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L' anti-gaspi s'invite à table

En Corse, environ 130 000 tonnes de nourriture sont jetées chaque année,

L’anti-gaspi s’invite à table

En Corse, environ 130 000 tonnes de nourriture sont jetées chaque année, représentant près de 1,5 million d'euros de pertes financières pour les ménages. Le gaspillage alimentaire est un réel défi, pour tous.



Cadre légal

Depuis la loi Garot de 2016, les grandes surfaces doivent donner leurs invendus à des associations. La loi AGEC de 2020 fixe l’objectif de réduire le gaspillage de 50 % d’ici 2025 et 2030. Le gaspillage alimentaire en Corse atteint 99 kg par personne et par an. Il pèse lourdement sur les ressources naturelles, génère des déchets et contribue aux émissions de gaz à effet de serre. Sur le plan économique, réduire le gaspillage permet d’optimiser la chaîne alimentaire et de limiter les coûts pour les ménages, les collectivités et les entreprises, dans un contexte de hausse des prix. En Corse, des dispositifs d’aide portés par l’ADEME permettent aux acteurs publics et privés de financer diagnostics, études et équipements pour limiter le gaspillage, avec des soutiens ouverts jusqu’à fin 2025. Ces aides favorisent le lancement de projets innovants. Le Centre Technique Régional de la Consommation (CTRC) Corse fédère aujourd’hui 12 associations locales mobilisées contre le gaspillage alimentaire. Elles organisent des ateliers, formations, animations et interventions dans les établissements scolaires ou lors d’événements publics pour sensibiliser et agir concrètement.

Solidarité et redistribution

Selon une étude de la Direction Régionale de l’économie, de l’emploi et de la solidarité, la Corse compte 41 structures d’aides alimentaires dans l’île. La lutte contre le gaspillage s’inscrit aussi dans une démarche solidaire. Les invendus sont redistribués à des associations d’aide alimentaire, qui organisent collectes et colis pour les plus démunis. Par exemple, Partage et Fratellanza, en partenariat avec le Sporting Club de Bastia, récupèrent à chaque match les denrées invendues des buvettes du stade de Furiani pour les redistribuer à leurs bénéficiaires. Ce partenariat solidaire s’inscrit dans la tradition locale du « piattu in più » et vise à renforcer l’entraide sur le territoire. Ces actions favorisent l’inclusion sociale et l’accès à une alimentation de qualité, notamment dans les territoires isolés de l’île. En 2023, plus de 40 tonnes de nourriture ont été redistribuées sur l'île. Collectivités, associations, entreprises et structures de l’économie sociale et solidaire développent des solutions à chaque étape de la chaîne alimentaire : production, transformation, distribution, consommation. Le Projet Alimentaire Territorial (PAT) « Trà Mare è Terra » fédère les acteurs de Bastia et du Cap Corse pour valoriser les produits issus de l’agriculture et de la pêche locales. Il vise à renforcer la vente directe et les circuits courts, notamment en rapprochant producteurs et consommateurs, y compris dans la restauration collective. Cette démarche permet de limiter les intermédiaires, de soutenir l’économie locale et d’assurer une meilleure traçabilité des aliments. Labellisé en 2023, le projet bénéficie d’un accompagnement financier d’environ 100 000 euros pour accélérer la mise en place de solutions innovantes et renforcer les actions déjà engagées. Les Corses sont aussi des utilisateurs d’applications anti-gaspillage, notamment Too Good To Go, qui connaît un succès notable à Ajaccio et dans la région bastiaise. Cette application permet aux utilisateurs d’acheter à prix réduit des paniers d’invendus alimentaires proposés par des commerçants locaux (boulangeries, restaurants, supermarchés). À Ajaccio, en 2023, près de 70 commerces étaient partenaires, avec environ 5 000 utilisateurs actifs, ce qui illustre un engagement fort sur l’île.

Enjeux multiples

L’insularité impose des défis logistiques : dépendance aux importations, saisonnalité du tourisme, concentration de la population sur le littoral. La faible production agricole locale accentue la nécessité de mutualiser les efforts entre territoires urbains et ruraux. Ces contraintes poussent à valoriser les productions locales et à repenser l’organisation des chaînes alimentaires pour limiter les pertes. Le gaspillage impacte l'environnement : chaque tonne de nourriture gaspillée génère environ 4,6 tonnes de CO2. Il a aussi des conséquences économiques, avec une perte de 150 € par an par habitant liée au gaspillage. La transmission des savoir-faire ancestraux est donc essentielle pour encourager une consommation responsable.

Maria Mariana

Crédits photographiques
11478_2025-06-27_benevole-et-nourriture-dans-une-boite-en-gros-plan.jpg : © freepik


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