Délinquance - Violence : Vers des jours sombres ?
Chez nous, il n’y a pas que la dérive mafieuse. Des faits conduisent à craindre que délinquance et violences sous toutes leurs formes, et souvent gratuites, tendent à se développer.
Délinquance — Violence
VERS DES JOURS SOMBRES ?
Chez nous, il n’y a pas que la dérive mafieuse. Des faits conduisent à craindre que délinquance et violences sous toutes leurs formes, et souvent gratuites, tendent à se développer. Et que pourraient venir des jours sombres car la jeunesse est fortement impliquée.
Beaucoup de celles et ceux qui, sans la moindre attache dans notre île, choisissent d’y vivre le feraient désormais essentiellement parce que, dans nos villes et villages, ils trouveraient la sécurité. Une fois établis, ceux-ci s’empresseraient même de propager cette image attrayante et rassurante, ce qui susciterait une multiplication des projets d’installation. Quant à nous autres Corses, nous ne sommes pas les derniers à affirmer haut et fort, et à qui veut l’entendre, que délinquances et violences ordinaires, c’est-à-dire ne relevant pas de bandes criminelles ou de groupes usant de pratiques maffieuses, ne sont pas des maux qui nous affectent significativement. Tout cela relève-t-il de la réalité ou de l’image d’Épinal ? Des faits conduisent à craindre que la seconde hypothèse soit la bonne. Délinquance et violences sous toutes leurs formes sont bien à déplorer chez nous.
Faits genre Orange mécanique
Ces jours derniers, ont été évoqués deux événements aussi violents qu’odieux, et pour une bonne part gratuits, qui ont affecté des personnes. À Corti, en Corse, après une soirée, quatre jeunes âgés d’une vingtaine d’années, deux hommes et deux femmes, ont été violemment agressés, apparemment sans la moindre raison, par un groupe de jeunes adultes qu’ils ne connaissaient pas ; ces derniers ont porté de nombreux coups, y compris aux femmes. L’une des victimes, âgé de 19 ans, a ainsi relaté les faits sur une chaîne d’information continue (Cnews) : sortie de boîte de nuit, un inconnu prenant à partie un de ses amis et sa copine, tentative de sa part de s’interposer et de calmer les choses, intervention violente d’amis de l’agresseur (jusqu’à environ une dizaine) qui ont porté des coups à lui et son ami, filles ayant tenté de s’interposer ayant aussi été frappées. Plus grave, infiniment plus grave : récemment, découverte du corps sans vie d’un sans-abri suisse sur une plage de la Marana (commune de U Borgu). Très vite l’enquête révèle que cet homme a succombé à la suite de nombreux coups qui lui ont été portés. L’enquête, ouverte pour homicide volontaire, progresse rapidement et aboutit à la révélation de faits genre Orange mécanique. En effet, le parquet de Bastia a révélé le placement en détention provisoire de quatre jeunes adultes, dont une femme, et la mise en examen et placement sous contrôle judiciaire d’une jeune femme pour « non-assistance à personne en danger et non-dénonciation de crime ». Et, une sixième personne, un homme, ayant été interpellé sur le continent, pourrait-il aussi être mis en examen. Il est imputé aux six personnes d’avoir participé à des « violences extrêmement graves », à savoir des « coups répétés portés par pluralité individus » ayant eu pour conséquence de donner la mort. Les six prévenus sont âgés d’une vingtaine d’années. Les circonstances exactes ainsi que le mobile de l’agression mortelle restent à établir.
« On a tué ta mère, on a tué ta mère ».
Ces derniers jours, des actes criminels, dont certains relevant de la barbarie, ont été perpétrés contre des animaux. En effet, trois cadavres de bovins, dont un amputé d’une corne ont été retrouvés à Pietrusedda et Albitreccia. Quelques jours auparavant, dans la même région (route entre Porticciu et I Molini), d’autres bovins avaient été tués par arme à feu. Dernièrement aussi, l’interpellation et le placement en garde à vue de quatre mineurs ont révélé des actes aussi ignobles que barbares. En effet, dans le cadre d’une enquête ouverte pour actes de cruauté envers des bovins à Casalabriva, il aurait été établi que quatre mineurs avaient mis à mort deux bovins (une vache et son veau) selon un déroulé particulièrement atroce. Le parquet d’Ajaccio a en effet confirmé avoir ouvert une information pour cruauté et sévices envers des animaux ayant entraîné la mort après la découverte de vidéos sur les réseaux sociaux et fait procéder à l’interpellation de quatre adolescents et à leur placement en garde à vue. Ceux-ci auraient tiré sur la vache et son veau, les auraient égorgés puis dépecés, tout en se filmant puis en diffusant les vidéos sur les réseaux sociaux. Sur l’une d’entre elles, les adolescents apparaîtraient « éclaboussés de sang à côté d’une vache au sol, dans une mare de sang », tiendraient les propos suivants au veau : « On a tué ta mère, on a tué ta mère » puis mettraient à mort l’animal. Jours sombres en perspective...
