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Majorité siméoniste : l'horrible trimestre

Confrontée à un feu roulant contre l 'ensemble de sa politique.......
Majorité siméoniste : l’horrible trimestre
D’octobre à décembre, la majorité siméoniste a été confrontée à un feu roulant contre l’ensemble de sa politique et à un contexte difficile.


Tout commence dans la nuit du 8 au 9 octobre, Le FLNC réalise et revendiquera plus d’une trentaine d'attentats dans toute l'île avec pour message « A Francia Fora ». Ces actions intervenues dix jours après la venue en Corse d'Emmanuel Macron qui a proposé une « autonomie dans la République », rappellent brutalement à la majorité siméoniste qui a favorablement accueilli la proposition du Président de la République, qu’elle ne fait pas l’unanimité au sein de la mouvance nationaliste et qu’elle est loin de pouvoir garantir la fin de la contestation violente et de la revendication indépendantiste. Quelques jours plus tard, le 15 octobre, plusieurs centaines de militants réunis à Corti affirment leur solidarité politique avec le FLNC, rejettent la politique de la majorité siméoniste et la délibération « Autonomia » de l’Assemblée de Corse du 5 juillet 2023, remettent sur la table la lutte de libération nationale (LLN) et la revendication indépendantiste, et annoncent la création du mouvement Chjama patriotta. Après la « nuit bleue », il est à nouveau signifié que Gilles Simeoni et ses partisans sont loin de maîtriser la situation.


Une gestion taillée en pièces


Le 12 novembre, la majorité siméoniste subit à nouveau le souffle du boulet. Réunis en cunsigliu à Ponte Leccia, les cadres du Partitu di a nazione corsa (PNC) confirment le soutien de leur parti la délibération « Autonomia » mais mettent en cause « l'inertie », « l'incompétence » et la « médiocrité » de la gestion siméoniste de la Collectivité de Corse et font grief à celle-ci de conduire la Corse dans une « impasse ». Président du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse, Jean-Christophe Angelini va jusqu’à affirmer : « Cette majorité autonomiste fait-elle bien les choses pour la Corse ? Non. Bien au contraire, et cette mauvaise gestion fait peser des menaces sur notre société. » Rien ne trouve grâce aux yeux des cadres du PNC : délégations de service public (DSP) aérienne, maritime et routière, politique de la langue corse, question foncières, politique sociale et bien d'autres traitements de dossiers sont jugés « bloqués » et donc passés à la moulinette de la féroce critique. Matière à ravir la droite qui, depuis des mois, dénonce et pilonne la gestion de la majorité siméoniste. Matière à faire douter les Corses que l’autonomie les rendra plus heureux. Mais matière aussi à fragiliser la crédibilité de l’ensemble des nationaliste dans les discussions avec l’État...


Que des des soucis !


Le 11 décembre, que des soucis. c’est Gérald Darmanin, l’interlocuteur majeur et peut-être le plus ouvert aux concessions de la majorité siméoniste, qui subit un important revers affaiblissant son autorité et sa crédibilité. L'Assemblée nationale adopte par 270 voix contre 265 une motion de rejet préalable au projet de loi immigration, infligeant ainsi une très lourde défaite politique au gouvernement. Ce même 11 décembre, le think tank de gauche Fondation Jean Jaurès propose « un compromis pour la Corse » a minima. Il préconise en effet une autonomie sans statut de résident et sans coofficialité. Le lendemain, encore une mauvaise nouvelle pour le camp siméoniste. Le conseiller territorial Pierre Ghionga qui avait quitté le groupe Un Soffiu Novu pour soutenir la délibération « Autonomia », adopte une position intransigeante représentant une critique implicite des tentatives de la majorité siméoniste de trouver un consensus au moins avec une partie de la droite : « L'inscription de la Corse à un article, ce n'est pas une vraie autonomie […] L'article, ce n'est pas une vraie autonomie. Avec un titre, comme en Nouvelle Calédonie, la problématique change du tout au tout et dans ce cadre-là, on peut insérer le statut de résident […] Quant à la coofficialité, que j'ai portée en 2013, il vaut mieux qu'elle évolue vers ce qu'on appelle une officialité territoriale. C'est-à-dire que le corse sera officiel sur le seul territoire de la Corse. »
Très en verve, Pierre Ghionga prolonge son propos en taillant lui aussi en pièces la gestion siméoniste : « L'objectif premier de la collectivité unique était de faire des économies d'échelle, notamment en matière d'effectifs. Or, aujourd'hui, non seulement les effectifs cumulés des 3 anciennes collectivités n'ont pas diminué, mais ils ont augmenté […] Je pense que mes amis nationalistes ont été rattrapés par la réalité de la Corse et se sont rendus compte qu'on pouvait facilement répondre aux sirènes clientélistes, pour reprendre leur vocabulaire d'avant. Ils se sont coulés dans le système existant ».


Core in Fronte se fâche


Enfin, encore un souci, le 13 décembre, Core in Fronte se fâche. A l'occasion d'une conférence de presse, le parti de Paul-Félix Benedetti dénonce un risque de « vente à la découpe du projet patriotique » et, aussi, menace de se retirer des discussions avec Paris : « Il sera pour nous préférable de nous désengager plutôt que de renier nos convictions au prix d’un vil accord de confort ». La prise de position de Core in Fronte Core in Fronte est motivée par le fait que Paul-Félix Benedetti et ses partisans jugent incompatible la vision nationaliste et celle de la droite et inacceptable un compromis : « La délibération du 5 juillet ne peut faire l'objet d'aucune compromission ou marchandage politicien avec la droite insulaire, au prétexte qu’il faudra l’aval du Sénat tenu par leurs amis […]
Si les conférences du mercredi se dirigent dans un sens contraire à l'esprit de la délibération du 5 juillet quant à la recherche d'une véritable solution politique, Core In Fronte saura prendre, une nouvelle fois, toutes ses responsabilités. Il sera pour nous préférable de nous désengager plutôt que de renier nos convictions au prix d’un vil accord de confort."
quel horrible trimestre pour Gilles Simeoni et ses partisans !


Pierre Corsi
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