Les gueux peuvent se passer de services de soins permanents...
La continuité du service public en questio
Les gueux peuvent se passer de services de soins permanents.
Un hôpital… mais pas pour tout le mondeOn a pu lire dans la presse régionale que dans la région de Ghisonaccia serait mis en place, enfin, un hôpital de jour… mais trois jours par semaine, et peut-être un quatrième, sans doute, si les populations locales sont gentilles.
Les auteurs de l’article se réjouissent de ce progrès, qui en est un si l’on part du néant, mais qui n’en est pas tellement un si l’on prend un peu de recul.
En effet, peut-on admettre que le soin et le service médical ne soient prodigués que quelques jours dans la semaine ? Comme on le sait, le besoin en soins et en assistance n’est malheureusement pas en phase avec celui de l’ouverture des services de secours. Ce serait l’idéal, mais cela n’est pas le cas.
La continuité du service public en question
Il existe un principe bien connu de ceux qui ont de leurs études de droit quelques souvenirs évanescents : celui de la continuité du service public. L’assistance et le secours constituent un service public qui doit être rendu et disponible en permanence, et non pas trois jours par semaine.
Ainsi, on vient dire aux populations concernées que si un tel besoin se fait sentir, elles auront toujours la ressource de se déplacer sur Bastia, à une heure et demie de route, au mieux. En matière d’urgence, on peut mieux faire… Et pour les bobos du quotidien, ce n’est guère plus réjouissant.
Il suffit de rappeler qu’en application de règles pondues, nécessairement, par une bureaucratie hors du réel, un médecin généraliste ne peut plus en principe poser de simples points de suture, chose qui était pratiquée couramment — et pour le profit et la satisfaction de tous — il y a quelques années encore, sans que cela n’ait déclenché d’accidents mortels.
L’absurde du soin de proximité
Dès lors, l’habitant du Fiumorbo ou de Ghisonaccia, s’il a besoin de ce type de soins somme toute ordinaires, devra toujours faire le trajet vers Bastia, à condition qu’il soit motorisé et accepte de perdre quasiment une demi-journée au mieux. Alors même que tout cela pourrait être entrepris et réglé sur place en deux heures.
Le soin de proximité est un droit dont doivent pouvoir bénéficier les populations rurales, qui sont constituées de gueux, il nous faut bien l’admettre. Mais les gueux ne sont-ils pas des hommes ?
On crie victoire parce qu’on daigne ouvrir un service essentiel quelques jours par semaine et le jour, pas la nuit, car sinon ce serait croire au Père Noël, ce qui n’est tout de même pas admissible ! Pourtant, dans d’autres lieux de Corse, comme à Calvi ou Corte, des services permanents sont offerts à la population.
Une inégalité criante
Faut-il comprendre qu’il y a des citoyens qui méritent cela et d’autres, qui ne sont pas assez bien nés, des culs-terreux en somme, qui doivent se contenter de ce qu’on leur offre et remercier, de surcroît, que cela soit fourni ? C’est-à-dire un service nécessairement déficient, car à éclipse.
Il semblerait, par ailleurs, que des acteurs privés qui avaient manifesté leur intention de mettre en place — en les finançant — des structures de gestion de l’urgence sur ce territoire se soient trouvés confrontés à des obstacles de toute nature, qui les ont dissuadés.
On notera — et on s’en félicite — que sur le même secteur nos amis animaux disposent de toutes les infrastructures d’assistance et de soin sur place, de nuit comme de jour, y compris les dimanches et jours fériés !
Est-il admissible que les humains ne soient pas traités à la même enseigne ? Poser la question, c’est y répondre.
Une société en renoncement
Notre pays est tombé bien bas pour que l’on accepte d’envisager comme un moindre mal l’absence d’un service continu de soins aux personnes, leur permettant notamment de disposer des premiers secours.
Triste époque d’avachissement où l’on se contente de se plaindre mollement, sans même s’insurger face à « des victoires » qui ne sont que la marque d’un renoncement auquel on consent, même implicitement. C’est l’acceptation de la servitude et la soumission à une pensée dominante qui se contente d’indiquer : « On n’a pas les moyens. »
On n’a pas les moyens d’apporter ce que toute société civilisée doit fournir à ses citoyens, qui voient néanmoins intervenir, pour les actifs, une augmentation insupportable des prélèvements de toute nature, censés financer ce que l’on présente comme un « modèle social » que le monde entier nous envierait.
La fuite vers l’étranger de ceux qui le peuvent, et qui n’en peuvent plus, atteste indubitablement de l’attrait dudit « modèle ».
SALLUSTE
PS : la Collectivité de Corse qui a entrepris d’augmenter le coût des « cartes grises » serait bien inspirée d’utiliser cette recette nouvelle pour rendre visible le marquage horizontal sur les routes dont elle a la charge, par exemple sur la portion de voie au sud de Bastia (y compris la voie rapide), dont la fréquentation de nuit et par temps de pluie est devenue des plus périlleuse.