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A Parola à Alain Orsoni "pour l'ACA, l'histoire ne s'arrête pas là !"

Alain orsoni : pour l'ACA, l'histoire ne s'arrête pas là !
Alain Orsoni : pour l’ACA, l’histoire ne s’arrête pas là  !

Relégation en ligue 2 et bien sûr déception. Mais son président l’assure, l’ACA ne baissera pas les bras. Le club entend rebondir et continuer à grandir.


Laisser partir Gaëtan Courtet, Qazim Laçi et Jean-Philippe Krasso qui ont eu un rôle-clé dans l’accession en Ligue 1 et apportaient des solutions en attaque ; un recrutement n’ayant que peu ou rien apporté comme l’a implicitement reconnu votre coordinateur sportif dès décembre dernier ; le club n’a-t-il pas péché au niveau de l’effectif en optant pour la quantité au détriment de la qualité ?
Laisser partir Gaëtan Courtet relevait du domaine sportif. Domaine exclusivement réservé au coach et au directeur sportif. Il faut aussi savoir que Guingamp lui proposait un projet plus solide pour la fin de sa carrière et qu’il a privilégié le long terme pour sa famille. Qazim Laçi, à six mois d’expiration de son contrat, a reçu une offre très alléchante et nous a demandé d’accepter son départ pour profiter d’une situation que nous n’étions pas en mesure de lui offrir. Compte tenu de son comportement irréprochable et comprenant son intérêt, il aurait été malhonnête de l’empêcher de poursuivre sa carrière. De plus, bloquer un joueur contre son gré ne garantit pas un rendement à la hauteur. Enfin, Jean-Philippe Krasso, nous avons essayé de le faire signer. Hélas son club ayant décidé de le garder, nous ne pouvions pas lui proposer un contrat. Avons-nous privilégié la quantité par rapport à la qualité ? Je crois que la réalité est autre. Nous avons tenté de faire au mieux avec nos moyens. À ce titre, il est intéressant de voir le classement des clubs par rapport à leur investissement dans le recrutement (voir encart, N.D.L.R). Nous sommes bons derniers avec 300 000 euros derrière Auxerre à 2,5 millions. Cela me semble plus que révélateur…

L’équipe a été combative et a progressé jusqu’à la trêve Coupe du Monde, semblant ainsi en mesure de se maintenir malgré un manque initial de réussite. Comment expliquer la baisse de régime après la reprise ? La cascade de blessures n’a-elle pas en partie résulté d’un relâchement au niveau de l’entraînement ou d’une confusion trêve / vacances chez certains ?
J’ai cru au maintien au vu de nos prestations jusqu’à la Coupe du monde. L’hécatombe que nous avons traversée, une douzaine de blessés, nous a hélas plombés. Nous nous sommes bien sûr posés des questions. Or il est apparu que la préparation physique avait été la même que l’an dernier durant laquelle les résultats étaient excellents. Quant à dire que les joueurs ont cru être en vacances, cela me semble un peu court. Ma conviction est que l’enchaînement de contre-performances a atteint le groupe et qu’il n’a plus jamais eu les ressources mentales pour revenir.

Les frasques de Youcef Balaïli et le fait que le club ait d’abord semblé vouloir les relativiser n’auraient-ils pas causé un malaise au sein du vestiaire et affaibli l’autorité d’Olivier Pantaloni, et ainsi contribué à casser la bonne dynamique qui se dessinait avant la Coupe du Monde ?
Il n’y a somme toute pas eu énormément de frasques. Un retard de 48 heures à l’entraînement, qui a d’ailleurs été sanctionné, ne représente pas une première dans le Championnat. Son arrivée a été vécue comme une aubaine. Ses excellents débuts y incitaient. Mais le personnage au demeurant sympathique s’est avéré très instable sur le plan psychologique. Son talent indiscutable a malheureusement été entaché par une personnalité problématique. Son départ en catimini démontre d’ailleurs sa fragilité. Il n’a pas supporté les critiques inhérentes à son manque d’engagement. est regrettable que ce garçon gâche son talent.

Olivier Pantaloni est remis en cause par une partie des supporters. Vous l’avez toujours soutenu. Trois critiques sont ressorties : des analyses d’après-match suggérant trop d’indulgence ou même un manque d’autorité envers les joueurs ; un coaching peu réactif durant les matches ; n’avoir pas mis dans le bain de jeunes joueurs prometteurs. Ces critiques ne sont-elles pas un peu justifiées ?
Certains brûlent aujourd’hui ce qu’ils ont adoré hier! Dois-je rappeler son bilan au club ? Il ne faut pas confondre le discours public et celui qui est tenu en interne, Olivier sait faire preuve d’autorité lorsque cela est nécessaire. Je ne suis pas qualifié pour juger des choix sportifs. Je me garderai donc de jouer les techniciens. Nous avons eu régulièrement recours aux jeunes cette année avec des prestations plutôt satisfaisantes qui sont de bon augure pour le futur. Notre centre de formation est une pierre angulaire du projet ACA. Nous allons mettre en œuvre les moyens nécessaires pour le renforcer encore. Cela étant, il ne faut pas brûler les étapes car cela pourrait être préjudiciable pour ces jeunes. Le niveau de la Ligue 1, c’est une marche très haute et difficile à franchir.

