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Jakez Orkestra / Cosmolitude 2021

Confinement(s), déconfinement(s) au singulier et au pluriel, le Jakez Orkestra travaille beaucoup, même si le public - et pour cause – lui fait défaut. Malgré tout vaille que vaille « Cosmolitude 2021 » est sur la rampe de lancement.
Jakez Orkestra
Cap sur un Space Opera


Confinement(s), déconfinement(s) au singulier et au pluriel, le Jakez Orkestra travaille beaucoup, même si le public - et pour cause – lui fait défaut. Malgré tout vaille que vaille « Cosmolitude 2021 » est sur la rampe de lancement.


« Cosmolitude 2021 » ou un spectacle musical peu ordinaire qui allie chansons, morceaux pop et instruments à cordes, batterie et électro pour entrainer dans son exploration BD, sérigraphie, mapping…
` Une alchimie artistique et esthétique pour conter l’histoire d’un cosmonaute qui se remémore des instants de son existence sur terre, qui parle de ses doutes, de ses craintes… mais pas toujours. « Cosmolitude 2021 » ou une métaphore du destin humain inscrit sur la trajectoire de l’inconnu cette énigme de l’être. Il y a un peu plus de deux ans que Jacky Le Menn et Celia Picciocchi du Jakez Orkestra se sont mis à penser à ce spectacle musical qui fait la part belle à l’art plastique par l’entremise de la bande dessinée et les couleurs sérigraphiées.

Le premier confinement a été dédié à l’écriture et au développement du projet.

Il est, pourrait-on suggérer – pas trop mal tombé, si l’obligation de rester cloîtrer chez soi, n’avait été – en tous cas pour Celia Picciocchi – assez dur à supporter. Enfermée entre quatre murs voilà qui avait tendance à porter un coup au moral de cette violoniste-arrangeuse-compositrice-chanteuse. Le repli très peu pour elle, parce que si certains peuvent estimer cette situation stimulante, pour la musicienne elle était au contraire source de blocage : « J’ai besoin de la dynamique action-création, l’une et l’autre s’alimentent pour me donner de l’énergie ».

L’été déconfiné n’a pas été non plus à la hauteur des espoirs
.
Comme si quelque chose c’était grippé. Le deuxième confinement fut paradoxalement plus facile à accepter car moins strict. Les quatre membres du groupe ont pu, en effet, se réunir pour répéter. Les résidences d’artistes à Anima sur la plaine orientale, à l’Aghja à Ajaccio, au théâtre Alibi à Bastia furent l’opportunité de moments précieux pour avancer « Cosmolitide 2021 ». Unique escale à être annulée en raison de quarantaine sanitaire celle qui devait se dérouler à Genève dans l’atelier de sérigraphie de Christian Humbert-Droz, le fondateur des éditions « Drozophile ».

En ce début d’année nouvelle les musiciens du groupe croisent les doigts pour que cesse de planer les incertitudes qui opacifient l’horizon.
Quoiqu’il en soit l’aventure de « Cosmolitude 2021 » illustre bien le courage, la résistance, la ténacité du monde de la culture, qui lui a des pilotes aux commandes dans l’avion… contrairement à d’autres !

« La thématique futuriste de « Cosmolitude 2021 » permet un délire musical et l’exploration de pistes multiples. »
Celia Picciocchi



En 2021 on fête les vingt ans de « 2001, l’Odyssée de l’espace », le film de Stanley Kubrick. Votre spectacle y fait-il référence ?
Au départ nous n’avons pas pensé à ce film. Nous avions des chansons qui n’avaient pas trouvé place dans nos concerts. On les a mises bout à bout et on s’est perçu que l’ensemble formait un kaléidoscope du monde avec musicalement des réminiscences de Bowie et des Pink Floyd… On est un groupe de gosses des années 80, passionnés de science-fiction et donc de « 2001, l’Odyssée de l’espace » et de « Star War » ! Tout le spectacle s’est mis en cohérence à partir de notre chanson, « Cosmonaute » qui se pose des questions sur l’exploration de l’univers, sur l’état de la terre. Différentes pièces musicales sont venues compléter le tableau et ça a été comme une évidence.


Quelles sont les couleurs musicales de « Cosmolitude 2021 » ?
On s’est amusé à pousser loin les curseurs. Il y a des moments acoustiques, d’autres plutôt punk, des chansons, des références à des musiques de films. Pareil pour le propos d’ensemble qui reflète des humeurs très diverses.


