• Le doyen de la presse Européenne

Un nouvel Hercule Poirot

Meutres à Kingfisher Hill . Sophie Hannah écrivain britanique , a décidé de reprendre le personnage d'Hercule Poirot..


Un nouvel Hercule Poirot

Sophie Hannah, écrivain britannique, a décidé de reprendre le personnage d’Hercule Poirot avec l’accord de la famille. Elle a publié une nouvelle enquête du fameux détective dénommée : Meurtres à Kingfisher Hill. C’est une réussite.

On suit l’intrigue sans difficulté, l’atmosphère est bien rendue quoiqu’on puisse regretter çà et là quelques impropriétés de style et facilités du langage parlé, dûes peut-être à la traduction. Notons que pour se faire pardonner d’écrire convenablement, il est parfois sacrifié à la mode de parsemer le texte, dont on est l’auteur, de laideurs conformistes proches de la vulgarité, pour démentir le soupçon d’élitisme. L’ensemble est réussi cependant. Le parti pris de vulgarité est un avatar de ce que le politiquement correct croit être la démocratie, comme le pantalon en toile de jean déchiré au genou. Le beau est tout aussi suspect que le vrai ; Eric Zemmour en fait aujourd’hui l’expérience.

A quoi peuvent donc servir alors les proclamations présidentielles sur les vertus républicaines, quand le mensonge par omission est institué en impératif catégorique ?

Le détective se fait sentir en cette occurrence par son absence. A quand une enquête française consacrée aux mensonges de la République ? Ah ! Poirot ! Reviens vite, on a besoin de toi. On notera au passage que le journaliste dont j’a cité le nom fait l’objet, quant à lui, de procès télévisés qui passent en boucle sur les chaînes de télévision, sans bénéficier pour ce qui le concerne de l’adjectif « présumé », pour qualifier son délit éventuel, quand l’agresseur de Charlie Hebdo, lui, pris et arrêté sur le fait s’est vu décocher à profusion la protection de ce qualificatif. Qu’on permette au présumé nigaud qui signe cette chronique de s’en étonner. Marat disait « dindons vont en troupe ». C’est de plus en plus vrai.

Le Président de la République s’est attaqué dans son discours fleuve à l’islamisme politique en découvrant à son tour la situation du pays. Les moyens seront-ils à la hauteur du défi, ou resteront-ils une série de vœux pieux ? Tout dépendra bien évidemment de l’exécution des solutions préconisées. Il y a tout lieu de penser, hélas, qu’un risque important existe pour que le remède envisagé ne puisse être administré au patient, en raison de la multiplicité des obstacles que la paresse intellectuelle et les idées préconçues de la bonne société bien pensante ne manqueront pas de lui opposer. A supposer même qu’il se trouve une majorité pour voter un texte pareil. Ce n’est hélas pas le dire qui pêche, c’est le faire. L’incantation à la République et à ses vertus est en passe de devenir la prière à la mode pour des hommes politiques qui n’ont malheureusement pas lu La Fontaine, qui écrit dans un vers célèbre : « Aide-toi et le ciel t’aidera ». Mais voilà, quand nous aiderons-nous nous mêmes ? Au delà des styles et des résolutions, ce qui est vrai pour la grande nation l’est aussi pour la petite que nous sommes. Prenons conscience enfin, que plus que jamais le diagnostic qui va à l’une s’applique à l’autre. C’est Alain Peyrefitte qui, « Dans le mal français » avait diagnostiqué que les maux dont souffrait la France affectaient la Corse en réduction. Pour autant, c’était une belle analyse qui méritait d’être écoutée.

Le romain avait édicté un adage primum vivere, qui devait être lu ainsi : primum agere. D’abord il faut agir. La forme institutionnelle dont les démocraties occidentales ont dorénavant habillé l’Etat permet-elle encore l’action ? Qu’en pensent les mânes de Bonaparte ?

Il me souvient qu’à la suite d’un exposé sur les mérites comparés des entreprises de percement des deux canaux de Suez et de Panama, devant la réussite de l’un et le fiasco de l’autre, l’orateur avait prononcé cette phrase, ô combien dérangeante, pour les oreilles d’aujourd’hui : l’Empire ou la République, est-il besoin de conclure ? Mais nous parlons d’ordre public plus que de grands travaux dans la présente chronique ! Et pourtant, le chantier que le Président propose a la même logique : restaurer et refonder. A l’heure de la construction européenne, tandis que la Grande Bretagne s’éloigne irrémédiablement, se pose la question cruciale de la coordination des énergies.

La perspective soulignée en son temps par l’historien Louis Halphen, à propos du legs de Charlemagne et la naissance de la France en 843 avec le testament de Louis le Pieux retrouve son actualité: Le Royaume ou l’Empire, face à la montée en puissance du monde islamique.



Jean-François Marchi






Partager :