• Le doyen de la presse Européenne

« Rennu in cumunu », du 5 au 13 juillet Ateliers culturels, rencontres, spectacles, performance

« Rennu in cumun ». 5 è édition.

« Rennu in cumunu », du 5 au 13 juillet
Ateliers culturels, rencontres, spectacles, performance



« Rennu in cumun ». 5 è édition. En partenariat avec l’association Sipòfà et l’EPAD de Vico. A voir et écouter Patrizia Poli et Pascal Arrroyo, le groupe polyphonique « Tempus fugit ». A retrouver « Joli mai » de Chris Marker. A capter la performance dansée et contée de Corine Miret. A découvrir « Lumières pour les enfants », petite conférence destinée au jeune public.




Des guerres un peu partout sur le globe. Des guerres qui nous touchent de près : Gaza et le génocide, l’Ukraine, l’Iran. La haine et ses bourgeons mortifères dans plusieurs pays européens. Le repli sur soi qui éteint les bonnes volontés. Le doute de tout. Le présent plein de dangers. L’avenir et son opacité. Il faut avoir du courage dans cette ambiance pour préparer des rencontres culturelles et des spectacles ainsi que le fait à Rennu le « Teatru di u cumunu » de Noël Casale et Liza Terrazzoni… Mais foin d’abattement et le désenchantement. Remettre en vitesse l’œuvre sur le métier pour créer, pour produire des effets bénéfiques voilà la règle du comédien et metteur en scène, Noël Casale.

« Rennu in cumunu » a été pensé en 2020 – 2021, soit en pleine crise sanitaire provoquée par le COVID. But des artistes-artisans du « Théâtre du commun » : continuer à travailler dans ce long temps mort qu’était une situation obligeant les gens à l’immobilité du chez soi au risque d’être frappés par l’épidémie. « Nous avons alors voulu être encore plus volontaristes que d’ordinaire et l’idée nous est venue de proposer des projets à l’intention de personnes éloignées des structures culturelles existantes. Des personnes vivant dans le milieu rural et dans ceux urbanisés oubliés de la culture. C’est dans ces circonstances qu’est né « Rennu in cumunu », non dans l’optique de divertir mais d’offrir des ateliers de pratique artistique gratuits dans une mixité sociale « bienvenue », explique Noël Casale.

Ateliers culturels, rencontres, spectacles vont se dérouler dans le tiers lieu de Renu et dans celui d’U chjosu di a vignarella di Vico. Quid de cette expression de tiers lieu ? Elle s’est répandue hors de l’appellation administrative, pour imprégner le langage courant il n’y a pas si longtemps. Elle désigne un espace où il fait bon de se rencontrer entre l’endroit où l’on travaille et celui où l’on habite. Un tiers lieu peut également se situer dans l’enceinte d’un EPAD (comme c’est le cas ici) où résidents et habitants du cru peuvent se retrouver pour échanger, discuter et même faire la fête.

Michèle Acquaviva-Pache


Programme 

Ateliers
Du 7 au 12 juillet, land art avec Johnny Lebigot, les matins.
Dimanche 6 juillet, à partir de 10 h polyphonie avec Tempus fugit.
Du 7 au 10 juillet de 10 h à 12 h 30, danse avec Corine Miret.
7 juillet de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 16 h. Du 8 au 12 juillet de 15 h à 18 h, théâtre avec Noël Casale
13 juillet de 14 h 30 à 18 h, assemblée citoyenne. Thème, la formule de Michelet : « Chaque époque rêve la suivante ».

Récitals, cinéma, conférence, dédicace
5 juillet, 19 h présentation de la 5 è édition. 21 h « Parenu fole » de Patrizia Poli et Pascal Arroyo.
6 juillet, 18 h 30 « Da caminu » de « Tempus fugit ».
9 juillet, 19 h cinéma, « Joli mai, de Chris Marker.
10 juillet, 18 h restitution des ateliers de danse et performance de Corine Miret.
11 juillet, 18 h 30 « Lumières pour les enfants », conférence.
13 juillet, 11 h lecture-rencontre-signature du livre, « Des voyageurs regardent un coucher de soleil » de Noël Casale.



                       ENTRETIEN AVEC NOËL CASALE du Théâtre du comun.


Land art, chant polyphonique, danse, théâtre vous déclinez des propositions variées lors de « Rennu in cumunu ». Qu’est-ce qui change cette année ?

On retrouve chaque année ces ateliers de pratique artistique. Lors de la 5 è édition, afin qu’ils puissent être suivis plus facilement par les intéressés nous en avons limité le nombre pour qu’un même participant ait l’opportunité d’en fréquenter deux différents : l’un le matin et l’autre l’après-midi. C’est d’ailleurs leurs vœux. C’est aussi pour mieux harmoniser nos propositions de pratique artistique.


