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Des faits divers et avariés, Ghjuventù clandestina corsa n'était formé que de trois personnes ...

Corse-Matin nous révèle qu’en définitive la fameuse Ghjuventù clandestina corsa n’était formé que de trois personnes, une vivant à Ajaccio et les deux autres, des continentaux du sud de la France.

Des faits divers et avariés


Corse-Matin nous révèle qu’en définitive la fameuse Ghjuventù clandestina corsa n’était formé que de trois personnes, une vivant à Ajaccio et les deux autres, des continentaux du sud de la France. Tous les observateurs se sont laissés prendre au jeu et ont abondamment commenté les attentats et communiqués, imaginant mille scénarios. On a notamment évoqué le réveil d’une partie de la jeunesse nationaliste corse en écho aux manifestations qui ont suivi la mort d’Yvan Colonna. Il y a à la fois du dérisoire dans cette histoire, mais aussi un récit de notre propre imaginaire confronté à celui que nous autres Corses faisons naître sur le continent. Le rassemblement de Palatinu à Paese novu était en fait le résultat d’un mensonge dévoilé lors du procès des protagonistes. Faits divers et variés à forte valeur ajoutée qui témoignent d’une tension particulière de notre société.


Des faits divers notables


Ainsi, en définitive, la Ghjuventù clandestina corsa se résume à un trio de pieds nickelés dont les deux tiers sont des continentaux et le dernier un jeune homme installé à Ajaccio. Et dire que nous autant que nous sommes nous avons glosé sur le réveil d’une jeunesse nationaliste frustrée de constater la triste mollesse de leurs aînés. Même le FLNC en partie ressuscité a cru bon devoir gourmander les petits insolents par voie de communiqué. Que disions-nous alors ? La jeunesse nationaliste s’est exprimée dans la rue après l’assassinat d’Yvan Colonna et a réussi, o miracle, à arracher à l’État une promesse d’autonomie. Enfourchant la Rossinante de leurs aînés ces baby clandestins ont décidé de prendre la relève. Et chacun d’analyser une supposée cohérence au fil des quinze attentats qui, en réalité, n’était que le fruit du hasard : bâtiments, mairies, particuliers corses ou continentaux… Cela a donné lieu à quelques pitoyables protestations de Corses protestant de leur corsité laissant ainsi entendre que les plastiqueurs auraient mieux fait de s’en prendre à de vrais coupables : sous-entendu des pinzutti. Que démontre cette lamentable pantalonnade qui va vraisemblablement marquer à jamais la vie de ces jeunes gens : que nous restons constamment dans une forme de déni moral que souligne d’ailleurs fort justement Léo Battesti dans son autobiographie Maffia no. Mais l’apparition fugace de la GCC nous dit aussi que nous sommes nous nous préparons à affronter une nouvelle période de grands troubles.

Une bagarre entre bandes de jeunes


En premier lieu, tous les protagonistes de cette banale affaire sont de jeunes Corses, certains d’origine maghrébine. Mais ils n’ont connu que la Corse. Le procureur a dénoncé la version de la « victime » Raphaël L. : « C’est une affaire assez banale avec des violences réciproques. » Puis il parle du mensonge du plaignant qui portait un couteau sur lui. Il dénonce l’emploi du terme de lynchage alors qu’il n’a été constaté sur lui que de simples hématomes causés. Il explique que les deux camps avaient déjà eu maille à partir et donne lecture d’un message du plaignant sur les réseaux sociaux : « Je vais faire fermer la gueule aux singes d’à côté. » accompagné d’une photo de Zemmour. Une autre altercation aura d’ailleurs lieu après la bagarre. Conclusion implacable du procureur : « Il y avait 600 personnes dans la rue sur la foi d’un mensonge. » Le fait est que le sentiment est celui d’un prétexte pris par Palatinu pour réitérer un rassemblement qui mettait une fois encore « l’immigration » en exergue alors que, il faut le répéter, il s’agissait de jeunes Corses de différentes origines. À moins que ne soit intervenue la couleur de peau, auquel cas il faut appeler un chat un chat et une telle discrimination du racisme.

Un processus politique en berne


Mais ces deux faits divers écrivent une autre histoire : celle d’une société vieillissante, angoissée, travaillée par la question identitaire et dans l’attente d’un miracle. Il ne plus beaucoup de doutes que le processus de discussion instauré avec l’État va s’avérer avoir été un mirage, que les rêves de la majorité nationaliste n’auront été qu’un rêve. Que va-t-il se passer alors ? Comment vont se résoudre les tensions qui travaillent notre société ? En démocratie, le jeu électoral sert d’exutoire aux passions politiques et plus généralement humaines. Aujourd’hui, ce théâtre est en panne. Et en Corse, malheureusement les impasses démocratiques s’achèvent en violence. Que trois branquignols et une bagarre entre jeunes aient pu prendre une telle dimension est très inquiétant.

GXC
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