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Interview de François- Xavier Ceccoli ( député ): un an aprés

Premier bilan aprés un an au sein du groupe Droite Républicaine à l'Assemblée Nationale .

François-Xavier Ceccoli (député) : un an après

Depuis près d’un an, le député de la deuxième circonscription de la Haute-Corse siège à l'Assemblée Nationale au sein du groupe Droite Républicaine. Premier bilan.


Quels premiers enseignements tirez-vous du « métier » de député ?


Maintenir un équilibre entre travail parlementaire à Paris et présence en circonscription est essentiel. Il faut être à Paris pour peser sur les votes et créer le réseau qui nous permet de porter les dossiers qui sont importants pour notre île. Il faut être présent en circonscription pour être au contact des concitoyens qui sont à la fois, le baromètre de notre action et la source des initiatives à relayer et faire aboutir au parlement. Ce qui est exigé des députés est assez lourd car il nous appartient de traiter de sujets à la fois nombreux et souvent très divers. Cela exige du travail mais également de l’écoute pour cerner les problématiques sur lesquelles nous engageons le pays. Il faut également savoir, humblement, faire le choix de se concentrer sur certains dossiers pour se donner des chances de les faire aboutir.


Représentant de la Nation et élu dans une circonscription sont-ils vraiment conciliables ? Avec la proportionnelle, un député ne serait-il pas plus libre et davantage en mesure d'aller dans le sens de l'intérêt général ?


En tant que gaulliste, je suis tout à fait opposé à l’introduction de la proportionnelle qui ajouterait à l’instabilité du pays en reproduisant les errements de la IVème République. Je préfère la légitimité de 577 députés qui se confrontent et rendent des comptes personnellement à leurs électeurs, que celle de 577 députés qui doivent leur siège au choix de quelques chefs de parti.


À l'Assemblée Nationale, vous êtes membre de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Pourquoi avoir fait ce choix ?


Cette commission parle beaucoup à l’agriculteur et à l’élu corse du rural que je suis. Je crois modestement avoir acquis dans nombre de domaines relevant de cette commission, une connaissance des dossiers que je peux alors mettre à profit pour convaincre mes collègues. Mais cela ne m’empêche pas d’intervenir, quand cela est nécessaire, au sein d’autres commissions pour défendre les intérêts de notre île, son rattrapage en matière d’équipements de santé ou encore ses spécificités fiscales.


Quels dossiers captent plus particulièrement votre attention et votre temps ?


Je me suis particulièrement investi pour faire en sorte que le développement durable ne constitue pas la paralysie de nos territoires mais, au contraire, allie écologie et économie. En matière agricole par exemple, je travaille à l’assouplissement des règles qui encadrent l’entretien des cours d’eau. De manière générale, je m’emploie à combattre les dérives idéologiques de députés écologistes et LFI qui n’ont de cesse que de créer des règles qui affaiblissent notre pays en plus « d’emmerder les Français », pour reprendre l’expression de Pompidou. C’était le sens de mon intervention pour défendre l’achèvement de l’A69, un axe routier essentiel pour le Sud-Ouest français, pris en otage par idéologie au mépris de l’intérêt général et de notre démocratie.


Demander un allègement des normes ne remet-il pas en cause le développement durable ?


Les normes sont les garantes de notre progrès social et environnemental. Elles doivent nous tirer vers le haut quand cela est souhaitable. Mais elles ne doivent pas pour autant faire le lit d’une concurrence étrangère déloyale. On ne peut pas accepter que nos entreprises et nos agriculteurs pâtissent de concurrents qui ne sont pas ou peu contrôlés et auxquels on ne fait pas respecter nos propres standards. À ce jeu, on condamne notre économie sans protéger notre population. La réciprocité en matière de normes doit être la règle. Au-delà, et dans certains domaines, en tant que régionaliste convaincu, je suis partisan d’une capacité à adapter les normes locales par un transfert de certaines prérogatives réglementaires.


Vous vous impliquez particulièrement pour obtenir l'implantation de TEP-Scans dans l'île. Est-ce en bonne voie ? Quels bénéfices pour les Corses et la Corse ?


