• Le doyen de la presse Européenne

François Sargentini, Conseiller Exécutif président de l’OEC

« La mise en place du tri à la source va nous permettre de réussir notre plan territorial de prévention et de gestion des déchets. »
Militant de la première heure, François Sargentini a été nommé président de l’ODARC lors de la mandature 2015-2017. Depuis trois ans, et toujours sous la bannière « Pè a Corsica » il est en charge de la question environnementale et président de l’OEC. C’est cette question qu’il évoque, entre autres, dans cet entretien, notamment l’épineux problème des déchets.

Un plan territorial de prévention et de gestion des déchets entrera en vigueur en 2021. Où en est-il à ce jour ?

Ce plan est en cours de révision. Il sera voté en fin d’année par l’Assemblée de Corse. Nous travaillons avec un bureau d’études en vue de sa réactualisation, nous auditionnons les différents partenaires de manière à le faire évoluer. Aujourd’hui, des cadres nouveaux arrivent avec des échéances nouvelles se profilent à 2021 et 2023 qui seront des étapes importantes au niveau du tri. Nous devons en tenir compte et mettre à études les techniques de traitement des déchets comme la faisabilité de CSR voire de méthanisation ou de production autre d’énergie. C’est l’ensemble de cette révision qui est en cours.

Ce plan est-il transitoire ou se dessine-t-il définitivement ?

Ce plan est permanent et est établi par la Collectivité de Corse dans le cadre de ses compétences et des directives européennes et de l’Etat.

Quelle orientation ?

Ce plan est basé sur le tri à la source ce qui implique la séparation des déchets au niveau de la collecte faite sous la responsabilité des communautés de communes. Cette séparation des déchets nécessite que l’on retire les déchets fermentescibles, ce sont ceux qui causent le plus de problèmes au niveau du stockage, pour les diriger vers les centres de compostage et faire en sorte qu’on ne les retrouve plus en centres de stockage. C’est l’option choisie par la Collectivité de Corse depuis quatre ans. Nous devons passer au stade de l’application du plan au plus près des citoyens au niveau de la collecte. Nous allons travailler avec les communautés de communes pour accélérer la mise en place de la collecte des bio-déchets et installer au plus près des composteurs individuels ou collectifs.

Pour autant, la problématique reste présente au niveau des centres de stockage.

Le stockage a été modernisé au niveau des centres de Viggianellu et Prunelli et ce qui se fait aujourd’hui répond aux normes préconisées par la réglementation. Pour autant, la problématique reste présente et nous savons qu’il faudra aller encore plus loin pour faire évoluer fortement la situation par la montée en puissance du tri qui va permettre de réduire sur les cinq années à venir, les besoins de stockage.

Quel délai vous fixez-vous pour obtenir des résultats ?

Nous avons déjà des résultats mais la mise en place du tri à la source ne peut plus attendre. Elle va nous permettre de réussir le plan, de pacifier la question du traitement des déchets qui est exacerbée depuis de nombreuses années en Corse. Le syvadec, qui a la compétence du traitement des déchets et l’Observatoire de l’Office de l’Environnement mettent en exergue la montée en puissance du tri dont la moyenne oscille autour de 30% à 40% selon les intercommunalités. Le processus est en cours mais la question fondamentale reste la séparation des fermentescibles et des bio-déchets, c’est une question essentielle qui, pour l’heure, n’est pas suffisamment prise en compte au niveau des EPCI et sera l’objet des directives sur lesquelles nous allons insister vis-à-vis des communautés de communes pour les mois à venir…

Quelles compétences pour les communautés de communes ?

Elles ont en charge la collecte des déchets. Presque toutes ont délégué la compétence de traitement au Syvadec pour unifier les moyens et faire en sorte qu’il y ait un partage équitable des coûts.

La question des déchets sera-t-elle évoquée lors de la session de rentrée en septembre ?

