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Arte Mare 2020 du 3 au 10 octobre 2020

Des monstres s'affichent ! Du 3 au 10 octobre 2020
Arte Mare 2020

Des monstres s’affichent !


Originalité du festival Arte Mare il propose un regard sur la cinématographie de la Méditerranée du nord, du sud, du levant, du ponant.
Un rendez-vous très attendu tant on a peu l’opportunité, le reste d l’année, de voir des films du Mare Nostrum… La manifestation 2020 fait aussi son miel des monstres au 7ème art !

« Les monstres attaquent ! ».
Vraie ou fausse judicieuse idée en cette période de pandémie synonyme de deuil, de souffrance, d’entraves à la vie quotidienne ? « Les monstres attaquent ! » pour être à l’unisson de l’actualité morbide et mortifère du jour ?... Pour lui faire la nique ?... Certes des monstres, ou des êtres qualifiés ainsi, ont été le support et les prétextes à des films qui ont le mérite de surprendre, d’interpeller, de bouleverser comme en témoigne « Freaks » l’un des premiers d’entre eux avec sa galerie d’hommes et de femmes difformes exhibés dans les cirques.
Mais n’y-a-t-il pas pire monstruosité que celle de l’âme ? Celle qui habite les gens bien, les bonnes gens qui laissent crever les migrants à deux brasses de chez eux ! Celle qui se pare du vernis de l’hypocrisie la plus hideuse car la plus vicieuse et finalement la plus destructrice pour porter des coups bas à un entourage proche !

Heureusement l’édition 2020 de la manifestation dispose d’autres atouts avec une compétition de courts-métrages et documentaires corses, un panorama et une compétition de longs-métrages méditerranéens.
Intérêt de ces réalisations : être en prise avec la-les réalité-s.

En lice pour le grand prix Arte Mare
: sept œuvres.

« Rouge » de Farid Bentoumi (France/Belgique) aborde la question des déchets issus d’une usine qui est le pilier de l’économie de sa région. Protagonistes principales : une infirmière et une journaliste. On doit à Bentoumi le savoureux, « Good luck Algeria » aimé los de l’édition 2016.
Réalisé par Aitor Arregi et Jon Garaño, « Une vie secrète » nous vient d’Espagne. Le récit nous reporte en 1936 quand des militants républicains doivent se replier devant l’avance militaire des franquistes. Mais Higinio et sa femme, Rosa, refusent de s’en aller à l’étranger et comme d’autres décident de se cacher dans leur propre maison.
« Michel-Ange »
d’Andrej Konchalovsky, production italo-russe, se focalise sur le génie du maître de la Renaissance.
« La mort du cinéma et de mon père » de l’israélien, Dani Rosenberg, est une réflexion sur la vie, la mort et le rôle du cinéma pour faire trace. La présence du Portugal, à la nombreuse communauté vivant en Corse, est assurée par « Ordre Moral » de Mario Barroso. L’histoire se déroule en 1918. Elle conte l’aventure amoureuse de Maria Adelaide Coelho da Cunha, propriétaire du fort connu, « Diario de Noticias » qui abandonne tout pour suivre un freluquet de vingt ans son cadet. De Kahouter Ben Hania, grand prix 2017, on va découvrir « L’homme qui a vendu sa peau ». Un deuxième long-métrage d’une cinéaste très prometteuse (Tunisie) Sujet : quand le monde de l’art contemporain croise celui des réfugiés.
Il faut faire une place à part à « 143, rue du désert » de Hassen Ferhani car c’est un documentaire auréolé de maints éloges. Il dresse le portrait d’une femme peu banale en son humanité en plein Sahara.

A souligner
: en ouverture « Profession du père » de Jean Pierre Améris et en clôture « ADN » de Maïwenn. Les deux cinéastes seront, en outre, à Bastia.

Michèle Acquaviva-Pache
« Voir le plus de films le plus tôt possible c’est ma devise. »

Arnaud de Gardebosc, programmateur.


En cette année de pandémie très difficile pour le monde du spectacle, comme avez-vous bouclé votre programmation ?
Je m’attendais à pire !... En fin de compte tous les films repérés que je voulais, j’ai réussi à les avoir. La programmation en général et la compétition méditerranéenne en particulier, ont été aisément bouclées. Bien sûr, il y a eu quelques incertitudes comme « L’homme qui a vendu sa peau » de Kaouther Ben Hania mais il sera présent à Bastia.

