Hassan Nasrallah : pas forcément folle la guêpe, mais.......
Le guide du Hezbollah libanais fait planer la menace d'une << guerre totale >>
Hassan Nasrallah : pas forcément folle la guêpe, mais...
Le guide du Hezbollah libanais fait planer la menace d’un « guerre totale » sans avoir forcément envie d’en découdre. Mais la décision ne lui appartient pas...
Le 3 de ce mois, le guide du Hezbollah libanais a pris la parole. Les grandes lignes du discours n’ont guère surpris. Hassan Nasrallah a bien entendu loué l’action du Hamas du 7 octobre et avancé une argumentation négationniste concernant les atrocités commises. Il a salué « un acte d’héroïsme » ayant révélé « la faiblesse » et
« la fragilité » d’Israël. Il a accusé Israël d’être responsable de la mort des civils : « Tous les civils sont morts sous les balles et les missiles de l’armée israélienne qui se comportait de manière folle ». Hassan Nasrallah a bien entendu usé de la menace et de la bravade. Il a brandi l’éventualité « d’une guerre totale ». Il a souligné que le Hezbollah ne craint rien ni personne, pas même les USA : « Les menaces contre nous ne servent à rien. Vos forces navales en Méditerranée ne nous effraient pas et ne nous ont jamais effrayés ». Hassan Nasrallah s’est bien entendu fait accusateur. Il a accusé la communauté internationale d’avoir délaissé la cause palestinienne. Il a dénoncé la politique « barbare et brutale » d’Israël (milliers de palestiniens emprisonnés, annexion de Jérusalem-Est, blocus de Gaza, colonisation de la Cisjordanie). Il a affirmé que « l’Amérique est ce qui empêche un cessez-le-feu à Gaza ». Il a critiqué l’attitude des pays arabes et islamiques, leur signifiant qu’il « ne suffit pas de condamner »
mais qu’il faut « prendre ses responsabilités pour mettre fin à l’agression de Gaza et aider le Hamas à obtenir la victoire ». Enfin, et encore bien entendu, Hassan Nasrallah a mis en exergue « l’importance » de l’engagement militaire du Hezbollah, en soulignant que celui-ci fixe une partie des forces israéliennes sur le front libano-israélien et que plusieurs dizaines de ses combattants sont tombés depuis le 7 octobre.
Ce n’est pas nous, c’est eux
Cependant, après avoir loué l’action du Hamas, Hassan Nasrallah a affirmé que l’attaque du 7 octobre avait découlé d’une « décision 100 % palestinienne » et que « le secret entourant cette opération a garanti son succès ». Façon très subtile et diplomatique de souffler à la communauté internationale et plus particulièrement aux USA et à Israël susceptibles d’exercer des représailles : ce n’est pas nous, c’est eux. Ce positionnement a d’ailleurs fait écho à celui de l’Iran. Pourquoi cette prudence ? Des observateurs libanais considèrent que, malgré leur bellicisme affiché, le Hezbollah et son mentor le régime iranien ont a priori intérêt au statut quo et ils l’expliquent ainsi : les accrochages à la frontière libano-israélienne suffisent pour prouver une solidarité effective du Hezbollah avec le Hamas et préserver le leadership de l’Iran au sein de l’axe de la Résistance face à Israël ; laisser planer une menace d’embrasement général incite les USA à ménager l’Iran ; en rester à des accrochages, évite au Liban de payer le prix d'une « guerre totale ». On peut ajouter à cette explication que l’actuel conflit de basse intensité permet au Hezbollah chiite de conserver la puissance militaire avec laquelle il tient en respect non seulement l’État libanais mais aussi les communautés maronite, druze, sunnite et son allié-rival le parti chiite Amal. Le maintien du statut quo n’est cependant pas assuré. Tant que la guerre dans la Bande de Gaza continuera, l’évolution de la situation peut devenir incontrôlable. « On peut craindre une sorte d’effet boule de neige qui fait que parfois, on n'arrive pas à maîtriser l'escalade » prévient le politologue franco-libanais Khattar Abou Diab (entretien accordé au quotidien libanais L’Orient-Le jour). Il est à craindre aussi que pour des considérations de politique interne ou extérieure, l’Iran pousse le Hezbollah à un affrontement à grande échelle avec l’armée israélienne. Le parti chiite ne pourra pas refuser car, même si le guide Hassan Nasrallah est une guêpe qui n’est pas forcément folle, il n’est qu’une guêpe ouvrière. La reine est à Téhéran.
