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Dissidanse Itinérance, un festival aux quatre coins de l'île

Bastia, Porto Vecchio, Ajaccio, Marignana le festival Dissidanse inscrit quatre étapes à son programme. Il invite des compagnies de Malte, Chypre, Maroc, Italie, Sardaigne, Sicile, Côte d’Azur et Corse.

Dissidanse Itinérance



Un festival aux quatre coins de l’île


Bastia, Porto Vecchio, Ajaccio, Marignana le festival Dissidanse inscrit quatre étapes à son programme. Il invite des compagnies de Malte, Chypre, Maroc, Italie, Sardaigne, Sicile, Côte d’Azur et Corse. Au-delà de la Méditerranée il accueille des troupes de Ténérife et de Guyane. A retenir que tous les spectacles de danse contemporaine sont gratuits.



Devise de Dissidanse Itinérance : diversité, tolérance, liberté d’expression. La manifestation à la tonalité très internationale est organisée par Hélène Taddei d’Art Mouv’ (Bastia) et Michèle Ettori de Vialuni (Ajaccio). Le festival déroule des spectacles très variés aux parfums insulaires ou continentaux.

« Withhout colour » de L’Aquila nous conte l’universalité du langage chorégraphique grâce à quatre interprètes de cultures différentes. Avec « Bollì Bollì » par Michèle Ettori c’est la danse qui décide de ce qu’elle veut entendre en jouant sur un clavier au ras du sol. « Seule » par Tran S qui nous vient de Nice se présente telle une relation intime entre danse, quatuor à cordes et partition électronique. « Vacio espiritual » de Ténérife est une performance qui explore un vide qui ne demande qu’à être comblé. « I am Alex » de Malte questionne le concept d’ego et de contentement de soi dans un monde de la culture du moi. « Apolo » en provenance de la plus grande île des Canaries mise sur la virtuosité et l’humour en incarnant un Apollon sportif et joueur.

« Oghje ci campemu è simu zen » par Art Mouv’ est une pièce qui considère que chaque jour est un bon jour pour créer, partager et être heureux. « Es un no parar » de Ténérife est un spectaculaire duo entre le danseur Dario Bardam et sa machine sonore. « Paysages en miroir » d’Art Mouv’ nous offre une ballade solo dans l’esprit d’un road movie où le mouvement est perçu comme une éternelle errance. « Les trois jarres de ma mère » par Alex Benthest est un hommage à sa maman évoquant la corvée d’eau quotidienne dans un quartier défavorisé de Gyane. « Les gens qui dansent » œuvre commune de deux compagnies, l’une de Bourg-en-Bresse et l’autre de Casablanca est une ode aux voyageurs, à la diversité et à la richesse du monde. « Composition en temps réel » par le G.I.C.C (Groupe d’intervention chorégraphique corse) opte pour l’improvisation en jouant de l’instante et de l’écoute. « Between » associe Johann Baran du Ballet du Nord et un musicien corse, Laurent Gueirard dont le dialogue s’épanouit au milieu des spectateurs. A destination du très jeune public, « Petit c’est grand » par Vialuni. « Face à face » de Casablanca nous montre des corps virtuoses dont la crispation du temps fera des corps usés. « No man is an island » du bastiais, Raphaël Soleilhavoup s’inspire du poète John Donne (XVII è siècle) pour nous démontrer que notre interdépendance constitue notre humanité même. « Daphnée et Apollon » de Palerme interroge les archétypes de la relation du couple. « Silence music of life » de Naples en déclinant interactions et dynamiques libèrent un flux de danse élégant et puissant. « Oh my gad » de Caglairi est un solo sur les troubles de l’humeur. « Genes and tonic » de Chypre questionne la relation entre passé et identité. « Melancholia » de Bologne est un duo riche d’émotion et d’expressivité dramatique.

De la danse contemporaine pour tous les goûts et toutes les saveurs.

Michèle Acquaviva-Pache

  • · Jusqu’au 18 / 07 à Ajaccio.
  • · Workshop le 17 / 07 à la ZAD ajaccienne de 10 à 16 heures.

ENTRETIEN AVEC Michèle ETTORI


Dissidanse est un festival qui se produit à Bastia, Ajaccio, Porto Vecchio, Marignana. Pourquoi cette formule de l’itinérance ?
Tout simplement pour que le plus grand nombre de spectateurs de Corse en profite. Nos points forts restent certes Ajaccio et Bastia mais cette année on a voulu inclure un village de montagne, Marignana. En élargissant les lieux d’accueil on touche un plus grand public.