Comment avez-vous trouvé les films sélectionnés ?
J’ai activé mon réseau. Ainsi le film de clôture, « ADN » de Maïwenn, je l’ai obtenu grâce à un distributeur avec qui je travaille beaucoup. Pour « Rouge » de Farid Bentoumi il en a été de même. Cette année de nombreux artistes ont accepté notre invitation qu’ils soient comédiens ou cinéastes. C’est là une vraie chance ! Si le festival de Cannes n’a pas eu lieu, ses organisateurs ont néanmoins décidé de sélectionner certains films ce qui a facilité les choses. En tant que programmateur d’une centaine de salles sur le continent j’ai pu faire des repérages qui m’ont été très utiles… Voir le plus de films le plus tôt possible c’est ma devise.

Vos critères de choix ?
Je suis en quête de films méditerranéens de qualité, qui puissent avoir de l’écho auprès des spectateurs, des films qui me plaisent à moi et à la présidente. Le plus souvent je me tourne vers des réalisations « art et essai », qui ont la cote ici.

Qu’est-ce qui peut inciter des gens du cinéma à se déplacer à Bastia, qui est somme tout une petite ville ?
On fait tout pour qu’ils aient envie de venir. Une fois sur place la partie est gagnée car l’accueil est convivial et la ville belle…
Le fait que le festival dure depuis plus de trente-cinq ans plaide également beaucoup en sa faveur parce que cela prouve que si Bastia n’est pas densément peuplé, elle compte bon nombre de cinéphiles. C’est une des raisons pour laquelle Maïwenn doit présenter « ADN », ici. Son film a tout pour séduire les Bastiais, il est fin, intelligent, sensible, drôle parfois, il parle de racines. Personnellement je l’ai adoré quand je l’ai visionné, il y a trois mois.

A quel point tenez-vous compte des goûts du public bastiais ?
Définir les goûts d’un public n’a rien d’évident. Je sais que les Bastiais raffolent des productions italiennes, qu’ils apprécient les films bien écrits, qui ont quelque chose à dire tout en étant agréables à voir. Je sais encore que je ne dois pas me laisser conduire seulement par ce que j’aime.

Qu’apporte Arte Mare à la fréquentation des salles du « Régent » durant l’année ?

« Le Régent » est partenaire de la manifestation. Elle donne de la visibilité à des films qui autrement passeraient inaperçus. Je citerais par exemple « 143, rue du désert, documentaire de Ferhami que nous proposons en compétition. Voilà une réalisation étonnante mais qui n’est pas d’emblée attractive pour des spectateurs… Dans ce genre de cas un festival est justement l’occasion de le faire connaitre.

Les films méditerranéens rencontrent une bonne adhésion lors d’Arte Mare. Pourquoi n’en est-il de même tout le temps ?
A part les productions italiennes il est vrai que celles du reste de la Méditerranée attire moins. C’est l’objectif d’un festival comme Arte Mare de les mettre en avant. C’est aussi le rôle des distributeurs, mais généralement ils n’ont que de petits budgets à leur consacrer. Or, leur donner plus de visibilité implique plus de moyens ! C’est un travail de longue haleine de faire apprécier de tels films. Cependant il peut suffire d’un seul, cela a été le cas de « Parasite », de Bong Joon Ho, palme d’or à Cannes en 2019. Depuis « Parasite » le cinéma sud -coréen se porte très bien en France… Et puis les goûts du public varient d’un endroit à l’autre : ici, « l’art et essai » touche les gens. Chez moi, à Grenoble, ce sont les films sociaux qui marchent bien.

Enregistre-t-on du renouveau dans les cinématographies de la Méditerranée ?
Ça bouge du côté du Maghreb. « Papicha » nous l’a démontré l’an dernier. Cette année, « L’homme qui a vendu sa peau » est une belle surprise. A noter également une féminisation du cinéma maghrébin. Du renouvellement il y en a encore en Italie et en Espagne…

L’édition 2020 inclut un documentaire en compétition. Est-ce le signe d’une évolution d’Arte Mare ?

Le festival ne va pas évoluer vers le documentaire. « 143, rue du désert » est simplement notre coup de cœur parce qu’il est étonnant. A part.

Propos recueillis par M.A-P

· « 143, rue du désert » sera visible sur le site Bip (Bibliothèque publique d’information).

Ventes des billets
: à l'OT de Bastia, à la maison des associations et à la billetterie du théâtre municipale.
Pendant le festival Arte Mare dans le péristyle du théâtre et au cinéma Le Régent
Les lieux du festival:
Théâtre de Bastia / Cinéma Le Régent Bastia / Centre culturel Una Volta / Centre Culturel Alb'oru Lupino
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