• Le doyen de la presse Européenne

La justice , clef de voûte de la démocratie

L’humanité est angoissée par le résultat de ses propres errements et les décisions incohérentes de Donald Trump ne sont pas faites pour la rassurer

La justice, clef de voûte de la démocratie


L’humanité est angoissée par le résultat de ses propres errements et les décisions incohérentes de Donald Trump ne sont pas faites pour la rassurer. Ce qu’on a appelé l’illibéralisme pour parler d’une attitude politique proche d’un certain fascisme met en grand danger l’état de droit dans une majorité des démocraties. Dans un tel contexte, la justice, le respect de la chose jugée une fois que tous les recours ont été exercés, prend une dimension stratégique pour le maintien de nos faibles démocraties.

Un vent autoritaire et liberticide


L’humanité arrive au milieu du gué de sa propre histoire. Ce qu’on a désigné comme le progrès a trop souvent fait fi de ses conséquences environnementales et du déséquilibre social qu’il causait. Jamais l’humanité n’a été aussi riche, aussi performante en termes de santé, mais aujourd’hui l’homme est prié de passer à la caisse. Et le prix à payer est croquignolet : inflation démographique sur deux continents avec à la clef des guerres et des maladies ; vieillissement et infertilité des pays industrialisés qui deviennent une destination inévitable pour les jeunes déshérités ; une américanisation des mœurs qui produit obésité et maladies de toutes sortes, drogue ; et enfin la crise climatique. Le mélange de tous ces ingrédients produit une angoisse crépusculaire de la part d’un Occident qui se pensait maître du monde. En conséquence, ces peuples qui se sentent menacés de toutes parts exigent de l’autorité quoiqu’il en coûte. Les hommes ne savent plus quoi faire pour endiguer les maux qu’ils ont générés et ils appellent de leurs vœux des pouvoirs forts quitte à abîmer l’état de droit.

La justice seule garante d’une liberté de choix


La justice se heurte aujourd’hui à des forces criminelles qui parfois dépassent en puissance les états. Ces mafias, ces cartes, ces bandes usent de tous les moyens légaux ou illégaux pour tenter de détruire la seule force qui les combat : la justice. Celle-ci n’est pas infaillible. Parfois, elle se trompe et donne le sentiment d’être partisane. Parfois encore elle rend des sentences qui paraissent renforcer un supposé laxisme. Mais comme la démocratie, on n’a encore rien trouvé de mieux pour éviter la loi du plus fort c’est-à-dire le fascisme politique (qu’il soit rouge ou brun) ou le fascisme primitif incarné par la criminalité organisée. Alors que les états vacillent et menacent d’être emportés par les vagues populistes, alors que les dictatures rouges ou brunes imposent leurs directives à la justice, il est essentiel d’épargner ce pouvoir qui par son indépendance garantit une forme d’objectivité. Il faut le répéter : les magistrats ne font qu’appliquer des lois qui sont votées pour défendre un certain type de société. Mais sans un tel processus qui doit être régulièrement revu et corrigé par les représentants du peuple, la tyrannie s’installera.

Des élus qui jouent avec le feu


Il est tout à fait normal et sain de pouvoir critiquer des décisions de justice tant qu’elles ont la possibilité de recours. On peut même contester une décision finale, mais sans recourir à une remise en cause de celles et ceux qui ont prononcé le jugement. Il ne fait aucun doute que les magistrats possèdent leurs propres opinions politiques. Mais jeter le doute quant à leur probité au nom d’intérêts partisans c’est tout simplement ébranler la démocratie tout entière. Jean-Luc Mélenchon se demande à quelle sauce il va être mangé lui à qui il est reproché les mêmes turpitudes que celles qui ont causé la mise en examen de Bayrou et de Le Pen. C’est bien la preuve d’une réelle impartialité. Mais en jetant l’opprobre sur les magistrats, les élus de quelque bord qu’ils soient menacent l’état de droit. Il était proprement navrant d’entendre Nicolas Sarkozy tenir le même discours que Marine Le Pen sur la partialité de la justice lui qui devrait avoir honte d’avoir commis ce pourquoi il a déjà été condamné. Si on se réfère au passé de l’Europe, la montée des périls avait déjà commencé par une remise en cause des politiques et des magistrats notamment en France avec l’affaire Stavisky.

Soutenir l’état de droit contre le crime


Ceux qui s’en prennent à la magistrature favorisent volontairement ou non l’installation d’un état illibéral d’abord tyrannique ensuite. Le pouvoir occulte des juges est une galéjade inventée par des politiques pris la main dans le sac. Dans l’Italie de Meloni par exemple, les juges sont le dernier rempart pour freiner les mesures inconsidérées dans le domaine social ou celui de l’immigration. Aux États-Unis, seuls les juges parviennent à parfois juguler les délires trumpistes. La France ne fera pas exception. Et quand bien même certaines décisions ne nous plaisent pas, il sera nécessaire de ne pas ajouter au désordre ambiant qui, jusqu’à aujourd’hui a précipité toutes les républiques dans les bras d’un « homme fort » ou d’un régime dictatorial.

GXC
Photo : D.R
Partager :