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Le cri d'alarme de deux responsables du GIEC

<< Encore le climat >>va-t-on dire .

Le cri d'alarme de deux responsables de GIEC

« Encore le climat » va-t-on dire. Bien sûr, encore et toujours le climat. Il ne s'agit pas d'un sujet de circonstance, mais bien d'un problème de survie pour l'humanité. Mais face à l'inertie véritablement criminelle des dirigeants des nations de cette planète, les femmes et les hommes ne savent que faire. Le quotidien Le Monde a interviewé les coprésidents d'un des groupes de travail du GIEC, l’Allemand Hans-Otto Pörtner et la Sud-Africaine Debra Roberts qui annoncent des temps terribles pour l'humanité si celle-ci continue de procrastiner.

Des vagues migratoires jusqu'alors inconnues

« Entre 3,3 milliards et 3,6 milliards d’humains, soit près de la moitié de la population mondiale, vivent dans des zones qui sont hautement vulnérables au changement climatique. explique Debra Roberts. Beaucoup de ces personnes sont en même temps exposées à d’autres pressions qui interagissent entre elles, telles que le sous-développement, une grande pauvreté, une mauvaise gouvernance et un manque de financement. En Afrique, le changement climatique risque de faire reculer les progrès réalisés en matière de développement, ce qui est très inquiétant, alors que le continent pourrait abriter 40 % de la population mondiale à la fin du siècle. » Il faut donc s'attendre à un véritable tsunami migratoire contre lequel les pays riches ne pourront strictement rien et qui aura été en grande partie causé par leur inconséquence et leur égoïsme. Néanmoins les deux scientifiques insistent sur l'incapacité qu'aura la majorité de ces populations à migrer vers les pays riches. Il y aura inévitablement des mortalités de masse, une montée de la haine et des conséquences en termes de terrorisme. Outre la disparition inexorable de 7 à 18 % des espèces animales africaines, le dérèglement climatique est désormais planétaire. L'Asie est déjà frappée de plein fouet par un mélange de pluies torrentielles et de chaleur extrême.

Seule une petite partie de notre planète

« Nous poussons maintenant la planète vers un avenir climatique où seule une partie de sa surface sera habitable par les animaux, y compris les humains. L’habitabilité future des tropiques est notamment posée. Notre espèce est l’une des plus vulnérables en raison de la complexité de nos systèmes d’infrastructures, de notre économie et de notre interdépendance mondiales. Le fait que nous ayons colonisé tous les coins de la planète nous rend dépendants de notre climat actuel. Et nous jouons avec lui. » insiste Hans-Otto Pörtner. On a relevé en Sibérie une température de 50° au sol. Le permafrost fond libérant des masses colossales de méthane qui aggrave la situation. Le Nord canadien est en proie à des incendies hors contrôle. Désormais nous savons que la technologie ne peut rien dans certaines situations. . « Notre espèce manque de vision à long terme, nous ne réagissons qu’à l’immédiat. » Et ce pour des raisons d'intérêts financiers, de profits, de concurrence commerciale. « Nous avons besoin d’une véritable transformation, mais je ne pense pas que les hommes politiques le comprennent et beaucoup d’habitants ne veulent pas changer. C’est trop inconfortable. » Faut-il préciser que des milliards de personnes n'ont tout simplement pas les moyens de changer de mode de vie, elles qui déjà ne possèdent l'accès ni à l'eau ni à la nourriture.

De l'espoir ?

« Je pense que le changement climatique et les pertes et dommages vont s’aggraver. Alors les gens vont commencer à agir et le nombre de climatosceptiques va diminuer. Le changement climatique est un professeur pour l’humanité. Cela aurait été bénéfique de commencer plus tôt, alors que nous savons depuis près de cent ans que le changement climatique est en cours et qu’il s’agit d’un défi. Plus nous attendons, plus il sera difficile de rattraper le temps perdu et plus il y aura de souffrances. Mais nous sommes condamnés à ne pas abandonner cette lutte. Il y aura un revirement forcé à la fin parce qu’un réchauffement de 4 °C en moyenne n’est pas un avenir vivable. » explique Hans-Otto Pörtner précisant « Nous avons encore actuellement la capacité d’aller vers un monde plus soutenable, mais nous la perdons au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers un avenir frappé par le changement climatique. » Malheureusement l'histoire de l'humanité, l'espèce animale la plus prédatrice du monde vivant, nous apprend qu'elle n'évolue que confrontée à d'immenses catastrophes. Alors se produit l'apocalypse c'est-à-dire littéralement une forme de révélation. Espérons seulement qu'elle n'arrivera pas trop tard. En tout état de cause, nous devrions avoir honte de laisser une planète dans cet état aux générations futures.

GXC
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