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Vous avez dit décentralisation ?

Une simplification de l 'organisation territoriale.......

Vous avez dit décentralisation ?



Alors que la Corse continue, avec une certaine lassitude désormais, un compte rendu des fameuses discussions qui auraient lieu entre l'exécutif de la Corse et le ministre de l'Intérieur, Emmanuel Macron a demandé à Éric Woerth de réfléchir à « la simplification de l’organisation territoriale en vue de réduire le nombre de strates décentralisées aujourd’hui trop nombreuses » ainsi qu'à « la valorisation » de la fonction d’élu. Pour Emmanuel Macron, toute l'architecture territoriale serait à repenser car elle serait source de confusion et de dépenses inutiles. Selon lui, l’organisation actuelle diluerait les responsabilités et, mieux encore nourrirait la défiance des citoyens.


La faute aux départements


Le mauvais climat entre citoyens et pouvoir central serait donc uniquement causé par un mauvais agencement des structures de décision. Élémentaire non. Il suffirait donc de rebattre les cartes et de mieux les distribuer pour que la machine reparte comme en quarante. Que n'y a-t-on pensé plus tôt ? Las, les présidents de départements, réunis du 8 au 10 novembre à Strasbourg pour leurs assises annuelles, y ont tout de suite perçu une menace majeure et en réunion craignant que leurs collectivités soient menacées de disparition. Ils ont tout aussitôt fait savoir que l'État s'apprêtait à mettre la main sur certaines responsabilités jusque-là à la charge des départements afin de faire main basse sur les finances. Le président LR du Sénat, présent à Strasbourg, a renchéri affirmant qu'il était nécessaire de mettre fin à une gouvernance verticale, à cette centralisation bureaucratique. Même les socialistes ont dénoncé l'immensité des régions qui auraient plus que jamais besoin de pouvoirs intermédiaires. Venue le 10 novembre à Strasbourg, la première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé le déblocage de crédits nouveaux en faveur des départements et tenter d'éteindre l'incendie en soulignant que le département était le niveau « du quotidien », de « l’humain », un échelon indispensable pour l’action publique locale ».

La Corse un exemple hésitant de décentralisation


En 2003, la Corse votait contre la proposition de disparition des départements. Le 1er janvier 2018, l'article 72 de la Constitution prévoyait en lieu et place de la collectivité territoriale de Corse (CTC) et des départements de Corse du Sud et de Haute-Corse, la Collectivité de Corse, la CDC. Qu'en est-il depuis ? La Corse continue en partie de raisonner avec ses membres départementaux fantômes. Là il devait y avoir des économies, il y a eu des surcoûts relativement importants. Les structures administratives ont été conservées jusqu'aux deux préfets ce qui dénote une incohérence locale mais aussi étatique. L'organigramme de la région n'est toujours pas établi. Aux dires du personnel, il règne à l'intérieur des murs de la CdC un curieux mélange de vide et de désordre le tout chapeauté par un pouvoir central très centralisateur. En d'autres termes, les anti-jacobins ont réussi à recréer à l'intérieur de leur institution une forme de jacobinisme. ET ce qui est vrai à l'interne l'est aussi à l'externe. La structure départementale n'a pas été remplacée sur le terrain et les regroupements de communes ont créé une nouvelle strate pour reprendre le vocabulaire présidentiel qui laisse planer la nostalgie de l'ordre ancien. Pour le coup, la disparition des départements, pierre angulaire du mouvement nationaliste depuis des lustres, ne convainc pas vraiment.

Un État vampire et une violence à fleur de peau


La France s'est fortement endettée et l'État cherche à faire des économies de tous côtés. Mais, sous l'apparence d'une décentralisation, il vise une recentralisation qui ne va pas dans le sens de la direction voulue par l'exécutif de Corse. Le pouvoir central n'avoir plus grand-chose à faire de la Corse. C'est un sujet subalterne tout au moins tant qu'il n'y a pas une résurgence de la violence. L'État négocie en apparence avec l'exécutif de Corse mais joue un double jeu qui pourrait s'avérer dangereux en cherchant à créer des contre-pouvoirs. Il donne de l'importance au pays ajaccien dont on connaît les mauvaises relations avec l'exécutif. Il nourrit ainsi la sphère politique de la nouvelle droite menée par Laurent Marcangeli. Il cherche à donner plus d'importance aux territoires revivifiant d'une certaine manière les fantômes départementaux. On peut désormais être certain que la Corse réformée ne ressemblera pas à celle espérée par les nationalistes. Handicapé par une lutte interne interminable, l'exécutif n'offrira toujours pas de solution aux domaines toujours en déshérence comme les déchets, l'énergie, les transports alors qu'une crise sociale majeure menace. C'est alors que la violence va devenir un véritable danger car un atout pour bien des acteurs insulaires depuis les indépendantistes jusqu'aux autonomistes, soucieux d'être les garants de la paix civile, comme hier les clans.

GXC
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