• Le doyen de la presse Européenne

Avec la pandémie, obéissance, soumission et compromission

La pandémie n’affecte pas que la faiblesse des corps. Elle s’en prend aussi à celle des esprits. Et contre cette atteinte, le vaccin reste à trouver.
Avec la pandémie, obéissance, soumission et compromission

La pandémie n’affecte pas que la faiblesse des corps. Elle s’en prend aussi à celle des esprits. Et contre cette atteinte, le vaccin reste à trouver.


La décision de ne pas reconfiner annoncée par le Premier ministre le 28 janvier dernier, représentait un bol d’air frais. Mais la bouffée oxygénante a vite été chassée par un souffle d’air vicié.
Jean Castex a développé son propos en s’adressant à vous et moi comme si nous étions des enfants n’ayant pas totalement assimilé les règles de vie en société et les notions de responsabilité. Il nous a fermement enjoint de « tout faire pour éviter un nouveau confinement ». Il nous a prévenu que ne pas se plier individuellement à cette injonction de façon satisfaisante serait de moins en moins toléré et toujours davantage sanctionné par des amendes, et que si notre comportement collectif n’était pas jugé favorablement par le Conseil scientifique, nous serions passibles de la punition suprême : l’assignation à domicile dans le cadre d’un nouveau confinement.
C’est clair, le pouvoir politique s’appuyant sur une instance de sachants dont la composition, le fonctionnement et les avis ne sont contrôlés ni par le Parlement, ni par les citoyens, s’arroge un pouvoir quasi illimité sur le cours de nos vies. Il décide de la durée des créneaux horaires durant lesquels nous pouvons sortir de chez nous. Il limite notre droit de voyager. Il nous impose des gestes. Il nous contraint à porter un masque. Il ne réduit à rien ou pas grand-chose nos relations sociales. Il limite ou interdit nos possibilités d’accomplir des tâches, de produire ou de commercer.
Tout cela est à la fois pernicieux et dangereux.
En effet, progressivement, vous et moi acceptons et finissons par juger presque normaux des contextes de contrôle quasi permanent de nos faits et gestes, des réductions de nos libertés individuelles et collectives.

Nous acceptons de nous plier à tout …

Ces limitations de nos libertés et les pratiques visant à ce que toutes et tous s’y plient, sont a priori légaux.
Mais sont-ils légitimes ? Respectent-ils l’esprit et les grands principes d’une société réellement démocratique ? N’ouvrent-il pas la porte à des dérives inspirées par des gouvernants ayant la tentation de renforcer leur pouvoir en usant d’agissements liberticides ?
Je considère que nous ne sommes pas loin de franchir la ligne jaune qui sépare le légitime de l’illégitime. Quand des mesures coercitives ou privatives de liberté sont imposées sans de véritables débats de société ou sans que le Parlement ait vraiment eu la possibilité d’avoir son mot à dire, je doute de leur légitimité et ne puis m’empêcher de penser que l’on passe de l’exercice de l’autorité à l’autoritarisme.
Ce qui me conduit à m’inquiéter de la facilité avec laquelle, depuis un an, cette glissade est acceptée. Incroyable mais vrai, le degré d’obéissance, de soumission et de compromission à l'autoritarisme atteint des sommets. Certains acceptent de se plier à tout et même, d’un jour à l’autre, de faire leur le tout et son contraire. De vrais toutous ! D'autres font du zèle. Dans la vie de la cité et sur les réseaux sociaux, ils se prennent au jeu de se faire moralistes, imprécateurs ou indics.

La pandémie n’affecte pas que la faiblesse des corps. Elle s’en prend aussi à celle des esprits. Et contre cette atteinte, le vaccin reste à trouver.


Alexandra Sereni
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