Saison 2025 - 2026 d 'Una Volta : Sourire et pétulance !
La saison 2025 – 2026 d’Una Volta sera riche et variée comme toujours, dira-t-on, mais il est bon de le redire !
Saison 2025 – 2026 d’Una Volta
Sourire et pétulance !
Une programmation éclectique
La saison 2025 – 2026 d’Una Volta sera riche et variée comme toujours, dira-t-on, mais il est bon de le redire ! Sans se lasser… Des expositions toutes différentes les unes des autres. Un festival, Cinetica, réservé au cinéma d’animation toujours plus séduisant avec des aspects parfois drôles parfois émouvants. Une manifestation BD à Bastia qui s’est imposée dans le paysage des bédées par son originalité et ses sélections audacieuses. Et puis des retrouvailles avec Le Rézo, Zone Libre, Arte Mare, La Danzateria. Côté ateliers de l’inédit avec de la comédie musicale et de l’aïkido pour affronter la maladie par un animateur qui a vaincu plusieurs cancers.
Expositions et festivals
Lever de rideau de la nouvelle saison avec Le joyeux Big Bang, exposition de l’illustratrice et plasticienne, Annabelle Buxton. Elle est née en Grande-Bretagne, a étudié à l’École Étienne de fameuse réputation et à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, un must en son genre ! Créatrice majeure elle travaille en parallèle la céramique et les jouets. Inventrice de sons, ses images sont très fines et œuvrées avec maestria et sensibilité. Suit Zone Libre et son Festivale di Arti Sonore où le son se tapisse de voix et d’expérimentations. Dans le déroulé des expos Audrey Spiry est une illustratrice jeunesse rare. On lui doit une peinture où le corps et ses mouvements sont constamment le point de départ d’expériences neuves. Début novembre s’annonce Cinetica où l’on pourra voir Arco d’Ugo Bienvenu, Cristal (1er prix) au festival d’Annecy, Planètes de Momoko Séto remarqué à la Semaine de la Critique à Cannes et ChaO de Yasuhiro Aoki, prix du jury à Annecy. À l’affiche encore Amélie et la métaphysique des tubes de Mailys Vallade et Liane-Cho Han, adapté du roman d’Amélie Nothomb. À retenir que les films présentés ne peuvent être visionnés avant quatre ans révolus en raison des capacités physiologiques des enfants.
Invités et créations
Comme chaque année Arte Mare va s’amarrer à Una Volta pour les apputamenti de Christophe Bourseiller. Le Centre méditerranéen de la Photographie, ainsi que d’habitude, va répondre à l’invitation du Centre Culturel bastiais. Jean Michel André va, en effet, accrocher ses œuvres photographiques aux murs d’Una Volta. Exposition peu banale tant elle est intrigante et interpellante, car on part sur les traces d’un enfant qui fait face à l’un des drames absolus de sa vie : la perte de son père, assassiné. Sabatina Leccia quant à elle présentera ses recherches qui ne se cantonnent plus à la broderie, mais osent empoigner textile et photographie. Autre thème fort, Matrice réalisation de Jeanne de Petriconi (sculpture), Laetitia Brighi (chorégraphie), Laurent Gueirard (musique), Guillermo G. Peydro (vidéo). Les quatre artistes explorent la puissance de la naissance et de la maternité pour en renouveler les promesses du monde… Deux invitées vont particulièrement faire honneur à la saison d’Una Volta : Elene Usdin, illustratrice, bédéiste, photographe, qui a aussi créé l’affiche de BD à Bastia 2026 et exposera des planches de son roman graphique Détroit — Roma. Magali Le Huche, véritable star de l’illustration parlera de son album, Punk à sein, qui évoque la manière dont elle a surmonté son cancer grâce à la musique punk.
Michèle Acquaviva-Pache
ENTRETIEN AVEC JUANA MACARI, directrice d’Una Volta.
On attend beaucoup de l’exposition d’Annabelle Buxton. Comment se présente-t-elle. Qu’est-ce que le support rhodoïd qu’elle emploie ?
Le rhodoïd est une matière transparente. À l’envers de l’image on discerne très bien toutes les touches, retouches, grattages qui la compose. En parallèle de la fiction l’artiste publie des pop-ups documentaires sur la lune, la terre, l’océan dont Olivier Charbonnel fait les maquettes. Son album axé sur deux jumeaux, qui partagent tout sans jamais se croiser, a eu les faveurs du public comme « On danse » un livre animé. Pour les tout-petits elle a créé Gros Câlins. Cet album les invite à s’endormir en égrenant les situations de la journée. Annabelle Buxton travaille aussi la céramique et proposera deux workshops aux adultes à ce sujet. J’ai titré son expo Le joyeux big bang parce que la joie est partout présente chez elle, y compris dans ses documentaires.
