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Peri : L'antenne de la discorde

Depuis deux ans et la perspective d’une installation d’antenne assurant le réseau de téléphonie mobile sur la commune, la polémique ne cesse de gronder à Peri.
Peri : l’antenne de la discorde

Depuis deux ans et la perspective d’une installation d’antenne assurant le réseau de téléphonie mobile sur la commune, la polémique ne cesse de gronder à Peri. Le site de San Larenzu, non classé mais faisant partie de la mémoire collective ayant été suggéré par la municipalité est le sujet principal de cette discorde qui oppose cette dernière au collectif « Pà u cumunu I Peri » et à l’opérateur …

L’affaire commence il y a deux ans. Saisie par les administrés des trois hameaux de la commune-I Peri, l’Olmu et A Salasca-, lesquels ont relevé des carences récurrentes de couverture de réseau de téléphonie mobile, la municipalité envisage l’installation d’une antenne relais afin de répondre à ce besoin. « Les requêtes étaient fondées, assure Xavier Lacombe, maire de la commune, il s’agissait d’assurer la sécurité des habitants notamment en ce qui concerne les appels à des fins de secours médicaux, sécuritaires ou de lutte contre l’incendie et donc de résoudre tous les problèmes de téléphonie mobile… »

Deux ans de procédure

Ainsi, une première proposition est faite à l’opérateur mais elle ne remplit pas les conditions d’intégration au paysage, « afin de poursuivre l’action entreprise dans le domaine de la préservation du patrimoine bâti et environnemental, rajoute le maire.
Le choix se porte donc sur le site de San Larenzu, un lieu qui surplombe la vallée et dont l’accès est situé en contrebas du village. «Ce site présente le juste compromis entre l’indispensable sécurité des administrés et le respect nécessaire de l’environnement. »

De couleur verte, l’antenne présenterait les aspects d’un arbre. « La commune réalisera un aménagement arboré aux abords du relais afin de limiter les effets perturbants et de respecter l’harmonie visuelle du site.
Nous avons, ainsi refusé des antennes métalliques de 25 et 35 mètres de haut et réfléchi à la meilleure intégration possible. »

L’opérateur Free dépose le permis de construire en août 2018, il est accordé le 29 novembre pour un début des travaux prévu en mai 2019. Date à laquelle la dalle qui doit retenir l’antenne-relais est installée.


Un collectif apolitique

Dans la foulée, l’associu « Memoria Viva » envoie un courrier à la mairie dans lequel il fait part de son inquiétude quant au choix du site. « Il s’agit d’un lieu de mémoire, assure Jérôme Bisgambiglia, l’un des sites les plus emblématiques de la commune, lieu de pèlerinage situé à quelques dizaines de mètres du cimetière. On y retrouve également, même si des fouilles approfondies n’ont pas été effectuées, les vestiges d’une chapelle du Xe siècle recensée en son temps par Madame Geneviève Moracchini-Mazel.
Il était impensable de songer à installer une antenne sur ce site. »


En juin 2019, et porté par Jérôme Bisgambiglia, le collectif « Pà u Cumunu i Peri » voit le jour. « C’est une simple initiative citoyenne, rappelle son responsable, sans étiquette politique, il rassemble des hommes et des femmes soucieux de protéger le vivant et la mémoire, de veiller au bien commun et à la préservation de notre patrimoine. »

En deux semaines, tout s’accélère. L’antenne est montée sur site et redescendue, une requête est déposée auprès du Tribunal Administratif de Bastia-requête rejetée-, une pétition en ligne est signée et une réunion publique avec la municipalité et l’opérateur ne donne rien.
Plusieurs courriers sont envoyés à l’Exécutif de Corse, au Ministère de la Cohésion des Territoires…


Vers une issue ?

Un an et demi plus tard, l’affaire est toujours embourbée. De fait, le collectif dénonce certaines incohérences dans les différentes procédures. « Le permis de construire a été accordé sans la moindre concertation avec la population.
Il n’a jamais été affiché en mairie ni le panneau d’affichage sur site alors que la dalle avait été coulée. En outre, et selon l’opérateur, la dalle aurait une superficie de 6 mètres carrés, après calcul, nous en sommes à 12 m2.
L’antenne est d’une hauteur de 13,5 m paratonnerre compris. Le dossier d’électrification est inexistant (aérien ou enterré ?). En outre, l’absence de concertation avec la municipalité est entérinée tout comme l’impact sur l’environnement et sur notre patrimoine… »


« La procédure ne nécessitait ni déclaration préalable, ni permis de construire, se défend Xavier Lacombe, nous avons travaillé en totale transparence sur ce dossier. Sachant que toutes les collectivités doivent être équipées en 4G.
Cette intégration a été faite au mieux et dans les meilleures conditions. Il n’y a, en outre, aucun souci archéologique puisque le lieu où l’antenne sera installée est situé à 47 mètres des vestiges de la chapelle. Un courrier de la DRAAC atteste qu’il n’y aucun risque. »


Le 12 octobre dernier
, l’antenne est livrée sur site pour assemblage et hélitreuillage le lendemain. Le collectif plante une tente sur la dalle et y passe la nuit. « On s’est opposé à l’hélitreuillage le mardi sans aucune violence ni verbale, ni physique en discutant avec le personnel ou les forces de l’ordre. L’antenne a été chargée et a quitté le village. Pour où ? Nous l’ignorons.
Elle est revenue l’après-midi, nous nous sommes opposés à son installation malgré la présence d’un huissier de justice et de la gendarmerie… Free devrait déposer un ultime recours et si cette requête n’est pas rejetée, l’antenne pourra être installée… »


Dans ce bras de fer qui semble persister, la balle est dans le camp de l’opérateur. « Il ne s’agit plus d’une opposition avec la municipalité reprend Xavier Lacombe, mais d’un conflit entre le collectif et l’opérateur Free…»

L’affaire suit son cours mais reste en stand-by en raison de la crise sanitaire et du confinement qui retardent les échéances.
En espérant que le bon sens l’emportera …

Philippe Peraut
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