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L'Aghja et le couvre feu

La programmation de la saison 2020_2021


Le spectacle continue…

Enthousiasme. Energie. Inventivité. Ces qualités, ces valeurs L’Aghja continue à les préserver. La programmation de la saison 2020-2021 est là pour le prouver : trente quatre spectacles à l’affiche au total. Six semaines de couvre-feu à surmonter, deux pièces seulement pour lesquelles des solutions sont à l’étude. Pour les autres rendez-vous de théâtre et de musique il y aura juste des modifications d’horaires… A suivre sur le site internet de la salle ajaccienne.


Au milieu des difficultés présentes une nouvelle réconfortante pour la scène que dirige Francis Aïqui, L’Aghja est désormais « labellisé » Fabrica, lieu apte à accueillir et à accompagner des résidences d’artistes dans toutes les disciplines du spectacle vivant. Une avancée remarquable puisque L’Aghja n’est plus seulement dédiée à la diffusion culturelle mais également à la création.
A souligner que les rendez-vous avec le public qui doivent suivre ces résidences ne sont pas mise en péril par le couvre-feu puisqu’ils ne seront affectés que par des changements d’heure
Particulière la saison 2020 – 2021
, qui en raison du contexte sanitaire exige sans cesse adaptations, ajustements, rectifications et pose moult interrogations. Conséquences du COVID : moins d’artistes de l’extérieur de l’île… plus de Corse. Des reprogrammations de spectacles qui auraient dû se dérouler la saison dernière et n’ont pu l’être à cause de la fermeture de la salle pour respecter le confinement.

En dépit des obstacles L’Aghja met un point d’honneur à offrir une photographie de ce qui se créée ici et hors de l’île et à établir un équilibre entre propositions théâtrales et musicales. Image reflétant bien la particularité du temps : la saison a démarré sur la corde raide avec des clowns et orchestrera sa clôture avec du cirque. Illustration d’un exercice de jonglage qui tient à la fois de l’art et d’une science de la prévision… très accessoirement exacte !

Quelle que soit l’heure les règles voulues par la distanciation physique, afin d’éviter contagion et contamination les représentations théâtrales, n‘admettent plus que 50 spectateurs au lieu de 96, les concerts sont réduits à 100 ou 80 places assises alors qu’avant la jauge n’était que de 280 spectateurs debout. Plus que jamais il est obligatoire de réserver à l’avance.

Après les déconvenues et déboires du premier semestre 2020 et ceux du couvre-feu. L’Aghja est déterminer à continuer et à enrichir son activité. L’envie des spectateurs de participer à l’aventure est un atout primordial. Sous toutes ses formes – existantes ou à inventer – la culture est une excellente médecine… Un bol d’oxygène.

Informations au jour le jour

  • · Téléphone : 04 95 20 41 15
  • · Adresse : 6 chemin de Biancarello, Ajaccio
  • · Site : www.aghja.com
  • · aghja@orange .f

« On est bon sur scène quand on est habité par une œuvre, quand on est vrai. »
Francis Aïqui



Comment avez-vous abordé la programmation de cette saison ?
Il y a eu des fluctuations… Mais dans l’ensemble on a été combattifs et résilients. Faire la programmation de L’Aghja n’a jamais été simple. Il y a toujours eu des moments de frustration, de découragement mais là, face à la crise actuelle, on a ressenti la nécessité de garder pleine et entière notre conviction, car la culture est essentielle dans une société, qui ne va pas très bien. Compte tenu de la situation que nous vivons il y aura sans doute aussi d’autres formes de spectacle vivant à imaginer…


Qu’est-ce qui dicte vos choix en temps normal ? En temps de Covid 19 ?
La qualité. Ici les gens n’ont pas beaucoup l’occasion de se rendre au théâtre, alors quand ils viennent, on souhaite qu’ils reviennent ! Sur le plan théâtral on privilégie le répertoire classique lorsqu’il est revisité ainsi que les démarches empreintes de nouveauté. En musique on est plutôt spécialisé dans l’électro, le hip hop, le jazz, le rock, le reggae. On propose aussi des lectures-concerts. Jamais on ne doit oublier les possibilités de la jauge de la salle et nos impératifs financiers.