Le Centre méditerranéen de la Photographie propose des œuvres photographiques écho d’un événement tragique. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ces œuvres de Jean Michel André ont été réalisées en résidence d’artistes en Corse à l’invitation du Centre méditerranéen de la Photographie (CMP). L’exposition est intitulée Chambre 207, car à 7 ans, sur la route, qui devait l’emmener en vacances sur l’île, s’arrêtant dans un hôtel d’Avignon, a eu lieu une tragédie. Dans la chambre 207, voisine de la sienne des cambrioleurs ont fait irruption. Dans la bagarre ils tuent sept personnes, dont le père du photographe. De cette nuit horrible l’artiste ne se souvient pas. Il a tout zappé. Des années après il part avec son appareil à la recherche de traces qu’il reconstitue grâce à des photographies sur son parcours d’alors. Il récolte également des archives, des documents de presse, des dessins d’enfants. Son projet a été soutenu par L’Institut de photographie de Lille. Son expo est une réussite. Elle a été montrée aux dernières Rencontres de la photographie d’Arles… Directrice d’Una Volta je suis heureuse de notre partenariat avec le CMP dont le thème change chaque année.
Pourquoi l’exposition de Sabatina Leccia s’appelle-t-elle Chercher le soleil ? Qu’est-ce que cela cache ?
Cela cache son désir, sa recherche de retrouver ses sensations d’enfance au Cap corse. Elle y venait tous les étés. Son souvenir remonte donc à loin… Souvenirs sensoriels… Elle travaille sur des polaroïds. À Una Volta il y aura sur un mur deux cents d’entre eux pris au Cap Corse. Elle utilise encore la photo et le textile qu’elle détisse, perfore… Textile et photos sont mêlés ainsi que la vidéo. Toujours ce sont les paysages capcorsins qui l’intéressent avec au fil des jours leurs lumières particulières. En 2025 et 2026, Sabatina Leccia a une exposition prévue en automne à Paris et une autre à Ajaccio. Une partie du travail montré à Una Volta est due à une résidence d’artistes effectuée à L’Excellence des Métiers d’Arts en partenariat avec le musée Nicéphore Niepce de Chalon-sur-Saône.
Cette année vous fêtez les 10 ans de Cinetica, festival de cinéma d’animation. Que nous promettez-vous ?
Nous recevons Stéphanie Cadoret, une invitée de marque, qui va intervenir en lycée sur l’IA et sur ses enjeux éthiques, sur le travail dissimulé qu’elle permet, sur ses potentialités réelles. Avec l’IA elle proposera un petit film réalisé à partir d’un scénario écrit en atelier. À Cinetica nous accueillons en moyenne 2000 scolaires et 2000 individuels. Nous avons programmé douze films d’auteur. Notre sélection est très éclectique.
Depuis quelques années Una Volta réfléchit à une filière corse d’animation. Où en êtes-vous ?
Cette filière nous voudrions la destiner aux professionnels, car des talents nous en avons ici. Pour cela il nous faut une infrastructure de production et de diffusion, dont on a, heureusement, de petits maillons. On aimerait également monter un petit studio ici… Et pour cela nous avons une équipe et des collaborateurs proches !
BD à Bastia est un moment fort parmi les événements calendaires de la ville. Quel menu pour 2026 ?
Nous ouvrons grand nos bras à la BD finlandaise. Cette initiative est en collaboration avec Les rencontres du 9e art d’Aix-en-Provence, Formula Bula de Paris, BD Colomiers, L’Institut de Paris et diverses organisations de Finlande. La BD finlandaise est peu traduite en français. Elle est en outre récente. C’est un médium jeune lié aux arts visuels. Elle peut avoir un style abstrait. Nous recevons à Bastia un bédéiste célèbre dans son pays, Vill Ranta.
Deux spectacles dessinés sont au programme. Quels sont-ils ?
Les représentations seront à l’Alb’Oru parce que nous voulons resserrer nos relations avec cette scène bastiaise. Nous programmons, « Une chose formidable », spectacle jeunesse de Rébecca Dautremer, très réputée pour ses illustrations. Autre spectacle, cette fois tous publics sur la thématique du voyage, Î d’Îles d’Audrey Spiry, qui est en résidence chez nous pour préparer son roman graphique, Le Jardin d’Eben. L’artiste va aussi accompagner une classe de Saint Joseph en résidence pédagogique.
M A-P
Photos : Una Volta