J’ai fait de la santé une des priorités de mon mandat et c’est pour cela que, dès la fin d’année dernière, j’ai déposé une proposition de loi visant à rendre obligatoire la présence dans chaque région d’au moins un TEP-Scan et d’un cyclotron. Le TEP-Scan est un appareil indispensable en matière de détection et de contrôle des cancers. Chacun doit le savoir, plus de 3000 Corses vont sur le continent pour réaliser ce type d’examen. Ils pourraient être 5000 si cela était réalisé en Corse. Cela montre l’ampleur du non recours au soin. Le TEP-Scan sera également demain un outil important en matière d’interventions et de soins. Je note avec satisfaction que depuis mon initiative, ce dossier essentiel a connu des avancées significatives. Nous devrions bénéficier, dès le second semestre 2026, de TEP-Scan à Ajaccio et à Bastia. Ces deux équipements seront alimentés en matière radioactive acheminée par avion. Si cette solution transitoire est indispensable pour un démarrage rapide de l’activité, il est tout aussi indispensable d’accélérer l’implantation du cyclotron, sauf à condamner la Corse à une prise en charge des malades dégradée et aux aléas des retards ou des grèves. C’est pourquoi j’ai inscrit dans ma proposition de loi, l’obligation d’un cyclotron par région. Se doter de cet équipement a bien sûr un coût, mais il faut le mettre en rapport avec sa plus-value en matière médicale et évidemment prendre en compte le prix de la solution transitoire par avion. De plus, le cyclotron permettra de développer une filière de recherche d’excellence en Corse. C’est pourquoi, tant dans un souci d’efficacité que de développement d’une filière d’excellence, je souhaite que cet équipement soit installé à Corte, pour pouvoir travailler en lien avec l’Université et alimenter de manière rapide Bastia et Ajaccio en matière radioactive.


Concernant le dossier Corse, le Président de la République et le gouvernement veulent une réunion du Congrès avant la fin de l'année. Pensez-vous toujours qu'il sera difficile de concilier les positions de l'Assemblée nationale et du Sénat ?


On voit bien actuellement que le dossier peine à convaincre des parlementaires de tous les groupes, et jusqu’à ceux du Parti Socialiste qui passe généralement pour être à la pointe en matière de réformes institutionnelles concernant la Corse. On peut comprendre cet état d’esprit car il s’agit d’un dossier d’une part mal ficelé et lourds d’inconnues - pas de visibilité budgétaire et fiscale par exemple - et d’autre part soumis à une instabilité politique que l’on observe dans le pays depuis la dissolution.


Maintenez-vous vos réserves concernant la dévolution d'un plein pouvoir législatif en certains domaines ? Si oui, pourquoi ?


Il faut dire la vérité aux Corses. Réclamer toujours plus de compétences quand l’actuel exécutif pour ne pas le citer, a montré son incapacité à exercer correctement celles qui nous ont été dévolues depuis plus de 30 ans, suffirait déjà à discréditer la revendication autonomiste. Mais demander à écrire la loi à l’Assemblée de Corse, alors que notre île montre des signes préoccupants de dérives mafieuses, n’est pas responsable. Notre actualité récente l’illustre parfaitement. Ceci posé, je ne suis pas opposé à une évolution, mais souhaite qu’elle permette à notre île d’accroître son champ d’action, sous le contrôle par exemple d’une commission mixte parlementaire qui serait sommée de se positionner sur les textes proposés par notre île dans les 6 mois de sa transmission. Cela garantirait notre capacité à agir et soustrairait en partie nos élus au poids de leurs décisions et aux pressions qui y sont liées.


Vous avez évoqué deux dangers que représenterait l'autonomie : un nouveau centralisme au profit de la Collectivité de Corse, une présence moindre de l'État qui favoriserait les agissements du crime organisé. Craintes réelles et fondées ou prétextes pour rogner les ailes à l'autonomie ?


Personne ne peut nier la dérive mafieuse dans notre île et ses conséquences sur notre vie démocratique, pas plus qu’on ne peut nier que la suppression des départements a accouché d’un centralisme régional qui est catastrophique en matière de lien avec nos territoires. Faire une réforme institutionnelle qui aggraverait ces deux phénomènes serait irresponsable. Ils doivent être au contraire pris en compte et traités. J’y veillerai.


L’actualité commande. Bruno Retailleau élu à la présidence de Les Républicains. Vous l'avez soutenu. Qu'attendez-vous de lui ?


Je me suis particulièrement réjoui de sa victoire à la présidence des Républicains, et des 88,8% réalisés en Haute Corse, même si j’ai une grande estime pour Laurent Wauquiez avec qui je travaille à l’Assemblée nationale. J’attends de Bruno Retailleau qu’il poursuive dans la voie qu’il trace depuis septembre dernier au gouvernement, et depuis des années dans la vie politique nationale : celle d’une droite de l’action, sûre de ses valeurs et ancrée dans le réel. Une droite qui prend à bras le corps les problèmes du pays en matière de sécurité, d’immigration ou d’économie. Je crois que les Français, bien au-delà de notre camp, font crédit à Bruno Retailleau d’une incontestable sincérité et d’une capacité à redresser la France que l’on n’avaient plus observées à ce niveau depuis des années. La Corse ne pourra évidemment qu’en bénéficier.


Propos recueillis par Jean-Pierre Bustori
Crédit photo : Le journal de la Corse
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