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Economoie russe : Bruno Le Maire ne dit plus rien

Faire profil bas......
Économie russe : Bruno Le Maire ne dit plus rien


En dépit des coûts de la guerre et des sanctions économiques que lui imposent la plupart des pays occidentaux, 2023 a été une année plutôt bonne pour l’économie russe. De quoi inciter le ministre français de l'économie Bruno Le Maire à faire profil bas.



Début mars 2022, sur fond de mise en place des sanctions occidentales, Bruno Le Maire avait claironné : « Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe […] Le rapport de force économique et financier est totalement en faveur de l'Union Européenne, qui est en train de découvrir sa puissance économique ». Le bilan 2023 et les prévisions 2024 concernant l’économie russe révèlent qu’elle n'a pas subi le triste sort que lui prédisait le ministre français de l'économie. En 2023, alors que la récession lui était promise, l’économie russe a généré une croissance d’environ 3 %. En 2024, selon le Fonds monétaire international, la croissance russe devrait au moins taquiner les 2,6 %. Ces chiffres dépassent largement les résultats et les prévisions pour la zone euro. Dans cette zone, les acteurs politiques, économiques et sociaux en sont à espérer qu’avec 0,9 % de croissance, 2024 sera une année économique moins mauvaise que 2023 (+ 0,5 %). Tout cela a permis à Vladimir Poutine de manifester de la jubilation et de l’ironie aux dépens des dirigeants occidentaux. « Ils ont prédit une récession, un échec, un effondrement, que sous la pression des sanctions nous reculerions et capitulerions. Je voudrais leur adresser ici un geste célèbre » a-t-il déclaré, narquois, en s’abstenant cependant de joindre le geste à la parole.


Une Russie réactive


Comment la Russie a-t-elle construit sa croissance ? Un expert de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) a relevé qu’il s’agissait en premier lieu du bénéfice d’une diplomatie aussi réactive que pertinente. Un ancien ambassadeur de France en Russie a abondé en ce sens en affirmant que la Russie était « parvenue à trouver des marchés de substitution » et que cela ne relevait pas de l’effet d’aubaine ou du hasard : « Il y a eu toute une préparation diplomatique. » Cette réactivité a payé : le pétrole russe que les pays occidentaux ont cessé d’acheter, a été écoulé ailleurs, notamment en Chine et en Inde ; La Russie a pu écouler d’énormes quantités de produits agricoles aidée en cela par le fait qu’en 2023, elle a bénéficié d’une production record de céréales. L’économie russe a aussi été dopée par la demande d’armements générée par la guerre, celle-ci ayant favorisé une augmentation considérable de la production industrielle. Conséquences du dynamisme économique : le chômage a baissé en dessous des 3 % et les salaires ont progressé.


Des sanctions peu efficaces


Les sanctions occidentales n’ont donc pas mis l’économie russe à genoux. Notamment pour les raisons suivantes : grâce à une énorme « flotte grise » ou « flotte fantôme », la Russie a pu commercer en contournant certaines sanctions ; de nombreux pays n’appliquent pas de sanctions malgré les menaces US de rétorsion ; des produits concernés par les sanctions, continuent à entrer en Russie grâce à des pays « passerelles » (Turquie, Arménie, Géorgie, Émirats Arabes Unis… ) ; le départ massif des sociétés européennes a fait des heureux, notamment les investisseurs chinois. Plusieurs dirigeants de pays occidentaux tablent désormais sur les effets négatifs d’une inflation au-delà des 7 %, d’une baisse de production des produits de grande consommation au profit de la production de guerre, d’un appauvrissement technologique et d’une épargne qui aurait été ponctionnée de moitié, pour mettre fin à l’insolente bonne santé de l’économie russe et à la popularité de Vladimir Poutine. Bruno Le Maire, lui, préfère ne rien dire…


Alexandra Sereni
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