Pierre Corsi
Aucun miracle à attendre ou même à espérer. Lutter efficacement contre les pratiques mafieuses nécessite au moins un État qui exerce ses pouvoirs régaliens sans tergiverser ou trembloter, et une société où réussir sa vie est possible par le travail et les compétences.
Lorsque vous lirez ces quelques lignes, et ce notamment à l’appel des deux collectifs antimafia (légitime et louable initiative), des milliers de femmes et d’hommes s’apprêteront à défiler ou l’auront déjà fait (légitime et louable mobilisation), avec pour mot d’ordre : « Assassini, Maffiosi, fora ! » (légitime et louable souhait). Un bémol cependant. Depuis au moins 50 ans, chez nous, il est fait à l’envi usage de « fora » et votre serviteur n’a été pas été le dernier à scander « Colons fora », « Francesi fora », « Legione fora », « Droga fora », « Speculazione fora », « Scrucconi fora »... Résultat ? Il est aujourd’hui avéré que l’effet de « fora » sur le politique, l’économique, le social, le sociétal ou l’éthique, a été celui du traitement placebo. Il a soulagé et requinqué mais n’a rien guéri. En conséquence, il est très probable que signifier « fora » aux maffieux, incitera à la lutte contre leurs pratiques et au renforcement d’une réprobation collective, et rien de plus. Aucun miracle n’est à attendre ou même à espérer. Donc à « fora », il va falloir très vite adjoindre « Statu, bastanu e chjachejre » et « Hè ora di scambià », car lutter efficacement contre les pratiques mafieuses nécessite au moins un État qui exerce ses pouvoirs régaliens sans tergiverser ou trembloter, et une société où réussir sa vie est possible par le travail et les compétences et non en étant « di u Partitu », « figliolu di » ou « maestru di trenta voti in famiglia ».
Pierre Corsi
Photo: journaldelacorse
VERS DES JOURS SOMBRES ?
Chez nous, il n’y a pas que la dérive mafieuse. Des faits conduisent à craindre que délinquance et violences sous toutes leurs formes, et souvent gratuites, tendent à se développer. Et que pourraient venir des jours sombres car la jeunesse est fortement impliquée.
Beaucoup de celles et ceux qui, sans la moindre attache dans notre île, choisissent d’y vivre le feraient désormais essentiellement parce que, dans nos villes et villages, ils trouveraient la sécurité. Une fois établis, ceux-ci s’empresseraient même de propager cette image attrayante et rassurante, ce qui susciterait une multiplication des projets d’installation. Quant à nous autres Corses, nous ne sommes pas les derniers à affirmer haut et fort, et à qui veut l’entendre, que délinquances et violences ordinaires, c’est-à-dire ne relevant pas de bandes criminelles ou de groupes usant de pratiques maffieuses, ne sont pas des maux qui nous affectent significativement. Tout cela relève-t-il de la réalité ou de l’image d’Épinal ? Des faits conduisent à craindre que la seconde hypothèse soit la bonne. Délinquance et violences sous toutes leurs formes sont bien à déplorer chez nous.
