le Mercatu, ruelle en pente où l’on installe les enfants pour qu’ils regardent des films d’animation pendant que leurs parents assistent à des séances à La Piscine ou à L’Umbria. La Casa de Lama où passent des documentaires venus de partout et de durées différentes. Ce genre, documentaire, nous voulons le valoriser tant il progresse en qualité. Chaque année on en reçoit entre 150 et 200. On en sélectionne une cinquantaine.


Comment organisez-vous le festival ?

Notre fil conducteur c’est le cinéma sous les étoiles. On commence toujours un samedi pour terminer le dimanche en huit ce qui facilite les locations. La manifestation a lieu à cheval sur la dernière semaine de juillet et sur la première d’août. Projections le soir. Discussions le lendemain matin sous les platanes. Notre vocation est de faire découvrir et mieux connaitre des cinéastes qui le méritent. A l’attention des enfants de 6 à 12 ans on organise un atelier d’écriture de scénario et de réalisation de petits films qui sont ensuite montrés au public. Nous avons également un atelier de MAO (Musique assistée par ordinateur) sous la houlette de l’association EMAHO. On s’efforce de partager nos expériences avec la Cinémathèque de Corse, le GREC (Groupe de recherches et d’essais cinématographiques), Ciné 2000 à Ajaccio, Arte Mare…


Qui sont les petites mains qui font tourner la manifestation ?

Nous avons trois bénévoles au bureau du festival et neuf au conseil d’administration. Ils sont du village ou apparentés. Pendant la manifestation nous faisons appel à une dizaine de bénévoles supplémentaires, surtout pour renforcer l’équipe technique. Ils viennent du milieu culturel. Quant à moi je suis coordinateur-animateur.


Quels auraient dû être les axes forts de l’édition 2020 ?

Un grand colloque était prévu autour du fantastique en Corse et en Sardaigne avec Fabien Landron, spécialiste du cinéma sarde. Tous les ans Jean Louis Devèze, président du festival, assume ce type de rendez-vous très apprécié et très couru. Personnellement je milite pour une compétition de courts-métrages des îles de la Méditerranée. A mes yeux privilégier l’insularité est primordiale. Autres moments forts : les avant-premières de « Parfums » avec l’équipe du film, de « 5 è set » d’Alex Lutz et d’un très bon film iranien proposant une plongée dans la télé-réalité de ce pays !


Financièrement la note de l’annulation n’est-elle pas salée ?

Heureusement, nous n’avions pas investi dans voyages, hébergement des invités et autres frais car dans ce cas notre survie aurait été menacée. Nous font défaut les soutiens des privés.

La CDC a réduit sa subvention ce qui est évident, mais l’a maintenu en partie. Résultats : mon poste – je suis le seul salarié – est sauvé et nos comptes sont sains.


Votre regret le plus vif concernant cette annulation ?

La décision a peut-être été prise trop vite ! Avec nos projections en plein air on aurait pu s’accommoder du respect des gestes barrière… Je regrette cette annulation parce que le Festival de Lama est l’événement de l’été… mais d’un autre côté cette décision je la comprends parfaitement.



Vous êtes présent depuis dix ans sur le festival quels invités vous ont le plus marqué ?

Yolande Moreau, c’est une grande dame. Elle est venue à Lama deux ans de suite. Avec elle on a eu des échanges passionnants. Il y a eu aussi des artistes qu’on a découverts comme Rachid Djaïdani, Karim Leklou, Damien Bonnard, qui après « En liberté » de Salvadori a enchaîné six films de suite et qui a permis à Lama de présenter « Les Misérables ».


Comment êtes-vous devenu coordinateur-animateur du Festival de Lama ?

A l’origine je suis graphiste mais depuis toujours je suis un cinéphile acharné. J’ai laissé le graphisme pour travailler avec Daniel Benedittini, gérant du cinéma, « Le Régent ». Grâce à lui j’ai rencontré beaucoup de distributeurs qui font la pluie et le beau temps dans l’univers du cinéma. Cette expérience m’a mis le pied à l’étrier et j’ai pu rejoindre l’équipe du Festival de Lama. Par ailleurs je fais partie de l’organisation du Festival de cinéma d’animation créé par Juana Macari d’ « Una Volta ».
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