Qui assistent à ces ateliers ?

L’an dernier on a constaté, par exemple, que l’âge des participants allait de 8 à 82 ans à l’atelier de performance sur des textes que nous avions écrits ensemble en quatre jours.


Pourquoi un atelier de land art ? Parce que « Rennu in cumunu » se déroule en plein air ?

Deux choses nous ont poussé à lancer ce type d’atelier. Premièrement parce que Johnny Lebigot, artiste de land art, que nous connaissons bien, travaille des végétaux et des minéraux de manière merveilleuse et solaire et qu’il sait s’impliquer auprès des personnes âgées. Deuxièmement parce que nous bénéficions d’un environnement naturel beau et riche et de plus inspirant.


Pour quelle raison lier danse et méthode Feldenkrais ?

Corine Miret, danseuse, qui anime cet atelier, a été formée à la méthode Feldenkrais. Cette méthode a muri son univers d’artiste car à travers le mouvement elle aide à prendre conscience de son corps et peut faciliter une diminution du stress. En utilisant cette méthode Corine Miret parvient à faire danser des gens cloués sur des fauteuils roulants médicalisés… Des personnes parfois lourdement handicapées. Alors c’est tellement beau de voir leurs yeux s’illuminer ! Des yeux si brillants de lumière !... Corine, on a fait sa connaissance en 1998…



Comment organisez-vous votre atelier théâtre ?

Cet été nous allons travailler sur des textes de la poétesse et comédienne bruxelloise, Laurence Vielle. Nous les lirons à voix haute et nous chercherons à jouer avec eux. La poétesse les a publiés dans « Billet d’où ». L’intérêt de la poésie de Laurence Vielle est d’être d’une écriture de maintenant, dans des formes de maintenant, évoquant des gens mis en mots.


Votre programmation comprend une Assemblée citoyenne. Comment se présente-t-elle ?

Elle va réunir une dizaine de personnes de la culture, de la recherche, d’ONG. On va accueillir des membres d’SOS Méditerranée qui sauve des migrants qui se noient. Il y aura également des étudiants. Ensemble ils débattront à partir d’une très fameuse citation de l’historien Michelet : « Chaque époque rêve la suivante ». Autrement dit, ils essayeront d’imaginer comment rêver demain en nos temps difficiles.


Vous souhaitez que les rencontres de « Rennu in cumunu » se déploient sur trois saisons. Pouvez-vous détailler ?

Au printemps, j’imagine une résidence de Corine Miret, danseuse et une autre de Noël Casale, théâtre, à l’EPAD de Vico avec les pensionnaires, le personnel soignant et les collégiens de Vico. En été, les journées de rencontres à « Rennu in cumunu ». En automne, des ateliers, des représentations et des tables - rondes à Rennu, Vico, Letia.



Au cours de la saison 2024 – 2025 vous avez été invité par l’Institut français de Palermeet le Goethe Institute. Quels enseignements avez-vous tiré de vos échanges avec des artistes italiens et allemands ?

Avec les uns et les autres j’ai décrit ce que je vivais. J’ai parlé de mes inquiétudes face à la montée des haines attisées par le néolibéralisme. Je me suis rendu compte que ces inquiétudes étaient partagées par mes interlocuteurs italiens et allemands. Certes, suivant nos territoires on peut porter l’accent sur tel ou tel phénomène… Avec l’Institut français de Palerme on prévoit d’inviter en Corse un artiste italien…



Rencontres artistiques, culturelles et solidaires c’est ainsi que vous sous-titrez « Rennuin cumunu ». Qu’y-t-il derrière votre mot « solidaires » ?

J’ai le sentiment que beaucoup de gens ont l’impression d’être exclus de leur histoire, de leurs territoires et que leurs repères s’en vont ! Confrontés à cela il faut inventer de nouvelles manières de vivre ensemble. L’emploi de « solidaires » est chez moi un appel à la solidarité de tous.



Qu’est-ce qui vous frappe en particulier dans la situation politique actuelle ?

Je n’avais jamais entendu des dirigeants, comme le 47 è président des Etats-Unis, dirent n’importe quoi ! Avant il y avait une logique… Je ne comprends pas non plus pourquoi tant d’électeurs ne votent pas pour ceux qui défendent vraiment leurs intérêts ! Ça me déboussole.

M.A-P
Photos: M.A.P

« Des voyageurs regardent un coucher de soleil »
Voilà le titre du nouveau livre de Noël Casale, paru ce mois de juin. Un livre écrit à partir d’une résidence à Vico. L’auteur mêle lettres à son père, souvenirs, méditations, bonheurs et drames. Il conte encore le quotidien de l’EPAD, Jeanne d’Arc. Un lieu propice pour penser une Corse autre. Un lieu commun et solidaire capable d’accoucher – qui sait ? – de nouvelles utopies.


















Partager :