Prighjuneri pulitichi : Amnitia è Rispettu !
L'apaisement survenu et vérifié ces dernières années ne peut signifier une quiétude à sens unique.
L’apaisement survenu et vérifié ces dernières années ne peut signifier une quiétude à sens unique. Il convient qu’il représente un véritable gagnant -gagnant.
Douze interpellations ont récemment eu lieu dans le cadre d’une opération dite antiterroriste. Ayant été incarcéré à la suite de celle-ci, considérant être poursuivi pour délit d’opinion, Ghjuvan Petru Santini observe une grève de la faim pour exiger sa libération. Il s'agit d'une démarche grave car elle met en danger la vie de l’intéressé et car l’esprit fermé au dialogue d’Emmanuel Macron et son gouvernement fait craindre que cela dure et que cela se termine tragiquement. Pour faire libérer Ghjuvan Petru Santini, et tous les autres qui ont été incarcérés, il faut amplifier la mobilisation et la crise sanitaire ne peut représenter un prétexte à ne rien faire ou presque.
Mais il faut aussi dépasser son cas et celui de ses compagnons présumés. Il est en effet plus que temps de tenir haut et fort le discours suivant à Emmanuel Macron : « Monsieur le président de la République, le temps de l’amnistie est venu. Nous ne voulons plus attendre. L’Etat n’a toujours pas saisi la main tendue par les clandestins et toute la mouvance nationaliste. Il est urgent qu’il le fasse ».
C’est d’autant plus urgent, qu’en l’absence d’amnistie, la Police, la Gendarmerie, la Justice et plus globalement l’ensemble de l’Administration font leur travail. Ce qu’on ne peut décemment leur reprocher.
Les militants restant emprisonnés et ceux ayant recouvré la liberté durant ces dernières années restent dans leurs collimateurs.
Lors d’une de ses conférence de presse, l’Associu Patriottu a d’ailleurs pertinemment déclaré : « Le succès des élections territoriales de 2015 et 2017, ce que pudiquement d'aucuns ont appelé l'accession aux responsabilités, n'a pas pour le moment et dans les rapports Corse-France, imposé des avancées significatives sur le plan antirépressif, à l'inverse des périodes 1981-1982 et 1989-1990 avec alors une organisation forte de la Lutte de Libération Nationale.»
Construire une grande mobilisation populaire
L’apaisement survenu et vérifié ces dernières années ne peut pourtant signifier une quiétude à sens unique. Il convient qu’il représente un véritable gagnant -gagnant. Pour parvenir à cette situation, il appartient aux nationaliste mais également au reste de la classe politique corse de tenir à l’État le discours mentionné plus haut.
La première impulsion doit toutefois et logiquement venir de la majorité nationaliste et plus globalement de l'ensemble du mouvement nationaliste. Il n'est plus concevable d’attendre encore pour construire une grande mobilisation populaire.
Les communiqués, les lettres et les motions ne suffisent plus. Il incombe aux élus et aux organisations de resensibiliser les militants et de parler à l’ensemble des Corse. Et, pour ce faire, il est certain que le discours humaniste ou émotionnel pour être impactant et éveilleurs de conscience, doivent être accompagnés d’un message politique fort. Les élus et les organisations ont donc le devoir de situer la véritable dimension de l’appel à se mobiliser en rappelant que si la Corse bénéficie d’avancées institutionnelles, d’une survie de sa culture et de sa langue, d’une certaine protection de son environnement et aussi d’un PEI (Programme Exceptionnel d’Investissement), elle le doit aux sacrifices des centaine et centaines de militants, connus ou inconnus, qui ont sacrifié du temps de leur vie dans la clandestinité et souvent dans des cellules, et aussi à ceux qui ont perdu la vie au combat ou victimes de l’Histoire. Le voile quoi est mis ces temps derniers sur la clandestinité doit être levé.
