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L'affaire Sylvain Tesson

La nouvelle inquisition à l'oeuvre
L’affaire Sylvain Tesson ou la nouvelle inquisition à l’œuvre


Un millier de pétitionnaires se revendiquant de l’espace poétique a récemment exigé que Sylvain Tesson, l’un des écrivains les plus lus en France, soit interdit de présider une manifestation intitulée Le Printemps des Poètes. L’argument avancé était que l’auteur était « réactionnaire ». Ainsi il y aurait désormais une police de la pensée qui jugerait les auteurs et créateurs en fonction de leurs opinions politiques et non pas de la valeur de leur œuvre. Ce vent mauvais nous vient des États-Unis où obscurantistes religieux et délirants genristes s’affrontent retirant des bibliothèques les ouvrages jugés impies. Cette mode qu’on a qualifiée pour sa partie gauche de wokiste et de puritaine pour sa partie droite est en train de détruire des millénaires de culture. Et Tesson en est en France la première victime expiatoire.


Au nom de la liberté, on tue la liberté



Il se trouve que seon moi Sylvain Tesson est l’un des meilleurs écrivains de notre époque. Il sait ciseler les phrases, extraire le mot juste pour exprimer une émotion. D’un rien, il crée un tout. Ce qu’il raconte dans ses ouvrages ? La liberté d’être, d’errer, de penser, de respirer. Il raconte le monde dans son universalité. Et voilà qu’au nom de la liberté, de médiocres esprits cherchent justement à museler cette liberté. C’est proprement insupportable. Peu m’importent les idées de Tesson au demeurant tout à fait acceptables dans une démocratie. Oui il est un nostalgique d’un temps où les papillons étaient légion, où les abeilles pouvaient butiner sans craindre d’absorber un insecticide, quand le ciel était encore pur de toute pollution. Oui ! il rêve d’un monde où l’homme est à sa place, rien qu’à sa place dans la nature. Tesson est peut-être un réactionnaire au sens marxiste du terme. Il voudrait, mais sans l’imposer que la roue de l’histoire qui nous pousse à un suicide d’espèce tourne dans l’autre sens. Mais surtout, et je tiens à le réaffirmer, cet homme possède une plume magique. Il sait enchanter les mots et par là-même donner un sens à notre existence.


Et s’il fallait interdire tous les « réactionnaires »



Le talent serait-il de gauche ou simplement progressiste ? Cela se saurait. Je vais même aller plus loin : quand la création est asservie à une quelconque idéologie, elle se dénature, elle se prostitue et entame une lente putréfaction. Les plus beaux poèmes d’Aragon sont à coup sûr ceux qui évitent l’apologie de Staline. À l’inverse, Baudelaire qui était un infernal réactionnaire, a produit des chefs-d’œuvre sans âge. Le surréalisme classé à gauche s’est distingué en ne s’enchaînant pas au communisme, mais en réussissant à rendre l’imagination délirante et fluide. Après le massacre des Communards en 1871, ils furent légion les grands écrivains à applaudir les fusillades. Ils étaient pourtant de grands écrivains. Si on devait n’accepter que les créateurs de sa propre religion, on tuerait tout simplement la beauté de l’esprit et on sanctifierait la laideur de l’esclavage intellectuel. Aux États-Unis, cette société malade d’une identité débile, se partage désormais entre des fondamentalistes religieux qui tiennent plus de la psychiatrie que de la foi et d’autres cinglés qui, tournant le dos à l’universalité du Vivant, s’ingénie à le disséquer en petites parcelles sécables à l’infini : couleur de peau, genres puis genres du genre. Là encore, on tourne le dos à la liberté d’être et à celle de s’exprimer. Les fous de Dieu retirent des bibliothèques tout ce qui de près ou de loin rappelle les théories évolutionnistes de Darwin. Quant aux wokistes, ils bannissent les ouvrages qui parlent du partage entre hommes et femmes.


Tesson la bouffée d’oxygène



On se moque de la façon dont Tesson envisage l’islam ou l’intelligence artificielle. Il faut l’avoir lu et s’être plongé dans son univers pour comprendre à quel point des écrivains comme lui nous sont indispensables. Il nous aide à respirer dans un monde où la pollution est de tous les instants. Le racisme est une pollution, l’intégrisme religieux en est une autre, le sectarisme politique ne vaut guère mieux. Nous sommes menacés par la crise climatique, par la guerre qui gronde à nos frontières, par une crise économique qui écrase les plus fragiles. Nous avons peur de perdre ce qui pourtant ne nous satisfait pas. Que nous reste-t-il sinon le rêve, l’imagination ? Sylvain Tesson nous offre de l’accompagner à la recherche des fées, de la panthère des neiges, de ses tourments aussi. N’hésitons pas une seconde à le suivre et conchions les médiocres qui ignorent tout de la vraie liberté et du beau, qui préfèrent leurs idées rances à l’oxygène des hauteurs. Longue vie à l’écrivain Tesson et à ses pairs. Ils sont nos amis à jamais.


GXC

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