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C'est l'été de la Saint-Martin

Il faisait beau et relativement doux pour la saison
C’est l’été de la Saint-Martin

Il faisait beau et relativement doux pour la saison. Et ça n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Pour des raisons sanitaires et environnementales, une fois n’est pas coutume. L’été indien est un phénomène météo importé des États-Unis. L’américanisation de notre langage s’est incrustée jusque dans les bulletins météo.

Un phénomène météo
La tentation d'évoquer un été indien en France est grande lorsque la douceur règne en automne. Alors que le phénomène est tout de même nettement moins prononcé que sur le continent nord-américain. Plus concrètement, on parle d’été indien quand les températures dépassent sensiblement les normales de saison durant au moins trois jours consécutifs au cours de la saison automnale. On constate généralement des températures de journée bien supérieures à la normale et des températures de nuit sensiblement dans la moyenne de saison. Il est d'ailleurs communément admis qu'un « été des indiens » dure au moins trois journées durant lesquelles la température mesurée dépasse d'au moins 5 °C les normales de saison, et qu'il n'y a pas de précipitation ou en tout cas très peu (moins de 5 mm par jour).

Bulletin météo
Le week-end du 7 novembre, un talweg plonge sur l'Atlantique en entraînant avec lui de l'air froid. À l'avant de ce dernier, c'est une masse d'air très doux qui remonte sur une bonne partie de l'Europe avec la France en ligne de mire. Ainsi, les températures ont été sensiblement supérieures aux normales après avoir connu une première partie de semaine très fraîche et marquée par de petites gelées matinales. C’est le phénomène météo habituel du mois de novembre. La persistance du beau temps ensoleillé et des températures maximales toujours très douces pour la saison sont au programme de tous les bulletins météo qui varient peu durant cette période.
On pourrait alors être tenté de parler d'été indien, expression moins appropriée dans l’hexagone qu’en Amérique puisque ce redoux est moins prononcé que sur le continent nord-américain. Un phénomène habituellement propice aux escapades hors saison, comme le promeuvent les agences de voyages. La Corse est d’ailleurs une destination d’automne favorisée par la clémence de sa météo, où les températures oscillent en moyenne de 12 °C à 22 °C.

Tentation sémantique
Si l’on s’en réfère à l'origine de l'expression, il faut remonter à près de deux siècles : au sens strict, l'été indien, également appelé « l'été des Indiens », est un phénomène météorologique observé exclusivement en Amérique du Nord et plus particulièrement au Canada et aux États-Unis (Pennsylvanie). C’est la chanson de Joe Dassin qui a popularisé l’expression. « C'était l'automne. Un automne où il faisait beau. Une saison qui n'existe que dans le nord de l'Amérique ». L'été indien correspond à une période de redoux, survenant au cœur de l'automne, après les premières gelées et avant l'arrivée de l'hiver. Ainsi, la tradition a plutôt retenu l'idée d'un « été de la Saint-Martin », fêtée le 11 novembre. Dans la période du 1er novembre (Toussaint) au 11 novembre (Saint-Martin), les températures montent souvent quelques jours.
C'est « l'été de la Saint-Martin, dure trois jours et un brin ». Ou celui de la Saint-Denis (9 octobre) ou, comme en Suède, l'été de la Toussaint (1er novembre), qui est celui de Saint-Michel (29 septembre) pour les espagnols, tandis qu'en Angleterre, on parle de l'été de la Saint-Luc (18 octobre).
Ces dictons populaires n’ont pas la science météorologique de l’été indien théorisée pour caractériser ce phénomène, mais elles traduisent une réalité automnale visible dans l’hémisphère nord depuis longtemps.

Aléa automnal
Quand il fait beau, que le soleil brille, on se découvre. Il n’y a pas qu’en avril où on ne devrait pas se découvrir d’un fil… D’autant que le matin reste de saison, lui, et ces variations de température fatiguent. Et le redoux automnal peut avoir certaines conséquences sur l'environnement. L'absence de vents en zone urbaine et l'inversion des températures empêchent la dispersion atmosphérique des polluants. Mi-novembre, un épisode de pollution aux particules fines a ainsi touché la Corse et engendré une qualité de l'air « médiocre ». Faute de précipitations, les cours d’eau peuvent aussi se retrouver momentanément à sec, comme en été. Et le sol asséché associé aux feuilles mortes augmente les risques de feux de forêt. Selon le dicton populaire, comme est novembre, tel sera mars.
Espérons que cela ne soit que pour la météo.

Maria Mariana
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