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Municipales : le temps des citadelles

Dans les principales cités de l’île, les élections municipales qui auront lieu en mars prochain seront marquées par deux préoccupations majeures des états-majors des partis majeurs: surtout ne rien perdre ; davantage le projet de saper les positions des a

Municipales: le temps des citadelles



Dans les principales cités de l’île, les élections municipales qui auront lieu en mars prochain seront marquées par deux préoccupations majeures des états-majors des partis majeurs: surtout ne rien perdre ; davantage le projet de saper les positions des adversaires que les enlever.

Pourquoi ? 
Parce que personne ne le dit mais tout le monde y pense, pour les stratèges et tacticiens de toutes les situations bien établies, conserver ses mairies et affaiblir les bastions municipaux des adversaires apparaissent indispensables pour aborder sous des perspectives favorables ce qui représentera dans deux ans la Mère des batailles : le scrutin territorial. Mars prochain sera donc bien davantage pour les « puissants » - sauf exception - un temps des citadelles sereinement ou âprement défendues qu’un temps des grandes campagnes offensives. Notamment à Aiacciu, Portivechju et Bastia.



Au sud: Sbraggia et Angelini sur leurs gardes 

Stéphane Sbraggia et Jean-Christophe Angelini, respectivement maires d’Aiacciu et de Portivechju, et présidents de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA) et de la Communauté de Communes du Sud Corse n’ont a priori rien à craindre de leurs adversaires traditionnels. À Aiacciu, la gauche est faible et divisée. Au vu des dernières consultations électorales territoriales, les nationalistes sont forts sur le papier et pourraient l’être dans les urnes, mais les divisions et les rancœurs feront probablement qu’ils en seront réduits à faire, au mieux, de l’honnête figuration. L’objet d’inquiétude de la municipalité sortante ne peut être que l’assaut Rassemblement National-Mossa Palatina conduit par Francois Filoni. Ce dernier peut espérer en la victoire du fait des résultats cumulés de la droite de la droite lors des dernières élections présidentielles, européennes et législatives, de l’usure du pouvoir qui peut miner une municipalité sortante et d’une sanction des positionnements nationaux très libéraux de l’ancien maire Laurent Marcangeliqui conserve une forte influence au sein de la Maison carrée. Il est toutefois encore hasardeux d’envisager une issue victorieuse pour Francois Filoni car ses équipes sont encore peu inexpérimentées et insuffisamment implantées, car le « vote barrage » jouera encore si la municipalité sortante est menacée et, car cette dernière dispose de relais puissants et des avantages légitimité du maire-notoriété-machine municipale. Fort d’une gestion reconnue quasi excellente et n’ayant comme adversaire qui compte qu’une une opposition de droite qu’il a respectée et qui a le plus souvent validé sa politique, Jean-Christophe Angelini apparaît à l’abri d’une mauvaise surprise. Cependant, prudent, il se garde de tout triomphalisme. Il n’exclut pas que la conjonction des présences d’une annoncée liste Rassemblement National-Mossa Palatina et d’une liste à dominante nationaliste quasi confirmée Femu a Corsica-Core in Fronte, lui complique un peu la tâche.



Bastia: Femu a Corsica sur la défensive

À Bastia, en attendant encore à ce jour Godot, pardon que soit fait le choix entre le maire sortant Pierre Savelli lardé de coups de poignard par ses « amis », Gilles Simeoni et un ou deux autres, Femu a Corsica sait déjà que, quel que soit son champion, il va falloir batailler ferme. L’offensive des cinq composantes d’Uniti (droite, centre gauche, PNC) est d’ores et déjà lancée. Jean Martin Mondoloni (droite) et Jean Zuccarelli (centre gauche) sont eux aussi entrés en campagne ensemble. La gauche (Via Citadina, Parti communiste) est faible et désunie mais devrait être présente sans pour autant pouvoir espérer grand-chose. Sous l’étiquette Unione di i Patriotti Corsi (Mossa Palatina, Rassemblement National, partisans locaux d’Eric Ciotti), Nicolas Battini est sur le sentier de la guerre. Il représente une force de sape et peut-être de frappe redoutable, car son message se fait récupérateur du message nationaliste tout en dénonçant la politique de la municipalité bastiaise revendiquant être à dominante nationaliste. En effet, il dénonce une trahison du nationalisme corse par une pensée de gauche teintée d’immigrationnisme et de wokisme. A Pierre Savelli et ses amis, il a d’ailleurs lancé : «Nous pensions avoir porté au pouvoir les descendants politiques de Pascal Paoli, nous avons eu les alliés de Mélenchon. Nous espérions une Corse plus corse, une ville plus bastiaise, nous avons des politiques socialistes, quasi communistes.» Confrontés à ces oppositions, Pierre Savelli, Gilles Simeoni ou un autre souffriront d’un handicap : le ressenti des Bastiais que onze ans de gestion Simeoni puis Savelli n’ont pas été à la hauteur des promesses et des espérances. S’ajoutera le poids d’un réel échec : une situation financière de la cité marquée par l’endettement et la difficulté de maîtriser les dépenses de fonctionnement. Il est toutefois encore difficile d’avancer un pronostic, car si la municipalité sortante, que Pierre Savelli s’accroche ou Gilles Simeoni soit intronisé sauveur, dispose comme celle d’Aiacciu de relais puissants et des avantage notoriété-machine municipale. Et peut aussi espérer que, comme en juin 2020, au second tour, ses principaux adversaires ne réussiront pas à s’unir. (Crédit photo: JDC)


Pierre Corsi



Aiacciu et Bastia : Nazione n’en sera pas


Nazione a décidé que pour la première fois depuis 1982, la structure politique la plus directement issue de la stratégie LLN (Lutte de Libération Nationale) qu’avait initiée le FLNC, ne sera pas partie prenante lors des élections municipales à Aiacciu et Bastia et ne soutiendra aucune liste dans les deux villes.


La décision a été prise lors d’une réunion de la coordination nationale du parti que sur le plateau de Via Stella, Petr’Antone Tomasi a reconnu être une réunion animée. Pour Nazione, concernant Aiacciuet Bastia «la situation actuelle n’offre aucune perspective d’union patriotique au second tour» re en conséquence, le parti indépendantiste ne voit pas l’intérêt de sa participation, car elle aurait qui aurait «pour effet d’ajouter de la confusion à la confusion». Aussi Nazione ne donne aucune investiture pour les candidatures aux élections municipales dans ces villes. Quid de la présence éventuelle de militants ou sympathisants sur des listes dans ces deux villes : «Chacun demeure évidemment libre, en son âme et conscience, de déterminer son comportement individuel et ses choix locaux, mais sans se prévaloir d’un mandat ou d’un soutien officiel de Nazione en dehors des décisions formellement adoptées. » Nazione ne renonce toutefois pas aux terrains municipal et électoral. Le parti indépendantiste assure que des militants seront présents sur des listes et en position d’être éligibles dans de nombreuses communes. Il réaffirme par ailleurs ce qu’il a asséné aux dernières Ghjurnate internaziunale : «La nécessité urgente de redéfinir le corps électoral, afin que les décisions d’avenir soient prises par celles et ceux qui appartiennent réellement à sa seule communauté historique et qui en partagent le destin, le peuple corse. »

Crédit photo: JDC
Image : Nazione

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