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Pollution : agir vite pour ne pas périr

Tandis que l'organisation mondiale de la sante OMS continue de chiffrer à 4,2 millions les décés imputables à la pollution de l'air extérieur........
Pollution : agir vite pour ne pas périr

Tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) continue chiffrer à 4,2 millions les décès imputables à la pollution de l’air extérieur (base année 2016), les chercheurs de Harvard sont parvenus à un total de 8,7 millions de morts prématurées (base année 2018) soit un décès sur cinq dans le monde.
La Chine paie son impressionnante croissance de 2,4 millions de victimes.
En Europe, ce sont 800 000 personnes qui meurent annuellement et prématurément à cause de la population. En France, 100 000 décès seraient imputables aux particules fines issues de la combustion des énergies fossiles selon une étude de Harvard.

Une hécatombe au niveau mondial


En Europe, c’est le pays le plus densément peuplé, l’Allemagne, qui arrive en tête avec 124 000 décès prématurés par an soit 154 décès pour 100 000 habitants, ce qui correspond à une perte d’espérance de vie de 2,4 années. Avec 105 morts pour 100 000 habitants (1,6 année d’espérance de vie perdue), la France se situe au niveau du Royaume-Uni (98 décès et 1,5 année d’espérance de vie perdue).
Selon les chercheurs, la surmortalité attribuée à la pollution de l’air en Europe — 133 morts pour 100 000 habitants — est supérieure à la moyenne mondiale qui est de 120 pour 100 000 habitants.
En d’autres termes, la pollution tue chaque année quatre fois plus que la Covid à ce jour.

Les causes des décès prématurés


Jusqu’à la récente étude, on pensait que la pollution tuait essentiellement en causant des cancers du poumon. Or les scientifiques estiment qu’entre 40 % et 80 % de ces décès sont dus à des infarctus et à des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Les particules fines ne s’arrêtent pas aux voies respiratoires, mais pénètrent profondément dans l’organisme par le système sanguin jusqu’au cœur et au cerveau. Or l’Europe tolère une limite annuelle d’exposition de 25 µ g/m3 tandis que les États-Unis tentent de suivre les prescriptions de l’OMS qui recommande de ne pas dépasser 10 µ g/m3 ce que l’Australie a réussi à atteindre avec seulement 7 µ g/m3. Les scientifiques estiment l’exposition durable aux particules fines inférieures à 205 microns (PM2, 5) augmente de 13 % les risques de développer des pathologies coronariennes par palier de 5 microgrammes (µg)/m3. Idéalement, le niveau d’exposition aux PM2, 5 ne devrait pas dépasser 2 à 3 µ g/m3.

Un projet de loi sur le climat qui piétine


Le projet de loi voulu par le président Macron afin de ralentir le réchauffement de la planète apparaît aujourd’hui comme un véhicule poussif. Il était déjà beaucoup moins ambitieux que les propositions de la Convention citoyenne. Mais les lobbys sont entrés en jeu et ont cassé la dynamique. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) rappelle que pour atteindre l’objectif de réduction de 40 % des émissions en 2030, il faudrait « tripler le rythme annuel de réduction ». « C’est un bouleversement profond qui est visé dès maintenant, et non un ajustement à la marge ».
Sur plusieurs chapitres du texte gouvernemental, notamment l’alimentation collective, le logement, les déchets ou les véhicules polluants, les mesures ne sont souvent que « des ajustements de dispositions existantes », précise le CESE. Or, en restant sous la barre des 2 degrés de réchauffement climatique de l’accord de Paris, les taux de mortalité liés à la pollution de l’air en Europe jusqu’à 55 % seraient réduits de 55 % soit la sauvegarde de 4 millions de vies par an.

D’autres particules mortelles


Malheureusement les PM2, 5 ne sont pas les seules tueuses. D’autres familles de particules fines présentes dans les villes sont aussi dangereuses : les particules « oxydantes », plus néfastes pour la santé qui émanent des suies liées à la combustion du bois et des particules métalliques produites par le freinage des véhicules. Elles sont particulièrement nocives pour la santé et ont un caractère inflammatoire sur des lignées de cellules pulmonaires. Elles sont particulièrement présentes dans les grandes agglomérations et sur les sites industriels.
À ce jour, seule la Chine marque des points avec une réduction
de 43,7 % des émissions de PM2, 5 issues des combustibles fossiles de 2012 à 2018. Mais c’est au prix d’une diminution des libertés.
D’immenses efforts sont à accomplir, car l’atmosphère ne connaît pas de frontières. Sans volontarisme, c’est l’humanité tout entière qui risque de connaître un sérieux déclin.

GXC
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