Nous allons rentrer dans la mise en place du plan avec le Syvadec, les communautés de communes et l’ensemble des responsables. Les échéances vont arriver, 2021 et 2023, elles sont incontournables. Ceux qui ne seront pas rentrés pleinement dans un plan qui inclut la séparation des déchets auront des retenus sur les dotations voire même des pénalités imposées. Cela s’applique autant aux communes, communautés de communes qu’aux particuliers. Il vaut mieux anticiper ces échéances et faire en sorte que l’on soit dans les normes des directives.

La problématique liée aux tonnes de déchets non triés et présents sur les sites, reste, elle aussi, entière…

La crise de la Covid nous a permis de trouver une issue concernant les balles présentes sur les sites. C’était une opération de grande envergure mais on ne pourra pas supporter un tel coût à l’export. Nous ne pouvons que travailler sur notre territoire et trouver, nous-même, les réponses.

La Corse a, par ailleurs des atouts importants à faire valoir au niveau environnemental. Quelles perspectives envisagez-vous ?

Tout le monde peut constater aujourd’hui les problèmes liés à la fréquentation sur de nombreux sites tels que les îles Lavezzi, la réserve de Scandola voire sur certains sites de montagne. La politique de l’Office est en place, elle se décline au niveau du terrain. Nous avons créé un système de comptage de la fréquentation pour avoir des chiffres précis. Nous mettons également en place un service de garderie pour avoir une protection maximale sur les sites et éviter ainsi tout type de prédation ou de dégradation.

Les problèmes relatifs à la réserve de Scandola sont-ils aujourd’hui levés ?

Nous effectuons un gros travail de fond dans ce sens depuis deux ans. Nous avons reçu, à cet effet, en tant qu’Office, la gestion du site qui comprend l’ensemble du golfe de Portu, nous travaillons main dans la main avec le PNRC qui est gestionnaire de la réserve de Scandola et nous oeuvrons ensemble à la protection des balbuzards, de l’herbier de Posidonie… Tout un système de protection est aujourd’hui en place par rapport à la navigation et la pause d’ancres.

« Les fondamentaux de la lutte nationaliste n’ont jamais été abandonnés »


Au niveau politique, quelle analyse faites-vous du second tour des municipales notamment à Bastia, Porto-Vecchio et Figari où votre mouvance, décriée en mars dernier, remporte le scrutin ?

Globalement, les résultats sont bons pour la majorité territoriale et c’est très bien. Mais cela ne règle pas tous les problèmes bien que les Corses nous aient renouvelé leur confiance. Nous devons tirer les leçons parce que la stratégie et les résultats n’ont pas été les mêmes dans de nombreuses communes. Au sein de « Pè a Corsica », nous devons avoir une explication afin de sortir par le haut et rétablir la situation qui nous permis de nombreuses victoires depuis 2015.

De nombreux nationalistes encartés ou non sont critiques à l’égard de la majorité territoriale, évoquant notamment une carence par rapport aux fondamentaux de la lutte. Que leur répondez-vous ?

Les fondamentaux de la lutte nationaliste n’ont jamais été abandonnés ! C’est le cadre de la lutte qui a changé pour Corsica Libera depuis l’initiative politique du FLNC en juin 2014. Aujourd’hui, Corsica Libera est à la croisée des chemins, il doit se mettre en conformité avec cette décision, si nous sommes élus pour gouverner, il est tout aussi évident que nous devons bien gérer les affaires de la Corse. C’est à ces deux postulats que les Corses nous apporterons leur soutien et leur confiance et conforter ainsi le rapport de force avec l’Etat.

La Corse vit des heures difficiles sous une emprise qualifiée de « mafieuse » par certains. Quelle réponse, les institutionnels peuvent-ils apporter ?


J’ai beaucoup d’interrogations quant au terme de mafia, mais il y a effectivement un grave problème à ce niveau. Je crois que pour le diminuer, il faut plus de démocratie dans notre pays. Tout ce qui est fait en Corse doit l’être de manière totalement transparente, c’est la ligne de conduite de l’Exécutif et de notre majorité.
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