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Galerie Noir et Blanc / trois artistes : trois univers singuliers jusqu'au 14 novembre

Galerie Noir et Blanc : À l'horizon .. de gros soucis !

Galerie Noir et Blanc

A l’horizon… de gros soucis !


Lieu vivant et accueillant, voilà deux adjectifs qui résument bien la Galerie Noir et Blanc de Bastia. Lieu étonnant, surprenant, où l’on peut découvrir des œuvres délicates ou détonnantes, sensibles ou interloquantes. Lieu situé sur la place du Marché où le dimanche se retrouvent les Bastiais pour discuter, s’interpeler. Lieu d’aujourd’hui qui perpétue les coutumes d’hier. La ville n’est-ce pas d’abord le marché et l’échange !


L’échange, maître mot de la Galerie Noir et blanc où l’art plastique est décliné en des styles et des formes plurielles. Façon de renouveler des manières d’être de l’ici et de l’ailleurs. Façon de s’interroger. Façon d’observer. Façon d’admirer si vibre l’émotion du visiteur sur un rythme grave ou intense, joyeux ou gracile. La Galerie Noir et Blanc nous offre toujours desparcours émotionnels qui invitent aussi à la réflexion…

Actuellement,
au programme de la galerie, que dirige France Anne Van Peteghen, trois artistes très différents dans leur expression artistique, ce qui n’est pas sans susciter un moindre intérêt. On a en présence de trois univers singuliers. Au rez-de-chaussée Chantal Pantanacce nous propose de détecter ce qui se cache dans son exposition intitulée, « Sensibleu » et c’est vrai que cette couleur bleue baigne et embrasse toutes ses réalisations, qui expriment une délicatesse tendre et pluie de questions sur l’existence ou son inéluctable fin. L’artiste se polarise sur la lumière, sur ce quelque chose qui appelle les odeurs. On peut également percevoir dans ses tableaux une sérénité, une hauteur d’âme, une recherche d’absolu.

Au sous-sol on a rendez-vous avec Isabella Belcarz. Cracovienne de naissance son itinéraire artistique est passé par Rennes et finalement par L’Ile Rousse. Chez elle se révèle une économie, une parcimonie de moyens qui touche à une sorte d’ascétisme. Le noir et le blanc constituent autant sa devise que sa référence incontournable. Du noir et du blanc s’orchestrant en camaïeux de gris fréquemment lumineux. Du noir et du blanc incarnées dans des particules spécifiques à la physique pour fusionner à la ligne d’horizon de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Ses œuvres qui voguent de l’abstrait à un certain figuratif intriguent et interrogent sur le monde que nous vivons.

Troisième artiste à venir se joindre aux deux autres partitions esthétiques : Anghjulu MarcuCosta. Né en 1998, il est enfant de Pianellu en Castagniccia. Son univers extraordinaire est peuplé de sorcières, de féticheuses, de princesses bizarres, d’humains qui se transforment en animaux et inversement. On y côtoie encore des rondes chatoyantes de robots, d’humanoïdes. Les scènes, que cet artiste croque, sont envahies de tentures, de vitraux, des décors lourds presque oppressants d’où surgissent des femmes aux nez mués en becs où aux profils énigmatiques. Costa est un artiste à part parce qu’il évolue dans un fantastique qui n’appartient qu’à lui. Etonnantes encore ses couleurs flamboyantes.

Michèle Acquaviva-Pache

L’exposition dure jusqu’au 14 novembre.

ENTRETIEN AVEC FRANCE-ANNE VAN PETEGHEN


Quelle est la caractéristique première de la Galerie Noir et blanc ? Quand avez-vous quitté la petite rue logeant l’église de l’Assomption pour vous installer sur le Marché ?
Notre caractéristique est d’être la seule galerie associative de Corse. Nous nous sommes implantés dans le cadre merveilleux et vivant du marché le 1er mai 2018 ; Il y a donc cinq ans.

Avez-vous autant gagné en superficie qu’en localisation ? Comment avez-vous pensé le lieu ?
Nous sommes passés de 100 mètres carrés à 300 ! Nous disposons de cinq salles : trois en bas, deux en haut. Un emplacement est aussi réservé à la Fondation Umani dont nous exposons des artistes. Nous vendons également leurs œuvres ce qui aide cette institution privée. En haut nous pouvons montrer le travail de deux artistes. En bas de deux ou trois créateurs.

