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La pillule a parfois du mal à arriver

Les pharmacies ont de plus en plus de mal à répondre à la demande de << médicaments de l'hiver >>
La pilule a parfois du mal à arriver

Les pharmacies ont de plus en plus de mal à répondre à la demande de « médicaments de l’hiver », mais aussi à des traitements à plus long cours. La pénurie de médicaments est un problème mondial qui touche tous les territoires, y compris la Corse. Question d’organisation.

Causes multiples

La pénurie est induite par une industrie pharmaceutique mondialisée, c’est-à-dire qu’un laboratoire ne fournit pas que la France, mais un ensemble de pays, les pays développés, mais aussi émergents où on consomme de plus en plus de médicaments. À l’échelle mondiale, la consommation de médicaments ne cesse de croître et l’industrie ne produit pas suffisamment pour répondre à l’ensemble de la demande mondialisée. La pénurie de médicaments est un problème qui peut toucher différents pays, y compris la France. Les causes de la pénurie de médicaments peuvent être multiples. D’une part, des interruptions de la production de médicaments peuvent survenir en raison de problèmes techniques, de pannes d'équipement, de problèmes de qualité, etc. Les normes et les réglementations en constante évolution peuvent entraîner des retards dans la mise sur le marché de certains médicaments. En outre, si les matières premières nécessaires à la fabrication de médicaments ne sont pas disponibles en quantité suffisante, cela peut entraîner une pénurie. Certains fabricants peuvent aussi prendre des décisions économiques, par exemple en arrêtant la production de médicaments peu rentables, ce qui peut conduire à des pénuries le temps que les médecins adaptent les protocoles de soins. Des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement et de distribution peuvent également contribuer à la pénurie de médicaments. Pour pallier ces problèmes et prendre d’éventuelles mesures correctives, les autorités sanitaires françaises, telles que l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), travaillent en étroite collaboration avec les fabricants et les distributeurs. Devant les pénuries de principes actifs pharmaceutiques au niveau mondial, la fabrication en France et la dispensation à l’unité peuvent apporter des solutions.

Consommation en hausse

Les pénuries de médicaments ont commencé il y a une dizaine d’années, lorsque la production des principes actifs, des médicaments matures et des génériques a été délocalisée en Chine et en Inde. Elles se sont aggravées depuis la crise du Covid. Un Français consomme en moyenne quarante-huit boîtes de médicaments par an. La France est le deuxième plus gros consommateur en Europe, derrière le Royaume-Uni. La pénurie mondiale de principes actifs qui dure depuis l’an dernier nous concerne donc au premier chef. Toutes les pathologies ou presque sont concernées Anticancéreux, antihypertenseurs, antalgiques, antidiabétiques, antibiotiques, antirejet, cortisone, amoxicilline… en 2022, il y avait 3 700 ruptures enregistrées en 2022, contre 700 en 2018 (selon les chiffres de l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé).

Pistes d’amélioration

Début octobre, l’ANSM a activé son plan hivernal antipénurie qui vise à surveiller de près les courbes d’approvisionnement par rapport aux besoins. Le site de l’agence rend compte de l’état des stocks. Face à ce manque de molécules qui a touché 37 % de Français - selon une étude France Assos Santé, en mars 2023 -, le gouvernement a décidé de relocaliser certaines productions comme le paracétamol. Une décision qui prendra du temps à se traduire sur le terrain. L’Union européenne prépare aussi un « paquet pharmaceutique » pour renforcer sa souveraineté de production et rendre les médicaments plus sûrs et accessibles. La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, s’est engagée à publier d’ici à la fin de l’année la liste, très attendue, des médicaments dont l’Europe sécurisera en priorité l’approvisionnement. Des mesures dont les patients et les médecins espèrent fébrilement la mise en œuvre concrète. En attendant, les principales organisations de pharmaciens et de l'industrie pharmaceutique, y compris les grossistes-répartiteurs, ont promis de mieux se coordonner, pour éviter que les patients se heurtent à l'indisponibilité de leur traitement. Une charte de bonnes pratiques entre industriels et pharmaciens, pour que les stocks soient mieux répartis entre les 20 500 officines du pays. En espérant que les 137 pharmacies insulaires ne soient pas oubliées.

Maria Mariana
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