L'action des clandestins qui, depuis les années 1960, ont combattu pour la Corse et les Corses, mérite d’être reconnue et honorée par le pouvoir nationaliste en place. L’actuelle réécriture de l’Histoire qui tend à occulter leur rôle dans les succès du nationalisme devient préoccupante.
A la revendication « Amnistia », il est triste qu’il faille presque envisager d’accoler la revendication « Rispettu ».
L’Etat doit donc prendre ses responsabilités
Quelques jours après la nomination d'Éric Dupond-Moretti au Ministère de la Justice, l'Associu Sulidarità a déclaré : « Il est plus que temps de s'assoir autour d'une table et de mettre fin à plus de 40 années de conflit et des persécutions judiciaires ».
L’heure est venue pour chacune et chacun d’entre nous, nationaliste ou non, de s’approprier ce propos et de le porter. A l’arrêt des actions clandestines et à la bonne volonté qu’ont durablement démontrée les organisations concernées, il doit être enfin apporté une contrepartie et il est nécessaire que toutes et tous nous y poussions.
L’Etat doit donc prendre ses responsabilités en travaillant à l’adoption d’une loi d'amnistie qui instaurera « l'oubli » par la République des actes dits « contraventionnels, délictueux ou criminels » étant ou ayant été en relation avec la revendication nationaliste. A ceux qui s’y opposeront, il pourra être rappelé que le recours à l’amnistie n’a rien d’inédit quand il est manifeste, comme ce fut le cas dans le passé, qu’une évolution politique, pacifique et majeure, est en cours.
De nombreux militants nationalistes corses, basques, bretons, guadeloupéens et canaques ont bénéficié de l’amnistie au début des années 1980 et 1990 dans le cadre de processus politiques d’apaisement ou d’évolution institutionnelle. Antérieurement, en 1951 et 1953, la République a amnistié de nombreux « collabos », puis en 1962, 1966 et 1968, elle a fait de même concernant les actes contrevenant à la loi commis dans le cadre des « événements d’Algérie ». Enfin, en 1982, le président de la République François Mitterrand a fait voter une loi qui a permis aux généraux ayant organisé le putsch d'avril 1961 de toucher leur retraite d'officiers généraux et d'être réintégrés dans leurs décorations.
Pierre Corsi
Douze interpellations ont récemment eu lieu dans le cadre d’une opération dite antiterroriste. Ayant été incarcéré à la suite de celle-ci, considérant être poursuivi pour délit d’opinion, Ghjuvan Petru Santini observe une grève de la faim pour exiger sa libération. Il s'agit d'une démarche grave car elle met en danger la vie de l’intéressé et car l’esprit fermé au dialogue d’Emmanuel Macron et son gouvernement fait craindre que cela dure et que cela se termine tragiquement. Pour faire libérer Ghjuvan Petru Santini, et tous les autres qui ont été incarcérés, il faut amplifier la mobilisation et la crise sanitaire ne peut représenter un prétexte à ne rien faire ou presque.
Mais il faut aussi dépasser son cas et celui de ses compagnons présumés. Il est en effet plus que temps de tenir haut et fort le discours suivant à Emmanuel Macron : « Monsieur le président de la République, le temps de l’amnistie est venu. Nous ne voulons plus attendre. L’Etat n’a toujours pas saisi la main tendue par les clandestins et toute la mouvance nationaliste. Il est urgent qu’il le fasse ».
C’est d’autant plus urgent, qu’en l’absence d’amnistie, la Police, la Gendarmerie, la Justice et plus globalement l’ensemble de l’Administration font leur travail. Ce qu’on ne peut décemment leur reprocher.
Les militants restant emprisonnés et ceux ayant recouvré la liberté durant ces dernières années restent dans leurs collimateurs.
Lors d’une de ses conférence de presse, l’Associu Patriottu a d’ailleurs pertinemment déclaré : « Le succès des élections territoriales de 2015 et 2017, ce que pudiquement d'aucuns ont appelé l'accession aux responsabilités, n'a pas pour le moment et dans les rapports Corse-France, imposé des avancées significatives sur le plan antirépressif, à l'inverse des périodes 1981-1982 et 1989-1990 avec alors une organisation forte de la Lutte de Libération Nationale.»
