• Le doyen de la presse Européenne

Tourisme : revoir la copie pour ne pas rater la prochaine saison

Une baisse de médiocre ampleur

Tourisme : revoir la copie pour ne pas rater la prochaine saison


Les chiffres rendus publics par la chambre de commerce et d’industrie confirment une perte de 143 000 voyageurs sur les deux mois de haute saison par rapport à 2022 ce qui paraît bien peu par rapport aux prévisions alarmistes du début de l’été. Le problème se situe donc ailleurs.


Une baisse de médiocre ampleur


La baisse de la fréquentation de la Corse, cet été, se confirme avec 1,67 million de voyageurs qui ont rejoint l’île en avion ou en bateau en août, un chiffre en baisse par rapport à 2022 (-4 %) et 2019 (-8 %), dernière année pré-Covid. Au total, 143 000 voyageurs de moins se sont rendu en Corse en juillet août 2023 par rapport à 2022. La fréquentation de l’île pendant ces deux mois d’été est en baisse de 85 000 personnes par rapport à 2019. Pour César Filippi, président du GHR Corsica, il faut nuancer : « “Entre 8 et 18 % de baisse dans les régions les moins touchées et jusqu’à 30 % pour celles qui ont été les plus impactées ». Pour lui il convient de faire « la somme de toutes les erreurs et de toutes les mauvaises communications qui ont été faites. Il ne faut pas négliger l’inflation bien sûr… “Il y a l’impact aussi de la mise en recouvrement du PGE qui a lourdement chargé les entreprises. C’était un prêt pour nous permettre de faire face à une situation, on a fermé nos entreprises sur deux ans pendant 10 mois… Cet impact-là au niveau social n’a pas été compensé. On nous a prêté de l’argent, mais nous ne sommes pas en mesure de pouvoir le rendre… Il y a une situation de crise qui malheureusement va se concrétiser par des dépôts de bilan de sociétés, comme il y a eu au mois de juillet. Il y a des affaires qui avaient pignon sur rue qui ne pouvaient plus faire les salaires en juillet qui ont déposé le bilan. Mais il y en a bien d’autres qui vont suivre, car elles n’arrivent plus à faire fonctionner correctement leur entreprise… »

Une île si chère


Il ne fait aucun doute que l’arrêt de la communication touristique de la Corse n’a eu strictement aucun impact sur la fréquentation. Ce qui a joué est indubitablement le coût exorbitant du transport et de l’alimentation en Corse. Si on y ajoute le prix moyen de la chambre d’hôtel, prendre des vacances dans notre île exige une dépense semblable à celle d’un séjour dans une île exotique. Et c’est peut-être là qu’il faut chercher les raisons du succès des locations privées. Ce qui ressort des témoignages c’est que pour compenser le coût du transport, les touristes préfèrent rogner sur les restaurants (des pizzas à 25 euros donnent à réfléchir) et manger sur le pouce dans un logement même exigu. Ajoutons à cela que les employeurs du tourisme ont eu du mal à recruter et on possède déjà bien des clefs qui expliquent les difficultés des hôteliers et restaurateurs. Qu’ils ne se trompent pas de cible : la clientèle des locations privées n’est pas les mêmes que celles qu’ils peuvent espérer toucher même s’il est évident qu’il convient de mettre un peu d’ordre dans la jungle des locations.

Anticiper sur les difficultés à venir


Que cela plaise ou non, les difficultés rencontrées cet été ne sont qu’un avant-goût qui nous atteint. Nous allons devoir conjuguer la question climatique avec celle de l’énergie. Les nouvelles constructions qui fleurissent le long du littoral sont toutes équipées de climatiseurs et pour l’heure le Vazzio reste une espérance et Lucciana ne suffira pas. Or il va faire de plus en plus chaud ce qui favorise mécaniquement la façade atlantique de la France. Il faut donc rendre notre île toujours plus attractive. Évitons donc les insultes envers les pinzuti et rendons à la Corse sa visibilité historique. Les tours génoises devraient être restaurées. Nous ne possédons pas d’une telle quantité de monuments historiques qu’une telle entreprise soit inenvisageable. Et à partir de ces points littoraux, lançons la découverte du passé de notre île. Créons un tourisme intelligent. Développons ses ressources naturelles comme les parfums. Nos objets touristiques viennent tous d’Italie voire de Chine. Nous sommes tout de même le pays de Sampiero Corso, du roi Théodore, de Pasquale Paoli et de Napoléon. Et malgré tout cela nous sommes incapables d’inventer nos souvenirs. Bref il va falloir faire marcher notre imagination si nous ne voulons pas les années à venir nous transformer en l’île des pleureuses professionnelles.

GXC
Partager :