Musique: Sonny Rollins : le colosse du saxophone
A 90 ans il swingue encore !
Sonny Rollins : le colosse du saxophone :
A 90 ans il swingue encore !
Il est l’un des rares survivants de l’épopée du be-bop qui a révolutionné le jazz dans les années 40 sous la conduite du bouillant tandem Gillespie-Parker entouré d’une poignée de jeunes solistes à la pointe de l’innovation. Le saxophoniste afro-américain, Sonny Rollins, l’un des derniers géants de l’histoire du jazz moderne a fêté récemment ses 90 ans.
Géant, Sonny Rollins l’est autant par sa stature musicale que par son impressionnante carrure même si, avec l’âge, sa longue silhouette est de plus en plus voutée et sa barbe blanche a pris de l’ampleur. Indifférent au jeu de modes et de courants, Sonny Rollins a toujours été préoccupé de définir sa propre personnalité. « Ce qui compte avant tout pour moi, dit-il, ce n’est pas la musique, mais la traduction de ce que je suis sur le plan humain ».
Aucun soliste de jazz n’aime, plus que lui, la scène. « Sur scène, j’oublie mon vieux corps dit-il. Je me vide, je n’ai plus à penser seulement à jouer ! » Chacun de ses concerts dure près de trois heures. Trois heures de prêche ininterrompu, enflammé. Les habitués du Festival de Paris, Vienne, Marciac ou Antibes-Juan les Pins où il s’est produit si souvent le savent ! Tout le concert tourne autour de son saxo ténor qu’il balance vers les étoiles, de bas en haut, tel un encensoir. « La musique que je joue est toujours imprévisible dit-il, une énergie spirituelle s’empare de tout mon être ». Cette énergie l’envahit, notamment, quand il interprète son célèbre calypso, Saint Thomas, l’un de ses thèmes fétiches repris en chœur par ses fans enthousiastes, debout et dansant aux limites de la transe. Pur bonheur et joie du jazz !
Elève de Hawkins et de Parker
Dès ses débuts, alors que la plupart des ténors se réclament de Lester Young, Sonny Rollins se singularise en choisissant pour maîtres Coleman Hawkins et Charlie Parker.
A Hawkins, le père du saxo ténor, de vingt-cinq ans son aîné, il emprunte sa sonorité ample et rauque, sa fougue autant que sa rigueur, son lyrisme débordant. De Parker, son aîné de dix ans, Sonny Rollins hérite de l’amour fou de l’improvisation, de l’indépendance rythmique, de la maîtrise de la sonorité et du vibrato.
Du free jazz au retour à la tradition
Explorateur infatigable de sonorités nouvelles, Sonny Rollins doute néanmoins de son propre pouvoir de création face à deux sérieux concurrents dans les années 60, Ornette Coleman et, surtout, John Coltrane, le créateur d’univers, selon la belle expression de François Janneau, entre colère et mysticisme.
Après quelques années de retraite, Sonny Rollins rejoint les révoltés de l’avant-garde, chantres du free jazz. Très vite, Sonny Rollins revient à la tradition, aux bons vieux standards sans âge. Improvisateur aventureux et tourmenté, profondément attaché aux racines de la musique afro-américaine, il renonce à s’exprimer d’une manière identique. « Il est l’homme du multiple, du changement, du contradictoire - explique Alain Gerber, l’éminent spécialiste du jazz - d’une rive à l’autre de la modernité, il se laisse balloter ».
De son côté, Sonny Rollins affirme : « une force vitale, inséparable de ce que je suis intimement, me semble sans limite ».
Puisse cette spirale d’énergie, à vocation jubilatoire, habiter encore longtemps notre nonagénaire pour notre plus grand bonheur !
Jean-Claude de Thandt
A savourer sans modération :
Les meilleurs enregistrements de Sonny Rollins gravés à New-York et Los Angeles entre 1953 et 1962 ont été regroupés au sein de quatre CD réunis dans deux albums aux Editions Frémeaux. Réf. FA249 et FA 3064. On y retrouve le colosse du saxophone en solo, en trio et en quintet aux côtés de Miles Davis, John Coltrane, Thelonius Monk et de ses batteurs préférés, Max Roach, Roy Haynes, et Elvin Jones.
