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Quand la Corse rayonne

Depuis 2009, le 9 janvier est devenu la journée mondiale de la Corse

Quand la Corse rayonne


Depuis 2009, le 9 janvier est devenu la journée mondiale de la Corse. Elle a été initiée par le cinéaste Magà Ettori dans le cadre du centenaire de la naissance de la résistante Danielle Casanova. Cette première journée s’était faire sur le thème, « la Corse qui résiste, la Corse qui gagne ». Il est bon de rappeler que la Corse a marqué l’histoire autrement que par les clichés de paresse ou de violence.


Terre démocratique

Souvent on parle à tort de la France comme première nation à avoir adopté la première constitution démocratique en 1791, reléguant aux oubliettes cette de la Corse, que Pascal Paoli a rédigée en italien, le 18 novembre 1755, en opposition à la République de Gênes, à laquelle la Corse appartient. Cette première constitution donnait le droit de vote aux femmes, deux siècles avant la France. Pour étoffer le premier texte, un autre homme illustre y a travaillé : Jean-Jacques Rousseau, alors exilé en Suisse. Mais le texte ne sera jamais mis en application, la France de Louis XV ayant racheté la Corse à Gênes, alors en manque de fonds. La France annexe donc la Corse en 1769 et Pascal Paoli s’exile en Angleterre. Il deviendra une source d’inspiration pour les Fils de la Liberté, ces révolutionnaires américains qui vont conduire à l’Indépendance des États-Unis. Cela explique pourquoi cinq villes américaines portent le nom de Paoli. Après ce grand homme, un autre Corse a marqué l’histoire, Napoléon, et son clan. Depuis ces temps napoléoniens, les Corses ont occupé les postes les plus prestigieux de l’État français, bien au-delà de leur importance effective. La diaspora s’impose et réussit, les « colonisés » se sont transformés en « colonisateurs », hier à Paris, aujourd’hui rayonnant dans le monde entier. La diaspora corse compte selon les estimations entre 1 000 000 et 2 000 000 de personnes issues de l'émigration des Corses dans le monde, dont environ 1 000 000 en France continentale, 300 000 en Sardaigne, avec environ 200 000 corsophones en Gallura.

Terre de résistance

La première journée mondiale de 2009 était sur le thème, « la Corse qui résiste, la Corse qui gagne », en hommage à Danielle Casanova, une icône majeure de la résistance. Depuis l’occupation de Gênes, l’italophobie fait partie de la spécificité sociale corse, expression à la fois du patriotisme des Corses et de leur corsitude. Autre fait marquant de cette guerre, la Corse est le seul département français qui n'a ni arrêté ni déporté de juifs durant la Shoah. Déjà au XVIIIe siècle, les juifs persécutés partout en Europe avaient trouvé refuge dans la Corse de Pascal Paoli. Pendant la Première Guerre mondiale des juifs s’étaient également réfugiés en Corse. Traditionnellement terre d'accueil, l'île de Beauté a servi de refuge durant la Seconde Guerre mondiale à de nombreux Juifs. Protégés au plus haut échelon de l'administration locale et par les Corses eux-mêmes, ils ont échappé à la déportation. Une première reconnaissance officielle de la Corse comme terre d'accueil et de sauvetage des Juifs a lieu en octobre 2010.

Corsitude

La corsitude est un système de valeurs, familiales et amicales, un ensemble des spécificités du caractère, de l'âme corse, un sentiment d’appartenance à une communauté ou une nation corse. Elle est tellement complexe qu'elle est difficile à comprendre de l'extérieur. Car, il n’y a pas un Corse, mais des Corses, c’est une identité multidimensionnelle, au croisement des questions de laïcité, de religion, de traditions, avec celles du nationalisme et de la franc-maçonnerie. Pour le seul Grand Orient de France, on compte dix loges. La maçonnerie du GODF ne faisant pas l’unanimité sur l’île, les obédiences foisonnent et ont une influence qui n’est guère comparable à celle qu’elles ont sur le continent. Cet engouement franc-maçon fait écho à l’importance des confréries aux XVIIe et XVIIIe siècles. On trouve aujourd’hui plus de 70 confréries actives ; il y a sans nul doute autant de confrères en Corse que de maçons. Aujourd’hui, la crise sociale, l’augmentation de la pauvreté et l’absence de perspectives alimentent une menace identitaire, avec un repli sur soi de part et d’autre et des minorités plus visibles. Pourtant, la Corse est une île, et cette insularité lui confère une unité territoriale évidente. La tentative identitaire magnifie l’âme corse. Pourtant, avoir un fort sentiment d’appartenance à une communauté ne transforme pas nécessairement en communautarisme.

Maria Mariana
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