A quel genre se rattache ce spectacle ?
Au space opera, un peu comme « Dark side of the moon » des « Pink Floyd ». La thématique futuriste de « 2021, Cosmolitude » permet un délire musical et l’exploration de multiples pistes. On s’interroge aussi sur le futur… ce qui est une façon de s’interroger sur le présent.


La part jouée par les membres du groupe ?
Jacky Le Menn est à l’origine du texte et de cette création musicale. Il est auteur-compositeur-chanteur-guitariste. Paul-Antoine de Rocca Serra, qui a intégré le Jakez Orkestra il y a deux ans, est violoncelliste. Laurent Gueirard s’occupe de la batterie et des effets spéciaux sonores. Yann Le Borgne alterne chant-guitare-saxo mais il est également bédéaste et scénographe. Christian Humbert-Droz, fondateur des éditions « Drozophile », est en charge de la sérigraphie et de la scénographie. Yann et Christian animent tous les deux des ateliers lors du festival « BD à Bastia ». Quant à moi je joue du violon, je fais les arrangements et l’orchestration.


En quoi « Cosmolitude 2021 » se différencie-t-il des autres spectacles ?
Avec « Cosmolitude » ce qui bouge ce sont les images qui vont être projetées en grand format. La BD de Yann Le Borgne c’est la lecture de l’histoire et la base de la scénographie. Si les concerts dessinés existent depuis assez longtemps ce n’est pas le cas des spectacles sérigraphiés. C’est là un pari. Une prise de risque. « Cosmolitude » est programmé en clôture de « BD à Bastia ». Afin d’affiner le plus possible le spectacle nous allons avoir une résidence début mars à Cargèse avec Christian Humbert-Droz et une autre in situ juste avant le festival. Pour la suite nous prévoyons d’adapter ce spectacle à de petites jauges de salles et de plein air.



Dans la présentation de « Cosmolitude 2021 » vous parlez d’arche de Noë musicale. Pourquoi ?
On fait avec un violon, un violoncelle, une guitare, un saxo, une batterie, un cor des Alpes, ce n’est pas beaucoup pour un space opera. On n’a pas de basse, non plus, qui est l’instrument constitutif dans un style de musique qui va vers la pop. On fait donc avec ce qu’on a sous la main tout en ne s’interdisant rien !


Votre agenda du premier trimestre ?
A
la mi-janvier nous enregistrons notre album. Puis nous avons deux résidences avec le sérigraphe-scénographe. Dans notre parcours on a été encouragés par Juana Macari d’Una Volta, par le Rézo, par la ville de Bastia, par la CDC. Ces soutiens nous font chaud au cœur.


Durant cette année 2020 le public vous a-t-il manqué ?

Je ne pensais pas être en manque de scène à ce point. Cet été, j’ai eu l’impression de ne pas vivre une période estivale. Depuis mars 2020 je n’ai pu donner que cinq concerts au lieu de quarante… ça pèse ! Durant le premier confinement on a travaillé uniquement à distance par vidéo-conférences. Mais le lien établi par le net reste très virtuel. Rien ne remplace le contact direct. Maintenant je suis presque allergique à la vidéo car je me suis aperçue que pour moi c’était délétère. Pendant le deuxième confinement on a pu se retrouver ensemble en résidence d’artistes, c’était tellement mieux…


Pour quelles raisons ressentez-vous le besoin du public ?

Jouer par l’intermédiaire d’un écran pour des spectateurs c’est comme partager un repas virtuel avec des amis. Les apéros internet très peu pour moi ! Il y a aussi la question du son qui n’est pas pareil avec le net. Ce qui est incomparable avec le public c’est le partage de l’émotion parce qu’il est invité à participer avec les musiciens, les danseurs, les acteurs.


Pourquoi un artiste éprouve-t-il autant l’envie de monter sur scène ?

A chacun se réponse… Il n’y en a pas qu’une seule… Quand on travaille sur une matière sensible comme le théâtre on se situe dans une démarche profondément humaine. On évolue dans une notion de performance qui laisse place au hasard. Comme u funambule on est en situation d’inconfort et ça devient magique ! Monter sur scène n’a alors rien à voir avec la « com ‘ » ou la re-présentation parce qu’on créée un monde.



Redoutez-vous les conséquences de la pandémie sur les artistes ?

Je suis inquiète… Nombreux sont ceux qui ne se remettront pas de 2020 ou pour qui la précarité va encore s’accentuer. Les lieux institutionnels resteront assez solides. Par contre, je suis très préoccupée par le sort qui attend le milieu associatif dans le rural. Il y a là tant de découragement ! C’est grave. Tous les investissements humains engagés à l’intérieur depuis plus de quarante ans risquent d’être remis en cause !

Propos recueillis par M.A-P

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