La palette des musiques programmée est vaste. Qu’est-ce qui vous pousse à retenir un style plutôt qu’un autre ?
Mon goût personnel intervient mais il n’est pas tout parce qu’il faut tenir compte des demandes du public. Comme je n’ai rien d’un autocrate je suis à l’écoute des conseils, des avis des autres. Il y a également les opportunités artistiques à saisir. On travaille beaucoup avec les tourneurs. On prend connaissance des critiques. On est attentif aux médias. Un spectacle n’est retenu que s’il est scénique. Parfois on est confronté à une avalanche de possibilités intéressantes. Parfois c’est le creux de la vague. Dans tous les cas un spectacle vivant doit susciter l’envie d’être partagé avec le public… ça c’est essentiel.


Quel est le public de L’Aghja ?
A part un noyau dur d’aficionados notre public est très varié. Je le constate facilement parce que je me tiens toujours à l’entrée d’une représentation et à la sortie : à chaque fois je vois de nouvelles têtes. Les spectateurs sont de tous les âges. En musique cela dépend du style des formations ou des chanteurs. Je note que nous avons la plupart du temps plus de spectatrices que de spectateurs… sauf exceptions !


Avec la multiplication des résidences d’artistes allez-vous programmer plus de créations ?
Ces résidences durent en moyenne quinze jours. Ce sont en fait des cartes blanches dont on découvre la teneur et la qualité qu’une fois la mise au point achevée. Quelquefois on sera au début de la construction d’un spectacle. Quelquefois le travail de création sera terminé. Les résidences d’artistes déboucheront donc soit sur des représentations de réalisations assez finalisées, soit sur des rencontres avec le public, soit sur des master-class.


Le groupe, Tempus fugit, doit proposer un spectacle, « In absentia », qui ne sera pas qu’un récital polyphonique mais qui doit être mis en scène par François Bergoin. Comment appréhendez-vous cette initiative ?

En général la musique part du corps et la mise en scène de la tête ! En l’espèce avec « In absentia » c’est la démarche qui m’intéresse. C’est un pari… De toutes les façons on est bon sur scène quand on est habité par l’œuvre, quand on est vrai. Un bon spectacle a une vérité, une évidence.


Marier tradition et modernité est une intention qu’on retrouve fréquemment dans le domaine musical. Le risque est manifeste ?

On a déjà assisté à des expériences étonnantes en la matière et auxquelles on n’aurait pas pensé d’emblée, par exemple avec « A Filetta ». Pour réussir il faut parcourir un long chemin mais le champ des possibles est ouvert. Il y a souvent beaucoup de concurrents dans les starting-blocks. Certains vont verser dans l’anecdote ou dans le commentaire ou dans la répétition de choses déjà vues et entendues. Mais quelques-uns atteindront un haut niveau de qualité… N’oublions pas que la société corse réduite en nombre est à l’origine d’un processus culturel qui la dépasse !


Qu’en est-il de vos collaborations avec L’Espace Diamant, Le Lazaret et d’autres structures culturelles insulaires ?
Depuis des années on parle de mise en réseau, mais ça n’a jamais vraiment fonctionné. Comme si chaque lieu était une île en soi. Toutes les tentatives avaient jusque là buté sur nos motivations. Or, maintenant ça bouge un peu. Un réseau prend forme entre L’Agha, Anima sur la plaine orientale, L’Espace Diamant, L’Alb’Oru à Bastia, Voce à Pigna. Les visio-conférences, que nous organisons pour plus de fluidité dans nos relations, sont plus concluantes. C’est un grand pas. En un ou deux ans le climat a changé. Nous partageons ainsi nos coups de cœur. Notre envie de travaillé ensemble est plus réelle.


Concrètement comment cela se passe-t-il sur Ajaccio ?
On n’a toujours pas de véritable théâtre. On fait avec ce qu’on a : L’Espace Diamant ne peut accueillir toutes les formes de représentations et nous non plus ! Dans certains cas on procède à des échanges de spectacles. Une solution se dessinera peut-être avec l’aménagement de l’espace situé à l’entrée de la ville, qui abritait autrefois des studios de TV.


La pandémie pèse-t-elle lourd dans vos préoccupations budgétaires ? L’impact du couvre-feu ?
Il y a un manque à gagner évidemment. Toutefois la CDC na pas proratisé ses aides à notre activité ce qui nous a soulagé en raison de notre longue fermeture involontaire. Maintenant reste à réfléchir à toutes sortes de plans, B, C, D… W, Z, si l’on veut ne pas être dépassé !

Propos recueillis par M.A-P
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