• Le doyen de la presse Européenne

La compagnie Twain Art Mouv' dirigée par Hélène Taddei-Lawson

Tout s’arrête… On ne peut plus bouger ni voyager facilement ! Tout devient compliqué. Lors du premier confinement j’en ai profité pour sortir la tête de l’eau après vingt ans de travail sans relâche.
Quelle vie pour une compagnie de danse en temps de Covid ?

Tout s’arrête… On ne peut plus bouger ni voyager facilement ! Tout devient compliqué. Lors du premier confinement j’en ai profité pour sortir la tête de l’eau après vingt ans de travail sans relâche. J’ai décompressé, pensé à l’essentiel, à comment, par exemple, approfondir « En attendant James B… ». J’ai réfléchi à des projets.
Prendre du recul m’a beaucoup apporté. Pour le deuxième confinement je sens la lassitude me gagner et j’éprouve moins de zénitude ! Dans ces conditions un streaming en Italie et l’occasion de retrouver d’autres danseurs c’est du bonheur !


Le spectacle vivant (la danse en l’occurrence) est-il menacé par la fermeture des salles et des théâtres ?
La menace existe… Les moyens internet permettent de rester en alerte, de moins sentir la coupure. Mais à long terme ce n’est pas jouable !
Personnellement l’organique me manque. Ce n’est pas seulement une question de finances. Sur ce point le régime spécial des intermittents du spectacle a été maintenu, les représentations annulées pour cause de Covid ont vu leurs budgets préservés.
Pour les artistes qui ont un statut reconnu, ça peut aller. Pas pour les plus fragiles d’entre nous qui ont subi des ruptures d’activité avant la crise ou qui débutent. Et puis le spectacle vivant a une dimension morale qui insuffle de la force et ravive l’enthousiasme nécessaire à la création.


Ne peut-on utiliser internet pour créer ?
Il faut alors penser les créations en fonction des possibilités du numérique… et que la technologie suive. Il est vrai que réussir à surmonter des contraintes peut être parfaitement positif et créatif.


Comment s’est déroulé le streaming en Italie ?
Avec un dispositif léger. Notre compagnie a déjà fait des vidéos et des films, ça nécessite du temps et une réécriture de la chorégraphie et de la scénographie. J’aimerais qu’on puisse faire une réalisation à partir d’« En attendant James B… », ce qui implique de la penser pour l’image et de travailler en amont avec un cinéaste. C’est un projet qui me tient à cœur pour 2021.


Est-ce vous qui avez proposé « En attendant James B… » à la Cie Twain ou est-ce elle qui l’a choisi dans votre répertoire ?
C’est la pièce que nous tournons actuellement il était donc logique que la proposition vienne de nous. On a achevé sa mise au point en février 2020. « En attendant James B… » est une coproduction avec les Centres de Chorégraphie nationale (CCN) de Roubaix et de Belfort. On a également été soutenu par le CCN de Créteil.


Pourquoi avoir imaginé un spectacle à partir du personnage de James Brown et de son apport musical ?
Notre fil conducteur c’est le groove, la pulsation comme vecteur de la liberté d’expression. Les quatre danseurs du « Collectifs Jeu de Jambes », qui sont avec moi dans cette pièce ont porté le funk de James Brown. Ils sont représentatifs de toute une époque, celle qu’on dénommait « Bleu Blanc Beur ». « En attendant James Brown… » traduit la liberté du corps et c’est un clin d’œil au féminisme puisque je suis la seule femme du groupe.
En temps normal (hors confinement) ce spectacle met en parallèle la danse des clubs qu’on exécute dans le public et la danse contemporaine qui se déroule sur scène. Tout en étant la colonne vertébrale du spectacle James Brown reste invisible ce qui le rend mystérieux… On le devine. On ne le voit pas.


Qu’elles sont les qualités artistiques de James Brown que vous avez voulu mettre en exergue ?
Dans la première partie à l’instar de James Brown la danse est jubilatoire, virtuose, élégante. Dans la deuxième partie on célèbre la joie de danser entre nous. On tisse notre unité sur une musique très pulsée.
C’est alors que Juha-Pekka Marsalo fait le lien entre le hip hop et la danse contemporaine. Il œuvre à leur mise en perspective pour souligner le rapport à l’espace et à la temporalité. Juha-Pekka a participé à de nombreuses créations d’Art Mouv’ depuis ses débuts. C’est un artiste qui a beaucoup travaillé avec Carolyn Carson et beaucoup tourné à l’international.


« Les moyens internet permettent de rester en alerte, de moins sentir la coupure. Mais à long terme ce n’est pas jouable ! »

Hélène Taddei-Lawson


À l’heure de « Black Lives Matter », James Brown est plus actuel que jamais !
On fait référence dans notre pièce à « Black Lives Matter » et aux droits des noirs mais également aux droits des femmes, aux droits des homosexuels… et des blonds ! On reprend haut et fort le « Get up » de James Brown. Et toutes les revendications énoncées s’articulent fort bien.


Les perspectives d’Art Mouv’ pour 2021 ?
On est invité par le CCN de Roubaix. On va se produire à Tanger, Zagreb, Séoul. À Plateforme Danse, on doit accueillir une compagnie de Corée du Sud… Si le Covid ne vient pas tout perturber !


Propos recueillis par M.A-P
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