Construire une grande mobilisation populaire
L’apaisement survenu et vérifié ces dernières années ne peut pourtant signifier une quiétude à sens unique. Il convient qu’il représente un véritable gagnant -gagnant. Pour parvenir à cette situation, il appartient aux nationaliste mais également au reste de la classe politique corse de tenir à l’État le discours mentionné plus haut.
La première impulsion doit toutefois et logiquement venir de la majorité nationaliste et plus globalement de l'ensemble du mouvement nationaliste. Il n'est plus concevable d’attendre encore pour construire une grande mobilisation populaire.
Les communiqués, les lettres et les motions ne suffisent plus. Il incombe aux élus et aux organisations de resensibiliser les militants et de parler à l’ensemble des Corse. Et, pour ce faire, il est certain que le discours humaniste ou émotionnel pour être impactant et éveilleurs de conscience, doivent être accompagnés d’un message politique fort. Les élus et les organisations ont donc le devoir de situer la véritable dimension de l’appel à se mobiliser en rappelant que si la Corse bénéficie d’avancées institutionnelles, d’une survie de sa culture et de sa langue, d’une certaine protection de son environnement et aussi d’un PEI (Programme Exceptionnel d’Investissement), elle le doit aux sacrifices des centaine et centaines de militants, connus ou inconnus, qui ont sacrifié du temps de leur vie dans la clandestinité et souvent dans des cellules, et aussi à ceux qui ont perdu la vie au combat ou victimes de l’Histoire. Le voile quoi est mis ces temps derniers sur la clandestinité doit être levé.
L'action des clandestins qui, depuis les années 1960, ont combattu pour la Corse et les Corses, mérite d’être reconnue et honorée par le pouvoir nationaliste en place. L’actuelle réécriture de l’Histoire qui tend à occulter leur rôle dans les succès du nationalisme devient préoccupante.
A la revendication « Amnistia », il est triste qu’il faille presque envisager d’accoler la revendication « Rispettu ».
L’Etat doit donc prendre ses responsabilités
Quelques jours après la nomination d'Éric Dupond-Moretti au Ministère de la Justice, l'Associu Sulidarità a déclaré : « Il est plus que temps de s'assoir autour d'une table et de mettre fin à plus de 40 années de conflit et des persécutions judiciaires ».
L’heure est venue pour chacune et chacun d’entre nous, nationaliste ou non, de s’approprier ce propos et de le porter. A l’arrêt des actions clandestines et à la bonne volonté qu’ont durablement démontrée les organisations concernées, il doit être enfin apporté une contrepartie et il est nécessaire que toutes et tous nous y poussions.
L’Etat doit donc prendre ses responsabilités en travaillant à l’adoption d’une loi d'amnistie qui instaurera « l'oubli » par la République des actes dits « contraventionnels, délictueux ou criminels » étant ou ayant été en relation avec la revendication nationaliste. A ceux qui s’y opposeront, il pourra être rappelé que le recours à l’amnistie n’a rien d’inédit quand il est manifeste, comme ce fut le cas dans le passé, qu’une évolution politique, pacifique et majeure, est en cours.
De nombreux militants nationalistes corses, basques, bretons, guadeloupéens et canaques ont bénéficié de l’amnistie au début des années 1980 et 1990 dans le cadre de processus politiques d’apaisement ou d’évolution institutionnelle. Antérieurement, en 1951 et 1953, la République a amnistié de nombreux « collabos », puis en 1962, 1966 et 1968, elle a fait de même concernant les actes contrevenant à la loi commis dans le cadre des « événements d’Algérie ». Enfin, en 1982, le président de la République François Mitterrand a fait voter une loi qui a permis aux généraux ayant organisé le putsch d'avril 1961 de toucher leur retraite d'officiers généraux et d'être réintégrés dans leurs décorations.
Pierre Corsi