Après la défaite à Lens, Olivier Pantaloni a laissé entendre qu’il pourrait souhaiter « changer d’air ». Est-ce aussi le souhait du club ?
J’ai lu la déclaration du coach. Je pense qu’il faudrait une offre très alléchante pour qu’il nous quitte surtout après cette mauvaise saison. Le connaissant, je suis sûr qu’il souhaite prendre une revanche ! Je le réaffirme : le club lui garde toute sa confiance. Nous ne souhaitons pas son départ.

Retour au sein d’une Ligue 2 avec des clubs à gros budgets et quatre descentes à l’issue de la saison, il faudra se battre pour bien figurer et même pour se maintenir. Autour de quels cadres envisagez-vous de reconstruire l’équipe ? Allez-vous privilégier le recours aux jeunes du centre formation ? Allez-vous relancer des partenariats avec des « grands clubs » permettant le prêt de joueurs ayant besoin de temps de jeu ou de s’aguerrir.
La construction de l’équipe à venir est de la responsabilité du coach et du directeur sportif. Il ne m’appartient pas d’en préjuger. Cela étant, nous aurons probablement des départs à des ventes (c’est déjà acté concernant deux joueurs emblématiques, Benjamin Leroy et Mathieu Coutadeur, N.D.L.R). Bien sûr, nous nous appuierons sur les jeunes qui pourront continuer à progresser et, pourquoi pas, briguer une place de titulaire. C’est l’intérêt du club, et ce, bien plus que de recourir à des prêts où l’on met en valeur des joueurs dans l’intérêt de leurs clubs respectifs. Ceci n’exclut pas la possibilité de prêts mais sans en faire une priorité. Tout dépendra de nos besoins.

La communication donne à voir un club ayant une culture identitaire et conviviale. Vous-même avez souvent insisté sur la volonté du club de se structurer solidement et de conserver son indépendance en comptant sur les ressources locales aussi bien humaines que financières. Quelles ont été les avancées malgré une saison difficile, notamment au niveau de la consolidation du club et de la formation des jeunes ? Quel budget et quels projets en perspective pour aller encore de l’avant.
Nos valeurs et notre identité, nous n’entendons ni y renoncer, ni les édulcorer. Je vous rappelle notre devise : « Stintu, Populu, Nazione ». Cela n’a pas changé. Cela ne changera pas. Malgré des efforts et un travail considérable, je crois que nous avons péché dans le domaine de la communication, en particulier avec nos supporters. Nous présenterons très bientôt notre nouveau projet pour repartir sur de nouvelles bases. L’indépendance du club est bien sûr notre priorité. Il faut cependant tempérer les choses car, au niveau financier par exemple, nous souffrons et continuerons de souffrir de la faiblesse du tissu économique et de celle du potentiel démographique. Ce qui a des conséquences. Par exemple, le club dispose aujourd’hui de 7 employés administratifs, chez la plupart de nos concurrents, on en compte 25 ou 30…

Pensez-vous encore vraiment, en tirant un premier bilan de la saison qui s’achève, que rester soi-même comme le veut l’ACA, soit compatible avec le football professionnel d’aujourd’hui ?
Il est loin le temps où avec Michel Moretti, nous rêvions de constituer A squadra corsa. Le monde change et le football aussi, ce rêve est aujourd’hui impossible. Cela aussi fait partie des réalités auxquelles nous sommes confrontés. La dimension financière au sein du foot est devenue incontournable et pèse lourdement sur les petits clubs. Pour autant, nous continuons d’avancer, de nous structurer et nous ne baissons pas les bras. Surtout, nous gardons nos ambitions et ferons tout pour nous donner les moyens de retrouver l’élite.
Malgré la déception justement engendrée par la relégation, le bilan est loin d’être catastrophique. Je dirais même que cette saison nous a permis de nous consolider et de préparer l’avenir. Plus de 6 millions d’euros ont été investis pour mettre le club et le stade aux normes de la L1 et ainsi disposer d’un outil performant homologué jusque pour les confrontations européennes. Les aménagements réalisés vont nous permettre de bonifier la rentabilité du stade, l’aspect financier étant crucial. Nous pensons pouvoir construire un budget à hauteur de 12 millions d’euros pour la saison à venir. Cela restera un petit budget mais nous avons déjà démontré que nous pouvions nous transcender. À ce titre le recrutement à venir devra prendre un compte un élément essentiel, le mental ce qui nous cruellement fait défaut depuis la reprise…

Un fort engouement a suivi l’accession en Ligue 1, plus de 5000 abonnés. Mais, ces temps derniers, les critiques des supporters se sont multipliées. Quel message souhaitez-vous leur adresser ?
Il faut surmonter la déception. Nous avons besoin du soutien de tous. Je sais qu’une fois de plus, nos supporters, nos abonnés, nos partenaires, répondront présent. Tous ensemble nous continuerons à grandir. L’histoire ne s’arrête pas là. Forza ACA, forza Aiacciu, forza CorsIca !

Entretien réalisé par Jean-Pierre BUSTORI


Dépenses 2022-2023 des clubs de Ligue 1pour bâtir leurs effectifs
Paris : 698,9 M€ / Monaco : 263,7 M€ / Rennes : 165,9 M€ / Marseille : 152,92 M€ / Nice : 142,5 M€ / Lille : 88 M€ / Lyon : 76,45 M€ / Lens : 71,05 M€ / Nantes : 46,55 M€ / Reims : 43,6 M€ / Strasbourg : 37,5 M€ / Lorient : 35,4 M€ / Montpellier : 31,35 M€ / Brest : 29,6 M€ / Troyes : 27,1 M€ / Toulouse : 21,29 M€ / Angers : 20 M€ / Clermont : 2,3 M€ / Auxerre : 2,
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