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Vaccins : mieux communiquer pour instaurer la confiance

Faire dire les choses directement par une connaissance est sans doute bien plus efficace que les campagnes de communication commandées par les autorités sanitaires.
Vaccins : mieux communiquer pour instaurer la confiance

Faire dire les choses directement par une connaissance est sans doute bien plus efficace que les campagnes de communication commandées par les autorités sanitaires.

Je suis aussi irritée par le totalitarisme de certains pro-vaccins que par les propos des « antivax ». Bien qu’il ait semblé vouloir relativiser la portée de ses mots en ajoutant : « Je sais que je vais énerver des gens. Mais j'espère bien, c'est le but », j’ai été choquée par la prise de position de l’acteur François Berléand qui, sur un plateau TV people, a récemment lancé : « Pour moi, les gens qui ne croient pas en la science sont des crétins (…)
Ce qu’il faudrait, c’est que ceux qui le chopent (la Covid-19) de manière grave et qui ont dit “Je ne veux pas faire le vaccin”, eh bien ils se soignent chez eux, tous seuls... »
A mon sens, hormis s’il s’inscrit délibérément dans une démarche militante de complotisme ou de populisme, aucun individu refusant à ce jour la vaccination anti-Covid ne mérite d’être ainsi invectivé.
En effet, l’inquiétude et la peur face à l’inconnu sont inhérentes à l’être humain quel que soit son sexe, ses origines, son niveau d’instruction ou sa place dans la société. Or les différents vaccins anti-Covid étant très récents et de ce fait des effets secondaires non encore identifiés pouvant se manifester, j’estime que celles ou ceux qui, de bonne foi, craignent ou refusent la vaccination doivent être respectés.
D’autant que la crainte et la réticences découlent souvent d’une manque de lisibilité ou de pédagogie dans la communication de l’Etat ou d’autres autorités sanitaires.

Une vieille méfiance

Tout ceci me conduit à adhérer à ce qu’a écrit Kristell Guével-Delarue, une praticienne étant l’auteure de « L’Hésitation vaccinale. Les mots pour expliquer » (juin 2020, Presses de l’École des Hautes Études en Santé Publique). Cette dernière met d’abord en exergue que la méfiance à l’encontre du vaccin est indissociable de l’histoire de cette thérapie.
En effet, après l’invention du vaccin au XIXe siècle, il a été difficile de faire admettre à la population qu’il était salutaire d’inoculer un microbe sous forme atténuée à une personne en bonne santé afin de la préserver de la maladie. Kristell Guével-Delarue mentionne aussi que les scandales sanitaires (sang contaminé, Médiator...) ont favorisé la défiance à l’encontre de l’industrie pharmaceutique et des politiques de santé publique.
Kristell Guével-Delarue pointe par ailleurs du doigt des affirmations telles que celles ayant entaché la vaccination contre l’hépatite B, expliquant que si ce vaccin a été accusé de provoquer des cas de sclérose en plaques, aucune étude n’a démontré l’existence d’un lien de cause à effet.
Enfin, évoquant les accusations prêtant aux sels d’aluminium présents dans les vaccins de déclencher des cas de myofasciite à macrophages (lésions musculaires infiltrées par des macrophages), Kristell Guével-Delarue précise qu’aucune étude ne l’a pour l’heure prouvé

Jouer la pédagogie et transparence

Tout cela conduit Kristell Guével-Delarue à s’opposer à toute stigmatisation des publics craintifs ou honnêtement hostiles à la vaccination, et à plaider pour une meilleure communication et une formation des professionnels de santé afin d’instaurer la confiance.

En conséquence, elle préconise la pédagogie et l’appel à l’intelligence afin de créer les conditions d’une prise de décision individuelle fondée sur une évaluation lucide du bénéfice et du risque. Elle se prononce aussi pour une communication de proximité assurée par des professionnels de santé de terrain car faire dire les choses directement par une connaissance lui semble être bien plus efficace que les campagnes de communication commandées par les autorités sanitaires.
Enfin, elle recommande d’en finir avec les messages péremptoires du genre : « On sait ce qui est bon pour vous, croyez-nous sur parole » et suggère de les remplacer par des invitations à la réflexion telles que : « Une personne âgée prend-t-elle plus de risque à déclarer une forme sévère de la Covid qu’à se faire injecter un vaccin pour lequel aucun effet indésirable grave n’a à ce jour été remonté ? »
Et d’ajouter : « Le vaccin, c’est comme la ceinture de sécurité : oui, il y a un risque que vous restiez coincé par la ceinture en cas d’accident. Mais, statistiquement, il y a bien plus de chances qu’elle vous sauve la vie. »



Alexandra Sereni
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