Coquillages et crustacés .....
Le drame des crabes et la société du spectacle
Coquillages et crustacés…
Le drame des crabes et la société du spectacle
On lit dans la presse locale qu’un drame affreux est intervenu en Corse. On aurait porté une atteinte inadmissible à l’intégrité de crabes qui auraient été enfermés dans une boîte et se seraient même cassé les pattes entre eux !
C’est l’horreur absolue, on en convient.
Ceux qui ont « dénoncé » une telle abjection indiquent même qu’il « n’y a pas de mot pour une telle barbarie », selon ce qu’indique textuellement l’article en question.
C’est la vente au public d’appâts pour la pêche au vif qui a suscité une telle réaction.
On ne peut que s’étonner tout d’abord de l’intérêt qu’il y a, pour le journal local, de consacrer autant d’espace à ce fait si minuscule et crustacé… Le sens des priorités dans l’information, sans doute.
Immédiatement, une pétition a été mise en ligne, laquelle a reçu de nombreuses signatures. Faut-il s’en étonner ? On ne le croit hélas pas, tant cela en dit long sur notre époque, celle de l’inversion des valeurs et du relativisme exacerbé.
L’antispécisme ou la confusion des valeurs
Le soubassement idéologique — même si les acteurs de cette action en sont plus ou moins conscients — qui anime ces prétendus défenseurs des animaux est l’antispécisme.
À savoir qu’il ne peut exister de différence entre l’homme et les espèces animales et végétales qui peuplent la planète : c’est l’indifférenciation qui doit être présente.
Tout donc se vaut, naturellement, puisqu’on ne peut plus distinguer ; et dès lors, plus rien ne vaut quelque chose. C’est d’une logique implacable.
Il n’y a plus d’échelle de valeurs, il n’y a plus de priorités. Nous nous trouvons dans le grand barnum de la « pensée » en folie.
C’est en réalité la loi de la jungle, la société du bon sentiment et de la sensiblerie, qui n’a rien de commun avec la sensibilité.
L’hystérie collective et le besoin d’exister
Dans le néant de l’esprit qui enserre beaucoup, c’est une sorte d’hystérie collective qui étreint nombre d’individus, car seule cette tension permanente leur permet de tenir debout — la prochaine étape étant sans doute de se déplacer en marchant à quatre pattes, par solidarité animalière.
Noyée dans l’indistinction, dans l’indifférenciation, une partie de l’humanité souffrante, et en raison de cette souffrance, se trouve des combats minuscules à entreprendre, ce qui lui procure le sentiment d’exister.
Pendant ce temps, les vrais problèmes ne peuvent être envisagés.
On le redit : tout cela se situe au niveau de l’affect. Ainsi, on monte sciemment en épingle des questions qui ne concernent en réalité que l’écume des choses — ou qui sont purement et simplement sans intérêt — pour que le spectacle soit permanent, pour que les esprits soient occupés sans répit par le même spectacle.
Crabes aujourd’hui, libellules demain
Aujourd’hui, ce sont les crabes ; demain, ce seront les libellules à pois verts. Peu importe : un combat doit chasser l’autre, sans pause, sans interruption, car le spectacle ne peut s’arrêter, quoi qu’il arrive, quels que soient les vrais problèmes, bien plus importants, qui peuvent exister.
C’est la société du vide, dont on trouve des illustrations chaque jour.
Si ce mouvement de décadence se poursuit, on va venir nous émouvoir avec le craquement sordide du homard ou de la langouste plongés, horreur suprême, dans un bain d’eau bouillante.
Le cri de la plante que l’on arrache du sol pour la cuire ensuite à la vapeur va nous être présenté comme une autre marque de notre « barbarie ».
Où cela s’arrêtera-t-il ? On ne peut le dire. Mais ce qui est certain, c’est que cela ne peut que mal finir.
Pendant ce temps, les vrais drames
Pendant ce temps, les soupes populaires sont de plus en plus fréquentées — mais que va-t-on d’ailleurs pouvoir y servir bientôt si l’on ne peut plus manger ni animaux ni végétaux ? – et beaucoup de nos compatriotes se demandent, dès le dix du mois, comment ils vont pouvoir le finir sans souffrir de la faim et de privations.
Mais de tout cela, peu importe, car ce ne sont finalement que des hommes qui souffrent. Le plus important est de « sauver la planète », on le sait.
Et les hommes n’ont que ce qu’ils méritent : ils doivent souffrir pour expier, car ils sont les oppresseurs du reste du vivant.
Le totalitarisme sentimental
C’est ainsi une sorte de totalitarisme de la pensée qui s’installe à bas bruit, car fonder une société sur les seuls sentiments — que l’on nous comprenne bien, il ne s’agit pas de dire que la société doit être fondée sur la raison ou sur la science — comme d’ailleurs sur les « valeurs », ne peut aboutir qu’à la barbarie, la vraie, celle qui broie des vies, et non pas à celle qui est mise en avant pour justifier les émois d’êtres en mal d’espérance.
SALLUSTE
P.S. — Le dimanche interdit
On nous dit qu’en milieu rural, où les cérémonies d’obsèques avaient lieu également le dimanche, ce serait dorénavant impossible car interdit par l’Évêché.
On ne peut le croire, tant le secours de la religion ne peut être soumis aux horaires de bureau ni accessible aux seuls jours ouvrables ordinaires.
Si c’était le cas, cela constituerait une victoire supplémentaire du matérialisme et de l’utilitarisme qui sont la marque d’un Occident décadent.