A 90 ans il swingue encore !
Il est l’un des rares survivants de l’épopée du be-bop qui a révolutionné le jazz dans les années 40 sous la conduite du bouillant tandem Gillespie-Parker entouré d’une poignée de jeunes solistes à la pointe de l’innovation. Le saxophoniste afro-américain, Sonny Rollins, l’un des derniers géants de l’histoire du jazz moderne a fêté récemment ses 90 ans.
Géant, Sonny Rollins l’est autant par sa stature musicale que par son impressionnante carrure même si, avec l’âge, sa longue silhouette est de plus en plus voutée et sa barbe blanche a pris de l’ampleur. Indifférent au jeu de modes et de courants, Sonny Rollins a toujours été préoccupé de définir sa propre personnalité. « Ce qui compte avant tout pour moi, dit-il, ce n’est pas la musique, mais la traduction de ce que je suis sur le plan humain ».
Aucun soliste de jazz n’aime, plus que lui, la scène. « Sur scène, j’oublie mon vieux corps dit-il. Je me vide, je n’ai plus à penser seulement à jouer ! » Chacun de ses concerts dure près de trois heures. Trois heures de prêche ininterrompu, enflammé. Les habitués du Festival de Paris, Vienne, Marciac ou Antibes-Juan les Pins où il s’est produit si souvent le savent ! Tout le concert tourne autour de son saxo ténor qu’il balance vers les étoiles, de bas en haut, tel un encensoir. « La musique que je joue est toujours imprévisible dit-il, une énergie spirituelle s’empare de tout mon être ». Cette énergie l’envahit, notamment, quand il interprète son célèbre calypso, Saint Thomas, l’un de ses thèmes fétiches repris en chœur par ses fans enthousiastes, debout et dansant aux limites de la transe. Pur bonheur et joie du jazz !
Elève de Hawkins et de Parker
Dès ses débuts, alors que la plupart des ténors se réclament de Lester Young, Sonny Rollins se singularise en choisissant pour maîtres Coleman Hawkins et Charlie Parker.
A Hawkins, le père du saxo ténor, de vingt-cinq ans son aîné, il emprunte sa sonorité ample et rauque, sa fougue autant que sa rigueur, son lyrisme débordant. De Parker, son aîné de dix ans, Sonny Rollins hérite de l’amour fou de l’improvisation, de l’indépendance rythmique, de la maîtrise de la sonorité et du vibrato.
Du free jazz au retour à la tradition
Explorateur infatigable de sonorités nouvelles, Sonny Rollins doute néanmoins de son propre pouvoir de création face à deux sérieux concurrents dans les années 60, Ornette Coleman et, surtout, John Coltrane, le créateur d’univers, selon la belle expression de François Janneau, entre colère et mysticisme.
Après quelques années de retraite, Sonny Rollins rejoint les révoltés de l’avant-garde, chantres du free jazz. Très vite, Sonny Rollins revient à la tradition, aux bons vieux standards sans âge. Improvisateur aventureux et tourmenté, profondément attaché aux racines de la musique afro-américaine, il renonce à s’exprimer d’une manière identique. « Il est l’homme du multiple, du changement, du contradictoire - explique Alain Gerber, l’éminent spécialiste du jazz - d’une rive à l’autre de la modernité, il se laisse balloter ».
De son côté, Sonny Rollins affirme : « une force vitale, inséparable de ce que je suis intimement, me semble sans limite ».
Puisse cette spirale d’énergie, à vocation jubilatoire, habiter encore longtemps notre nonagénaire pour notre plus grand bonheur !
Jean-Claude de Thandt
A savourer sans modération :
Les meilleurs enregistrements de Sonny Rollins gravés à New-York et Los Angeles entre 1953 et 1962 ont été regroupés au sein de quatre CD réunis dans deux albums aux Editions Frémeaux. Réf. FA249 et FA 3064. On y retrouve le colosse du saxophone en solo, en trio et en quintet aux côtés de Miles Davis, John Coltrane, Thelonius Monk et de ses batteurs préférés, Max Roach, Roy Haynes, et Elvin Jones.