Le festival réunit des compagnies de Chypre, de Malte, d’Italie, de Sardaigne, du Maroc et d’autres pays. Les connaissez-vous bien ? Qu’avez-vous en partage ?
On connait très bien certaines compagnies comme celles du Maroc, de Malte, de Chypre, de Palerme ou de Naples. En commun nous avons la Méditerranée, notre culture et la volonté de faire connaître sur l’île leurs créations.


La danse contemporaine peut se décliner de façon plurielle. Avez-vous mis l’accent sur cet aspect ?
La danse contemporaine a bouleversé les codes par son utilisation du sol alors que la danse classique est plus éthérée. Elle se produit aussi in situ ce qui est une de ses caractéristiques. La physicalité, la force sont très prégnantes dans notre travail. Les compagnies invitées ont des styles très différents. Les Italiennes sont physiques et passionnées, la Française de Bourg-en-Bresse est un peu plus abstraite, la Maltaise a eu une grosse formation classique avant d’évoluer vers le contemporain, la Niçoise développe un lien étroit entre le corps et la musique. Cette diversité d’expressions est d’un grand intérêt et nous questionne également.


Dans vos créations chorégraphiques quels sont les thèmes qui vous inspirent ?
Je suis passionnée par le travail de l’espace qui est d’ailleurs fondamentale en danse contemporaine… C’est au danseur de faire vivre l’espace et il en découle toute une écriture chorégraphique. Je me passionne également pour le rapport danse-musique. Cette année avec la pièce « Bollì Bollì » avec un clavier posé au sol c’est la danse qui décide de ce qu’elle veut entendre !


Pouvez-vous revenir sur votre rapport danse-musique ?
La musique occupe une large place dans mes pièces chorégraphiques. J’aime surtout le live qui donne une résonance vive et instantanée. En improvisation le live apporte de la fraîcheur.


Les compagnies accueillis ont-elles des préoccupations communes ?
On peut relever une recherche sur le monde intérieur et une exploration de la condition humaine. Leur travail peut être axé sur l’émotion ou être plus abstrait. Parfois il touche au spirituel ou encore à l’humour. Il peut y avoir des références à la crise climatique ou à des problèmes sociaux car les artistes vivent l’actualité d’aujourd’hui et chaque élément de la vie peut devenir un élément artistique.


Que dit la danse contemporaine que ne parvient pas à exprimer la littérature ou d’autres arts ?
La force, la puissance des corps qui donnent à voir le mystère de l’individu… Ces corps qui dialoguent avec leur propre mystère. En danse contemporaine on travaille sur les valeurs qui nous animent, sur nos racines, sur nos différences, sur nos métissages qui nous enrichissent.


Quel rôle peut jouer la vidéo dans un spectacle de danse contemporaine ?
Ce peut être un outil magnifique par son apport scénographique, par ses couleurs, par son rythme. La vidéo permet d’agrandir l’espace et on est transporté.


Rappelez-nous ce qu’est une performance in situ ?
La performance in situ sort de la boîte noire qu’est le théâtre. Elle investit des lieux comme les rues, les parvis d’église, les cours, les jardins. La danse doit alors compter sur les bruits de la ville, sur les sons de la nature, sur la lumière naturelle. Les artistes doivent être à l’écoute du lieu, de la vie de ce lieu et travailler avec…


Présentez-nous la pièce, « Petit c’est grand » destinée aux enfants ?
Ce spectacle se déroule en deux temps. A Bastia nous sommes en immersion dans la crèche municipale pour un éveil sensoriel. A Ajaccio le spectacle s’adresse aux parents et aux enfants jusqu’à 4 – 5 ans.


La compagnie Vialuni, que vous dirigez, a créé son propre lieu baptisé ZAD. Pourquoi cette dénomination ?
ZAD, pour zone à danser. On y propose des spectacles et on reçoit des artistes en création. Ce lieu a été construit avec une architecture particulière. Le public s’installe sur des gradins dressés au dehors. La ZAD est située dans le quartier ajaccien de Pietralba. C’est un beau lieu de travail pour la danse contemporaine. Il a le soutien de la Collectivité de Corse.


Quelles difficultés présentent une performance en déambulation ?
Il faut pouvoir s’adapter à toutes les contingences : les bruits de l’endroit, celui des voitures par exemple ainsi qu’au public qui peut être là par hasard. Cela exige une pratique approfondie pour se forger un comportement adéquat et maintenir de la poésie dans ce genre d’environnement urbain.

Propos recueillis par M.A-P
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