Faits genre Orange mécanique
Ces jours derniers, ont été évoqués deux événements aussi violents qu’odieux, et pour une bonne part gratuits, qui ont affecté des personnes. À Corti, en Corse, après une soirée, quatre jeunes âgés d’une vingtaine d’années, deux hommes et deux femmes, ont été violemment agressés, apparemment sans la moindre raison, par un groupe de jeunes adultes qu’ils ne connaissaient pas ; ces derniers ont porté de nombreux coups, y compris aux femmes. L’une des victimes, âgé de 19 ans, a ainsi relaté les faits sur une chaîne d’information continue (Cnews) : sortie de boîte de nuit, un inconnu prenant à partie un de ses amis et sa copine, tentative de sa part de s’interposer et de calmer les choses, intervention violente d’amis de l’agresseur (jusqu’à environ une dizaine) qui ont porté des coups à lui et son ami, filles ayant tenté de s’interposer ayant aussi été frappées. Plus grave, infiniment plus grave : récemment, découverte du corps sans vie d’un sans-abri suisse sur une plage de la Marana (commune de U Borgu). Très vite l’enquête révèle que cet homme a succombé à la suite de nombreux coups qui lui ont été portés. L’enquête, ouverte pour homicide volontaire, progresse rapidement et aboutit à la révélation de faits genre Orange mécanique. En effet, le parquet de Bastia a révélé le placement en détention provisoire de quatre jeunes adultes, dont une femme, et la mise en examen et placement sous contrôle judiciaire d’une jeune femme pour « non-assistance à personne en danger et non-dénonciation de crime ». Et, une sixième personne, un homme, ayant été interpellé sur le continent, pourrait-il aussi être mis en examen. Il est imputé aux six personnes d’avoir participé à des « violences extrêmement graves », à savoir des « coups répétés portés par pluralité individus » ayant eu pour conséquence de donner la mort. Les six prévenus sont âgés d’une vingtaine d’années. Les circonstances exactes ainsi que le mobile de l’agression mortelle restent à établir.
« On a tué ta mère, on a tué ta mère ».
Ces derniers jours, des actes criminels, dont certains relevant de la barbarie, ont été perpétrés contre des animaux. En effet, trois cadavres de bovins, dont un amputé d’une corne ont été retrouvés à Pietrusedda et Albitreccia. Quelques jours auparavant, dans la même région (route entre Porticciu et I Molini), d’autres bovins avaient été tués par arme à feu. Dernièrement aussi, l’interpellation et le placement en garde à vue de quatre mineurs ont révélé des actes aussi ignobles que barbares. En effet, dans le cadre d’une enquête ouverte pour actes de cruauté envers des bovins à Casalabriva, il aurait été établi que quatre mineurs avaient mis à mort deux bovins (une vache et son veau) selon un déroulé particulièrement atroce. Le parquet d’Ajaccio a en effet confirmé avoir ouvert une information pour cruauté et sévices envers des animaux ayant entraîné la mort après la découverte de vidéos sur les réseaux sociaux et fait procéder à l’interpellation de quatre adolescents et à leur placement en garde à vue. Ceux-ci auraient tiré sur la vache et son veau, les auraient égorgés puis dépecés, tout en se filmant puis en diffusant les vidéos sur les réseaux sociaux. Sur l’une d’entre elles, les adolescents apparaîtraient « éclaboussés de sang à côté d’une vache au sol, dans une mare de sang », tiendraient les propos suivants au veau : « On a tué ta mère, on a tué ta mère » puis mettraient à mort l’animal. Jours sombres en perspective...
Pierre Corsi
Dérive mafieuse : aucun miracle à attendre
Aucun miracle à attendre ou même à espérer. Lutter efficacement contre les pratiques mafieuses nécessite au moins un État qui exerce ses pouvoirs régaliens sans tergiverser ou trembloter, et une société où réussir sa vie est possible par le travail et les compétences.
Lorsque vous lirez ces quelques lignes, et ce notamment à l’appel des deux collectifs antimafia (légitime et louable initiative), des milliers de femmes et d’hommes s’apprêteront à défiler ou l’auront déjà fait (légitime et louable mobilisation), avec pour mot d’ordre : « Assassini, Maffiosi, fora ! » (légitime et louable souhait). Un bémol cependant. Depuis au moins 50 ans, chez nous, il est fait à l’envi usage de « fora » et votre serviteur n’a été pas été le dernier à scander « Colons fora », « Francesi fora », « Legione fora », « Droga fora », « Speculazione fora », « Scrucconi fora »... Résultat ? Il est aujourd’hui avéré que l’effet de « fora » sur le politique, l’économique, le social, le sociétal ou l’éthique, a été celui du traitement placebo. Il a soulagé et requinqué mais n’a rien guéri. En conséquence, il est très probable que signifier « fora » aux maffieux, incitera à la lutte contre leurs pratiques et au renforcement d’une réprobation collective, et rien de plus. Aucun miracle n’est à attendre ou même à espérer. Donc à « fora », il va falloir très vite adjoindre « Statu, bastanu e chjachejre » et « Hè ora di scambià », car lutter efficacement contre les pratiques mafieuses nécessite au moins un État qui exerce ses pouvoirs régaliens sans tergiverser ou trembloter, et une société où réussir sa vie est possible par le travail et les compétences et non en étant « di u Partitu », « figliolu di » ou « maestru di trenta voti in famiglia ».
Pierre Corsi
Photo: journaldelacorse