La ligue Internationale contre le racisme et l'antisémitisme ( LICRA ) installe une antenne en Corse
La Corse était la seule région de France , avec la Bretagne , à ne pas avoir d'antenne régionale de la LICRA
La Ligue Internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) installe une antenne en Corse
La Corse était la seule région de France, avec la Bretagne, à ne pas avoir d’antenne régionale de la Licra, la ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Ce vide a été comblé dans notre île sous l’égide d’Anna-Maria Sollacaro, avocate au barreau d’Ajaccio, de Bruno Questel, avocat au barreau de Paris et ancien député de l’Eure, Marie-Hélène Fabiani, avocate et présidente des Corses du Palais, et Jérôme Paoli, journaliste.
Lutter contre les racismes et l’antisémitisme sans se disperser
La raison officielle de la création de cette antenne de la LICRA en Corse est donc la nécessité d’implanter la Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme dans l’une des deux régions où elle était absente. Pourtant à bien y regarder, on sent bien qu’il y a là la volonté de faire contrepoids à une Ligue des Droits de l’Homme corse dont la ligne a peut être été jugée souvent trop à gauche. Bruno Questel a en effet déjà pris ouvertement position contre LFI, s’est opposé au Nouveau Front populaire sur la question des retraites. Il a également été nommé en avril 2024 à la tête de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, mais en démissionne rapidement en mai après avoir défendu en tant qu’avocat un père incestueux ce qu’a condamné la commission qu’il présidait entraînant son départ. Jérôme Paoli est dirigeant et fondateur du mensuel Paroles de Corse et Corsica Radio, d’Opinion of Corsica et producteur de télévision.
Il a aussi fondé le festival de la fiction et du documentaire politique de la Baule. Il a monté Corsica airways, une compagnie d’avions taxis pour effectuer des vols internes en Corse. Anna-Maria Sollacaro est avocate au barreau d’Ajaccio. Elle est la fille du regretté avocat Antoine Sollacaro, assassiné par le Petit Bar le 16 octobre 2012 qui était un membre de la LDH. Marie Hélène Fabiani, également avocate au barreau de Paris est présidente des Corses du Palais. Spécialisée en propriété intellectuelle, littéraire, artistique et industrielle, elle travaille entre la capitale et Genève.
La LICA : une histoire glorieuse contre l’antisémitisme
En 1926, pour mieux défendre Sholem Schwartzbard, un militant anarchiste juif ukrainien qui avait abattu Symon Petlioura, éphémère président de la république d’Ukraine, un ancien militant communiste Bernard Lecache, crée la Ligue contre les pogroms.
Après l’acquittement de Sholem Schwartzbard, le groupement, organisé en association, devient en 24 février 1929, la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA). Des personnalités influentes et d’origines politiques diverses y adhérent : Victor Basch, Séverine, Pierre Bonardi, Paul Langevin, Maxime Gorki, Léon Blum, Lazare Rachline, la comtesse de Noailles, Georges Zérapha, Georges Pioch, Edmond Fleg, André Spire ou encore Albert Einstein.
La Ligue réunit très vite 10 000 adhérents répartis en sections d’arrondissements et de villes et en fédérations départementales à travers toute la France et constitue une force incontournable dans la bataille des ligues fascistes en février 1934 et après. Elle mène un incessant combat contre le pouvoir nazi à partir de janvier 1933, accompagnée par l’immense avocat corse Vincent de Moro Giafferi et Henry Torrès, lui-même juif, grand ami de Joseph Kessel, et défenseur de nombreux anarchistes avant et après la guerre. Il a été le mentor de Robert Badinter.
De la LICA à la LICRA
Durant l’Occupation la LICA agit pour sauver des juifs promis à la mort. Elle se reconstitue en 1994. Le parti communiste crée alors le mouvement national contre le racisme qui deviendra le MRAP tandis que la LICA combat les menées antisémites de l’URSS sous l’égide de Staline. Soutien de l’indépendance de l’Algérie, elle combat en même temps le négationnisme qui apparaît à partir des années cinquante dans les rangs de groupuscules d'extrême gauche et parmi les nostalgiques du pétainisme. Lors de son 33e congrès national, en 1979, la LICA annonce qu’elle devient la LICRA, ajoutant tous les racismes à celui de l’antisémitisme, à l’initiative de l’avocat Robert Badinter. La LICRA milite également pour une plus forte régulation des réseaux sociaux, dont notamment la levée de l’anonymat.
Se recentrer sur l’antiracisme
C’est donc une excellente nouvelle qu’une organisation internationale s’implante en Corse avec pour mission de combattre tous les racismes sans s’éparpiller en une multitude causes plus ou moins valables. Une de plus dira-t-on ? Elles ne seront jamais assez nombreuses en regard de la situation mondiale qui tend vers l’illibéralisme quand ça n’est pas tout simplement vers un fascisme religieux ou politique en espérant qu’elles seront capables d’œuvrer ensemble pour tenter de mettre un peu plus de fraternité dans un monde qui se replie sur des nationalismes agressifs avec pour tête de pont un Donald Trump allié à Vladimir Poutine pour le plus grand malheur des libertés.
GXC
Photo : D.R