Vers un boom du tourisme hors saison ?
Le potentiel de la basse saison
Vers un boom du tourisme hors saison ?
La concentration de 80 % de la fréquentation touristique entre juin et septembre fragilise l’économie insulaire. Face à cette vulnérabilité, les acteurs publics déploient une stratégie inédite : subventionner massivement les flux hors saison, repositionner l’offre sur l’hiver et le tourisme d’affaires. L’enjeu dépasse le seul secteur touristique. Il engage la résilience globale du territoire.
Désaisonnaliser par subvention
La Collectivité de Corse a lancé un programme inédit subventionnant 250 000 billets d’avion par an hors-saison sur 12 lignes aériennes reliant la métropole et d’autres destinations européennes. Avec un investissement de 2,5 millions d’euros par an sur une durée de quatre ans, l’objectif est clair : diminuer la surfréquentation estivale et dynamiser les séjours en automne, hiver et printemps, tout en étalant les retombées économiques, qui visent un objectif de 100 millions d’euros par an. En diversifiant la période de fréquentation, l’île pourrait voir une augmentation de 15 à 20 % du nombre de touristes pendant hors saison. Une augmentation du nombre de visiteurs se traduit par un afflux de dépenses dans les commerces locaux. Selon des études, chaque touriste dépense en moyenne entre 70 et 150 euros par jour. Ainsi, avec 250 000 billets subventionnés, on peut anticiper des retombées économiques directes allant jusqu’à 37,5 millions d’euros par an, en supposant une dépense moyenne de 100 euros par visiteur et par jour pour un séjour de quatre jours. On estime aussi qu’une augmentation de 15 % du nombre de visiteurs pourrait entraîner la création de 500 à 700 emplois saisonniers supplémentaires, contribuant ainsi à la réduction du chômage local et à la dynamisation de l’économie. Ce modèle d’achat public de flux soulève des questions sur le contrôle de légalité européen. Il interroge également la résilience économique de l’île face à sa dépendance estivale.
Le potentiel de la basse saison
Le potentiel touristique hors saison reste largement inexploité. Les randonnées en automne et au printemps offrent des conditions optimales. Les températures oscillent entre 12 et 18 degrés. Les sentiers du GR20 et des Mare è Monti sont praticables sans la chaleur accablante de juillet-août. Les villages perchés de Balagne, Castagniccia ou Alta Rocca retrouvent leur authenticité loin des flux estivaux. Les marchés locaux d’Ajaccio, Bastia ou Calvi fonctionnent toute l’année. Ils proposent châtaignes, clémentines, fromages fermiers et charcuteries artisanales. Les séjours d’hiver ou de mi-saison permettent à l’île de se repositionner comme une terre d’aventure. Ces activités permettent de repositionner la destination comme un lieu d’aventure, loin de l’image d’île exclusivement estivale. La découverte culturelle et naturelle, souvent plus authentique durant ces périodes, favorise un tourisme familial, sportif ou contemplatif avec des séjours plus longs. La durée moyenne passe de 7,2 jours en été à 9,4 jours au printemps selon l’Observatoire du Tourisme. La Corse a également un potentiel pour attirer le tourisme d’affaires, en proposant des séjours professionnels, des séminaires et des congrès. L’arrivée de télétravailleurs en hiver et au printemps représente une opportunité à saisir. Pour cela, des infrastructures adaptées sont nécessaires, comprenant des hôtels équipés, une connexion internet fiable, et une animation urbaine vivante en dehors de la saison estivale. Le développement de ce secteur est un levier pour une économie plus stable, moins soumise aux aléas saisonniers, et contribue à la diversification des revenus locaux.
Vers un modèle plus résilient
Le développement d’un tourisme plus équilibré repose sur une diversification des activités et l’amélioration des infrastructures. Cela inclut le développement des lignes aériennes, l’amélioration des technologies et des services. L’objectif est de renforcer la résilience économique en intégrant industrie, agriculture, numérique et écotourisme dans une stratégie durable. Cette approche répond non seulement aux enjeux énergétiques et écologiques, mais aussi à l’inclusion de la population hors saison. Cette vision soulève toutefois des enjeux majeurs : comment préserver un environnement exceptionnel tout en répondant à des besoins croissants en énergie, en ressources et en accueil touristique ? L’équilibre entre développement économique et protection écologique est au cœur des réflexions sur l’avenir du territoire.
Maria Mariana
Crédits photographiques
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