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Quand le tourisme fuit la corse !

La Corse, terre d'accueil.....
Quand le tourisme fuit la Corse

La Corse, terre d’accueil… Il faut parfois le dire vite. Des témoignages me sont arrivés qui racontent tous la même scène : un non-Corse se prend la tête avec un supposé Corse. Et tout à coup, voilà qu’est hurlé : « Français de merde ». Une touriste m’a écrit qu’elle n’a pas répondu, mais qu’elle a décidé qu’elle ne mettrait plus les pieds dans notre île. « Après tout, la France regorge de régions magnifiques plus proches et moins chères dans lesquelles on est bien reçu. » Peut-être qu’en fin de période estivale, il faudra tirer un bilan des conditions objectives qui font que la Corse est boudée, mais aussi de nos propres comportements.


Les trois piliers de l’économie corse


La Corse économique marche sur trois pieds si j’ose dire : le bâtiment, le tourisme et le budget de la France. Rien de plus, rien de moins. L’agriculture est malheureusement résiduelle : 2 % du PIB et 3,6 % de la population active. Les trois quarts des agriculteurs ont plus de 40 ans et l’élevage concentre la moitié des activités. Si le bâtiment prospère c’est grâce ou à cause de la clientèle continentale. Si le tourisme a jusqu’ici permis des profits c’était grâce à la clientèle continentale. Si les services publics continuent d’exister c’est grâce aux finances nationales. Pourquoi énumérer ce que nous permet la France, c’est-à-dire de vivre décemment, de nous instruire, de nous chauffer, de nous éclairer, de circuler etc. c’est pour souligner que tout cela n’existe que grâce à une péréquation avec « la France de merde ». Et qu’on ne vienne pas me chanter le couplet du peuple qui peut se débrouiller tout seul. La réalité est que nous avons besoin de nous adosser à la France. Peut-on par ailleurs encore oser dire sans se faire traiter de merde qu’on se sent français ?

Un tourisme en berne


Prenons garde à la versatilité du tourisme. Il n’est nulle part inscrit que la Corse va continuer de plaire pour les raisons que j’ai exposées plus haut. Comprenons bien que dans le monde tel qu’il va seuls les plus ingénieux, ceux qui parviennent à s’adapter surnageront. L’économie capitaliste n’a rien à faire des affects des uns et des autres. Elle fonctionne avec des normes qui, depuis 1989, se sont imposées au monde entier. Même les pays qui se réclament du communisme s’y sont pliés à l’exception peut-être de la Corée du Nord. Mais qui rêve d’habiter dans cette prison à ciel ouvert où il est à peine autorisé de respirer ? La Corse doit prendre la mesure de la période et trouver les chemins de la modernité non seulement économique, mais également psychologique. Nos principales chaînes se trouvent d’abord dans notre mentalité. Nous vivons comme des subventionnés, mais surtout nous pensons comme tels. Le tourisme est une activité beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît. Il faut savoir recevoir, donner l’envie aux invités de rester, mais surtout de revenir. Et ça n’est pas en les traitant de « Français de merde » qu’on y parviendra.

Une minorité, mais une minorité agissante


Loin de moi l’idée que la Corse tout entière pense aussi grossièrement. Ça n’est qu’une infime minorité, mais une minorité qui couronne malheureusement le reste de notre population. Nous avons des professionnels qui se donnent du mal pour accueillir les touristes et qui aujourd’hui doivent affronter outre les impérities de la gestion régionale les conséquences d’une hostilité distillée par des imbéciles. En fait, nous avons affaire à des individus qui sont les cousins germains de ces jeunes de banlieue qui s’en prennent aux blancs parce qu’ils sont blancs, aux Français parce qu’ils sont Français, aux femmes parce qu’elles sont femmes. C’est une minorité, mais c’est elle qu’on entend, qu’on voit, dont on subit les conséquences de leurs actes. Il y aurait une certaine logique à ce que ces personnages renoncent à tous les avantages apportés par la « France de merde ». Plus de subventions énergétiques (l’électricité plus chère de 40 %), plus de sécurité sociale, plus d’enseignement, les transports dont le coût doublerait… alors oui ils seraient cohérents. Mais ces individus veulent le beurre, l’argent du beurre et aiment violer la crémière quand l’envie leur en prend. Continuons comme ça et notre île sera fuie par ses enfants les plus conséquents lassés de devoir cacher leurs talents aux médiocres qui, comble du comble, tout en se nourrissant du système, se prennent pour des héros et écrivent, fautes garanties, « Français de merde ». Santu Casanova, le père de l'autonomisme de l'entre deux guerres avait écrit en 1921 :

« Ùn vulemu più pinzuti
Nous ne voulons plus de Français
Razza è sangue di Cainu
Race et sang de Caïn
Ùn vulemu più bastardi
Nous ne voulons plus de bâtards
Chì sò nati à mal distinu.
Qui sont nés sous une mauvaise étoile.
Vulemu a razza corsa
Nous voulons la race corse
Tutta dentru la so scorza.
À l’intérieur de son écorce.»
Il a fini dans les bras de Mussolini à Livourne. Le racisme mène au fascisme et le fascisme au déshonneur.

GXC

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