Alexandra Sereni
Le guide du Hezbollah libanais fait planer la menace d’un « guerre totale » sans avoir forcément envie d’en découdre. Mais la décision ne lui appartient pas...
Le 3 de ce mois, le guide du Hezbollah libanais a pris la parole. Les grandes lignes du discours n’ont guère surpris. Hassan Nasrallah a bien entendu loué l’action du Hamas du 7 octobre et avancé une argumentation négationniste concernant les atrocités commises. Il a salué « un acte d’héroïsme » ayant révélé « la faiblesse » et
« la fragilité » d’Israël. Il a accusé Israël d’être responsable de la mort des civils : « Tous les civils sont morts sous les balles et les missiles de l’armée israélienne qui se comportait de manière folle ». Hassan Nasrallah a bien entendu usé de la menace et de la bravade. Il a brandi l’éventualité « d’une guerre totale ». Il a souligné que le Hezbollah ne craint rien ni personne, pas même les USA : « Les menaces contre nous ne servent à rien. Vos forces navales en Méditerranée ne nous effraient pas et ne nous ont jamais effrayés ». Hassan Nasrallah s’est bien entendu fait accusateur. Il a accusé la communauté internationale d’avoir délaissé la cause palestinienne. Il a dénoncé la politique « barbare et brutale » d’Israël (milliers de palestiniens emprisonnés, annexion de Jérusalem-Est, blocus de Gaza, colonisation de la Cisjordanie). Il a affirmé que « l’Amérique est ce qui empêche un cessez-le-feu à Gaza ». Il a critiqué l’attitude des pays arabes et islamiques, leur signifiant qu’il « ne suffit pas de condamner »
mais qu’il faut « prendre ses responsabilités pour mettre fin à l’agression de Gaza et aider le Hamas à obtenir la victoire ». Enfin, et encore bien entendu, Hassan Nasrallah a mis en exergue « l’importance » de l’engagement militaire du Hezbollah, en soulignant que celui-ci fixe une partie des forces israéliennes sur le front libano-israélien et que plusieurs dizaines de ses combattants sont tombés depuis le 7 octobre.
Ce n’est pas nous, c’est eux
Cependant, après avoir loué l’action du Hamas, Hassan Nasrallah a affirmé que l’attaque du 7 octobre avait découlé d’une « décision 100 % palestinienne » et que « le secret entourant cette opération a garanti son succès ». Façon très subtile et diplomatique de souffler à la communauté internationale et plus particulièrement aux USA et à Israël susceptibles d’exercer des représailles : ce n’est pas nous, c’est eux. Ce positionnement a d’ailleurs fait écho à celui de l’Iran. Pourquoi cette prudence ? Des observateurs libanais considèrent que, malgré leur bellicisme affiché, le Hezbollah et son mentor le régime iranien ont a priori intérêt au statut quo et ils l’expliquent ainsi : les accrochages à la frontière libano-israélienne suffisent pour prouver une solidarité effective du Hezbollah avec le Hamas et préserver le leadership de l’Iran au sein de l’axe de la Résistance face à Israël ; laisser planer une menace d’embrasement général incite les USA à ménager l’Iran ; en rester à des accrochages, évite au Liban de payer le prix d'une « guerre totale ». On peut ajouter à cette explication que l’actuel conflit de basse intensité permet au Hezbollah chiite de conserver la puissance militaire avec laquelle il tient en respect non seulement l’État libanais mais aussi les communautés maronite, druze, sunnite et son allié-rival le parti chiite Amal. Le maintien du statut quo n’est cependant pas assuré. Tant que la guerre dans la Bande de Gaza continuera, l’évolution de la situation peut devenir incontrôlable. « On peut craindre une sorte d’effet boule de neige qui fait que parfois, on n'arrive pas à maîtriser l'escalade » prévient le politologue franco-libanais Khattar Abou Diab (entretien accordé au quotidien libanais L’Orient-Le jour). Il est à craindre aussi que pour des considérations de politique interne ou extérieure, l’Iran pousse le Hezbollah à un affrontement à grande échelle avec l’armée israélienne. Le parti chiite ne pourra pas refuser car, même si le guide Hassan Nasrallah est une guêpe qui n’est pas forcément folle, il n’est qu’une guêpe ouvrière. La reine est à Téhéran.
Alexandra Sereni