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Ces "indigènes" qui ont participé à la libération de la Corse

Il y a dix ans les Tabors marocains qui ont participé à la Libération de la Corse étaient à l'honneur.

Ces « indigènes » qui ont participé à la libération de la Corse



Il y a dix ans les Tabors marocains qui ont participé à la Libération de la Corse étaient à l'honneur. Dix ans ont passé. Les derniers témoins ne sont plus là et il semblerait qu'année après année la mémoire s'efface. Nous oublions que notre île fut libérée par un formidable élan des Corses, mais que la victoire finale dépendit également de l'investissement des commandos venus d'Alger, de l'aide considérable fournie par les soldats italiens antifascistes et par les troupes coloniales au premier rang desquels ces Berbères marocains qui participèrent à la prise de Bastia.


L'arrivée des goumiers


Les Goumiers ont donc pris une part prépondérante aux combats pour la libération du premier territoire de France métropolitaine. Le goum était une unité d'infanterie légère de l'armée d'Afrique remontant à 1908. Ces troupes supplétives étaient composées de Marocains, souvent villageois des montagnes, et engagés volontaires. En Corse débarqueront les 2e et 47e Goums. Ces Goumiers combattaient avec des soldats d'autres troupes et régiments comme le 4e Régiment de Spahis marocains, le 1er Régiment de Tirailleurs marocains, le 1er Bataillon de Choc, quelques éléments de l'Artillerie de Montagne. Cela constituait une force d'un millier de combattants. Quant aux résistants, ils avaient été évalués à 11700. Le 13 septembre, les hommes du 1er Bataillon de Choc débarquent à Ajaccio, au nombre de 500. Puis, dans les jours qui suivent, débarquent à leur tour les spahis, les goumiers, les tirailleurs. 6000 hommes venaient ainsi appuyer la résistance qui avait été rejointe par les soldats italiens antifascistes dont l'apport était décisif.

Les combats du nord de l'île


Début octobre, les Allemands de la 90e Panzergrenadier Division font savoir à leurs ennemis qu'ils veulent quitter la Corse pour rejoindre l'Italie. Les Goumiers sont désormais guidés dans leur avance par les résistants. Leur but ? Conquérir les crêtes qui surplombent Bastia afin d'infliger aux troupes nazies un maximum de pertes. Les cols, défendus par des canons allemands, occupent des situations stratégiques. Le matériel des goumiers est transporté à dos de mulets donnés par des Corses. Le 30 septembre commence la bataille de Bastia.
Elle se déroule sous les trombes d'eau et dans la boue, sans aucun soutien aérien des troupes au sol.

Le récit de Maurice Choury


Voici le récit donné par Maurice Choury dans Résistance en Corse : « Au moment où elle débute [la bataille, la 90e Panzer est presque entièrement évacuée. Il reste encore quelques milliers d'hommes de la Sturmbrigade de S.S. Reichsführer dont les arrière-gardes font preuve d'un réel mordant. Le 29, le 1er bataillon du Ier R.T.M. libère Rutali. Les habitants fournissent leurs mulets pour le transport des vivres et des munitions et des patriotes guident la 1re compagnie vers le col de San Stefano (349 mètres) défendu par une cinquantaine d'Allemands et deux canons de 75. Le lendemain à l'aube après un combat acharné les tirailleurs marocains du capitaine Morand atteignent le col et capturent les onze S.S. survivants.

Le 1er octobre, goumiers, spahis et Italiens contrôlent le carrefour de Patrimonio. Les patriotes du hameau de Poggio guident les goumiers vers le col de Teghime où l'ennemi est retranché dans de solides blockhaus hérissés de mitrailleuses, de canons de 75, de 105 et de quatre grands obusiers de 152. Le temps est épouvantable. Le ravitaillement arrive mal. Les goumiers doivent conquérir les crêtes une à une.

A l'aube du 2 octobre, le 47e goum approche du mont Secco (662 mètres) quand le brouillard se lève, l'offrant en cible aux Allemands. Les Marocains perdent vingt-cinq hommes. Ils enlèvent quand même le Secco avec le concours de l'artillerie italienne et de renforts. Devant la ruée des Marocains, les Allemands, pour éviter le corps à corps, décrochent vers 16 heures de ce col de Teghime que la voix populaire appelle aujourd'hui le col des Goumiers.

La libération de Bastia


Dans le même temps, la division italienne Pedrotti force le barrage de Barchetta, enlève Casamozza le lendemain et, appuyée par les patriotes, elle libère Borgo à midi. Les « chocs » font le circuit du cap Corse et se heurtent à la résistance ennemie à Pietracorbara. Le 3 octobre au soir, les tirailleurs marocains atteignent Furiani et les goumiers occupent Cardo. Le 4 octobre, à l'aube, le capitaine Then et le sergent-chef Mignou, à la tête du 73e goum, pénètrent dans Bastia vide d'ennemis et à 6 h 30 hissent le drapeau national au balcon de l'hôtel de ville. La 22e division italienne est stoppée à la hauteur de Biguglia « pour éviter l'encombrement ». Chocs, spahis, goumiers dévalent vers la ville. Bastia est libérée. La Corse est débarrassée de l'occupant. Les goumiers marocains appartiennent désormais à l'histoire de notre île tout comme ces Italiens antifascistes.

GXC
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