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Darmanin , le coup du lapin ?

Une volonté et un optimisme louables mais ......

Darmanin, le coup du lapin



Les élus du groupe Fà Populu Inseme à l’Assemblea di Corsica ainsi que les militants et responsables de Femu a Corsica veulent encore croire que le lapin posé par le ministre, ne sera qu’un coup du lapin sans conséquence dicté par une irritation passagère et qu’une minerve sera trouvée pour y remédier. Une volonté et un optimisme louables mais…


Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin devait se rendre chez nous mercredi 7 et jeudi 8 derniers afin de poursuivre le dialogue État-élus de l’île et de faire « un point d’étape » des travaux visant à élaborer un texte le plus consensuel possible portant sur la réforme constitutionnelle et l’évolution des institutions de la Corse. Il a renoncé. Ses services ont d’abord indiqué que « les conditions sereines ne sont pas réunies », que le déplacement était reporté de « quelques semaines » et que néanmoins le ministre consulterait des élus corses à Paris. Ils ont plus tard précisé que la décision du ministre était motivée par l'absence de condamnation « par les responsables politiques insulaires » de « l’envahissement de la propriété du garde des Sceaux » à Centuri par des militants de Core in fronte. Le parti de Paul-Félix Benedetti a réfuté cette explication en répondant que le gouvernement créait lui-même « une situation de tension avec sa répression provocatrice » et jouait « la carte du pourrissement et de la tension répressive pour faire échouer les discussions ». En réalité, l’opération menée par Core in fronte, même si l’intrusion a représenté un camouflet pour l’État vu que le Garde des sceaux est loin d’être le moindre des ministres, n’a probablement été qu’un prétexte d’annulation. La raison du lapin posé par le ministre a sans doute été, comme l’ont évoqué plusieurs sources et observateurs, l'insuffisante avancée des élus de Corse concernant l’élaboration de la copie largement consensuelle que l’État leur a demandé de remettre.


Parvenir à un large consensus semble relever de la gageure


En effet, l’impossibilité des élus corses de trouver un terrain d’entente n’est à ce jour pas surmontée. La majorité siméoniste et son parti Femu a Corsica sont certes disposés à des concessions, y compris en rognant un peu la délibération du 5 juillet qu’ils présentent comme une base et non comme un texte intangible. Mais ils sont confrontés à des intransigeances qu’il leur est impossible d’accepter ou de concilier. Les uns et les autres étant peu ou pas du tout représentés à l’Assemblée de Corse, ils peuvent certes se passer de l’aval du FLNC et des indépendantistes de Nazione qui refusent un « destin français » et passer outre aux refus de l’autonomie formulés par le Rassemblement national et le Parti radical d’Émile Zuccarelli. En revanche, même si d’importants points de convergence existent avec Laurent Marcangeli et Jean-Christophe Angelini, ils ne peuvent se résoudre à accepter la Métropole qu’exige le député d’Aiacciu, ou la territorialisation de l’élection des conseillers de Corse que demandent ce dernier et le leader du Partitu di a Nazione Corsa. Ils ne peuvent pas non plus aller dans le sens de l’absence de réel pouvoir législatif que préconise Jean-Martin Mondoloni, qui réduirait l’autonomie à un « ersatz ». D’ailleurs, voudraient-ils céder quelque chose, ils se heurteraient à Core in Fronte qui demande que soit intégralement respecté « le choix démocratique et majoritaire des corses exprimé par la motion du 5 juillet 2023 ». Actuellement, parvenir à un large consensus semble relever de la gageure.


Des vents mauvais soufflant depuis les bords de la Seine


Le lapin posé par le ministre a aussi probablement été motivé par le climat de tension qui règne dans l'île. Mais il convient de constater que ce climat n’est pas le fait des parties qui discutent du contenu du statut d’autonomie et que la conférence de presse du FLNC n’y a guère contribué car le positionnement des clandestins était déjà connu. Ce climat est imputable à des vents mauvais soufflant depuis les bords de la Seine. Il convient d’incriminer d’abord les policiers anti-terroristes qui ont suscité de la colère ou de l’indignation bien au-delà du camp nationalistes, en commettant des des actes aussi intolérables qu’inutiles lors de l’arrestation de deux militants nationalistes, et qui ont ainsi incité le parti Nazione à appeler à la mobilisation lors de la visite de Gérald Darmanin qui était alors attendue. Il convient d’incriminer les services de l’État qui s’obstinent à ficher des anciens prisonniers politiques corses à même titre que des djihadistes, à exiger de certains de ces anciens prisonniers le versement d’amendes aux montants hallucinants, à poursuivre des jeunes gens ayant participé aux manifestations ayant suivi l’assassinat d’Yvan Colonna. Il convient d’incriminer le Canard Enchaîné qui a publié un article mettant gravement en cause, et ce, sans le moindre élément probant, l’honnêteté du président du Conseil exécutif en usant en outre du titre racoleur « Simeoni s’invite à la table du Petit Bar ». Ce qui, fort heureusement d’ailleurs, a provoqué un malaise et une réaction indignée de tous les groupes politiques de l’Assemblée de Corse.


Une volonté et un optimisme louables mais...


Les élus du groupe Fà Populu Inseme à l’Assemblea di Corsica et ainsi que les militants et responsables de Femu a Corsica militants veulent pourtant encore croire que le lapin posé par le ministre, ne sera qu’un coup du lapin sans conséquence dicté par une irritation passagère et qu’une minerve sera trouvée pour y remédier. Ils l’ont affirmé lors de la conférence de presse qu’ils ont tenue pour exprimer « leur soutien plein et entier au Président du Conseil exécutif de Corse » et lui renouveler « avec force, leur confiance totale relative à son intégrité et à sa probité ». Ils l’ont fait en ces termes en lingua nustrale : « Ùn avemu micca u drittu di fiascà. À nomu di a lotta storica di u Populu corsu, à nomu di u nosciu ideali è di u nosciu prughjettu puliticu, è à nomu di u rispettu di a demucrazia, l’accordu puliticu à finalizà si devi fà à partesi da a deliberazioni « Autonomia » vutata u 5 di lugliu à 73 % di l’Assemblea di Corsica ». Une volonté et un optimisme louables mais…


Pierre Corsi
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