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Corse avant - garde française

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Notre île peine à imaginer son futur et possède une tendance atavique à la mélancolie, a malincunia. Elle regarde bien souvent en arrière, transformant un passé douloureux en une image d’Épinal.
Avec le désordre actuel, causé par la crise de la Covid, le risque est grand de se complaire dans ce bain crépusculaire. Et pourtant le mystère corse résiste au temps : notre grandeur est souvent partie prenante de la grandeur française.

L’invasion du vide


La Corse ou une partie de la Corse a toujours montré une forme d’attraction pour la France. C’était vrai à l’époque de la Renaissance tardive avec l’épisode de Sampiero Corso. Cela se retrouve dans notre histoire, fondamentalement différente de celle de notre cousine sarde pourtant toute proche. Ça l’a été plus encore avec la fin de la période paoline quand les élites insulaires basculèrent du côté français souvent pour un titre nobiliaire ou une place à la tête d’un régiment en fait par attirance pour le centralisme français opposé au puzzle italien.
Mais, si on accepte de quitter le champ anecdotique, on repère des traits de caractère qui nous poussait à nous arracher du tropisme génois pour aller vers celui de la France. Cela demande un peu de lucidité et beaucoup d’honnêteté. La pauvreté de la Corse n'a jamais permis l'émergence d'une bourgeoisie indigène qui eut pu lui servir de colonne vertébrale. Nous avons donc opté (inconsciemment évidemment) pour des corsets exogènes tels que les puissances pisane, génoise puis française. Nous les avons chevauchés sans perdre notre identité afin d’en obtenir le maximum d'intérêts. Puis lorsqu'elles arrivaient au bout de leur proche chemin et que nous ne pouvions plus rien en tirer, nous les avons abandonnées passant de l'une à l'autre, de la moribonde à la vive.
Ainsi nous sommes devenus (parfois à notre corps défendant) des "plus que Français". En 1790, les députés de la nouvelle Constituante célèbrent la révolution corse en présence de Paoli le désignant comme le précurseur du mouvement insurrectionnel français.

C’est de notre île qu’a émergé la famille Buonaparte qui a créé un état moderne en France et peut-être en Europe. Les Napoléonides ont couronné à deux reprises les Républiques françaises de leur tiare impériale.
La Corse fut le premier département métropolitain à se libérer en septembre 43 du joug fasciste ; le premier à préparer l’arrivée du général de Gaulle en 1958 et donc à accompagner la quatrième république au tombeau pour préparer la suivante. Pour des raisons mystérieuses, nous avons été les éclaireurs de la France dans les lointaines colonies comme sur le continent. Les maladies françaises furent les nôtres sans l’ombre d’une ambiguïté. C’est dire si aujourd’hui, nous partageons le désarroi français. Le vide hexagonal nous atteint de manière holistique et nous glace.

Signes de crise et de désarroi


Le mal est d’abord économique.
Les finances de l’île sont fragiles et perfusées par celles de la nation française. Aujourd’hui, la souffrance sanitaire a débouché sur une souffrance infrastructurelle qui nous fait douter de nous-mêmes. Et voilà qu’à cela vient s’ajouter le désordre étatique. Plusieurs grands policiers ont été mutés hors de Corse et un général de gendarmerie est convaincu de collusion avec les voyous. Les repères s’évanouissent les uns après les autres.
Des articles de presse, vraisemblablement alimentés par des magistrats ou des policiers, offrent en pâture à tort ou à raison des noms de représentants de la majorité nationaliste qui seraient complices de mafieux. Comme le proclamaient les ennemis d’Emmanuel Arène, véritable patron de la Corse sous la IIIe République :Ùn ci n’hè più un palmu di nettu”. Le sentiment dominant est qu’il n’y a plus un seul endroit de propre et le doute est partout. Lorsque la communication officielle défaille, la rumeur prend le dessus. Le désarroi et la mélancolie font leur chemin parmi des Corses en perdition favorisant ainsi les intérêts des forces occultes.

Redresser la barre


La situation économique est un concept qui efface souvent toute humanité.
Or aujourd’hui artisans, commerçants, agriculteurs, c’est-à-dire, le cœur de notre société, sont dans une situation dramatique. Il y a évidemment les pauvres endémiques qu’il faut absolument aider.
Mais il y a aussi ces jeunes, ces femmes et ces hommes isolés, ces travailleurs qui sont en train de tout perdre. Il ne fait nul doute qu’une victoire sur la maladie devait se traduire par une misère généralisée, par un excès de mortalités, mais aussi par une vague de tristesse et de dépression sans précédent alors cette victoire s’appellerait une gigantesque défaite.
Là encore parce que nous possédons cette résilience qui nous a permis dans le passé de nous relever, nous pouvons être l’avant-garde du redressement national en prouvant que l’économie et l’humain peuvent et doivent faire chemin commun.

GXC
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