Avez-vous des projets de transformation ?
En janvier nous allons organiser une grande exposition des artistes permanents de la galerie. Elle sera gratuite et va présenter une centaine de peintres, de dessinateurs, de sculpteurs… Jean Marie Zacchi, plasticien renommée, va se charger de sélectionner les réalisations.

Qu’apportent à la Galerie Noir et Blanc les jours de marché très fréquentés par les Bastiais ?
Le marché, très agréable, apporte beaucoup de vie. La terrasse du café voisin est toujours pleine. De nouveaux visages entrent dans la galerie. Nos visiteurs réguliers se pressent. Des curieux s’attardent à regarder tableaux ou sculptures. Nos collectionneurs réguliers, qui ont l’habitude des acquisitions, pointent le bout de leurs nez. L’ambiance est très sympathique.


Quel est le public de la galerie ?
Je les rangerai en plusieurs catégories : les regardeurs, les collectionneurs passionnés d’art, les visiteurs qui cherchent un cadeau à offrir pour une fête ou un anniversaire… Recevoir une toile est un plaisir rare… Quant aux artistes ils aiment être vus chez nous et nous confientqu’ils se sentent bien à la galerie.


Comment gérez-vous le lieu ?
Nous sommes une association loi 1901 avec un président, un bureau, une directrice bénévole, moi en l’occurrence ! Pendant deux ans nous avons pu avoir un poste aidé tenu par Zelda Colonna-Desprats mais faute de moyens, avec regrets, nous n’avons pu le maintenir. Le bail de notre local est détenu par la mairie de Bastia, nous en sommes sous-locataires. Le loyer est d’ailleurs important… Nous pouvons heureusement compter sur le soutien de bénévoles qui nous aident à l’accrochage des expositions et à leur décrochage. Nos expositions sont visibles un mois durant. Pour Noël et pour le festival, Arte Mare, nous organisons des mostrationscollectives. Alternativement nous participons aux salons, « Réalités nouvelles » et « Comparaisons ». En juin prochain nous déploierons un festival d’été qui se déroulera dans les églises du Cap Corse, dans le cadre de la valorisation du patrimoine. Nous prévoyons des expos de trois ou quatre jours doublés de concerts.


Avec qui avez-vous noué des partenariats ?
Avec le Conservatoire Henri Tomasi dont les musiciens jouent tous les quinze jours à la galerie. Avec La Fondation Umani et le festival Arte Mare.


De quelle manière s’effectue le choix des artistes exposés ?
Les artistes nous envoient leur dossier comprenant des photos, des notices explicatives de leur travail, des indications biographiques. Le choix revient au comité de sélection. Pour 2024 notre planning est bouclé. On reçoit d’ores et déjà les candidatures pour 2025.


Dans vos expositions recherchez-vous la variété des styles ou des points communs artistiques ?
Comme directrice j’ai un poids certains dans les artistes retenus. Or, mes goûts sont hétéroclites. Les œuvres doivent me toucher. Il faut qu’elles me fassent vibrer. Je refuse de montrer ce qui ne me plaît pas !


Continuez-vous vos activités parallèles aux expositions ?
Nous poursuivons notre collaboration avec le Conservatoire. Nous avons dû suspendre pour l’heure les cours d’art plastiques et les conférences thématiques. Mais nous sommes prêts à les reprendre… si nous en avons les moyens.


En cette période peu faste économiquement la gestion de la galerie est-elle difficile ?
Si nous n’avions pas à payer le loyer ce serait bien ! Maintenant nous ne pouvons fonctionner qu’avec des bénévoles…

Etes vous aidé par les institutions publiques ?
On a le soutien du maire et nous en sommes heureux… si n’était le tracassant problème du loyer. La C d C est pour l’instant aux abonnés absents mais nous renouvelons nos demandes de subventions. Au fond, c’est de la réceptivité de la Collectivité de Corse que dépend la survie de notre galerie associative !

Votre souci n°1 ?
L’argent… Les artistes, eux, sont là avec leur talent, leur originalité, la consistance de leurs œuvres dont témoigne Jean Marie Zacchi, qui préside notre comité de sélection et qui a piloté sur Paris de nombreux organismes similaires.

Propos recueillis par M. A-P














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